Installés pour un mois à Catane, la grande ville du sud-est de la Sicile, nous rayonnons. De joie, car nous aurions adoré vivre en Italie dans une autre vie, mais nous rayonnons aussi autour de Catane pour explorer les villes, villages et volcans des environs. Aujourd’hui nous allons vous parler des trois « Aci » situés en bord de mer au nord de Catane : Aci Castello, Aci Trezza et Acireale.
Pourquoi ces trois villes commencent-elles par Aci ? C’est une longue histoire, mais elle est 100% véridique, d’ailleurs tout se recoupe.
À suivre…
Aci Castello et son château normand
Notre première découverte est une petite ville bien agréable, appelée Aci Castello. Elle se situe à une trentaine de minutes de bus de Catane. En ce week-end ensoleillé, les familles italiennes sont nombreuses à venir profiter des ruelles et du bord de mer.
Avec un nom comme Aci Castello, nous ne sommes guère étonnés de tomber rapidement sur un château. Nous ne nous attendions pas, en revanche, à sa forme biscornue :
« La roche est noire, noire comme le château où flotte l’étendard notre drapeau. Viens, bascule de notre côté normand. » (IAM)
Nous grimpons sur le château, qui offre une jolie vue sur le village et recèle un petit jardin de cactus. Hélas, les explications historiques sont légères. Elles ne relatent pas, par exemple, que ce château dit « normand » existait bien avant l’arrivée des grands blonds et de leurs casques à cornes.
Mais retournons voir du côté de nos demi-dieux grecs…
À suivre…
Aci Trezza et ses faraglioni
Du haut du château, une bande de rochers attise notre curiosité.
Nous en prenons la direction en longeant la mer devant une ribambelle de petits immeubles balnéaires plus ou moins entretenus. Cela fait partie du charme de la Sicile !
Les plages de sable sont rarissimes dans ce coin, le volcan ayant préféré y déposer des brouettes entières de cailloux. Cela n’empêche pas les Italiens de rappliquer en nombre chaque été, rusant tant et plus pour bronzer en équilibre sur les rochers. Cela aussi, fait partie du charme de la Sicile !
La route est soudain barrée par un complexe privé. Il faut chercher un escalier piéton pour le contourner (cela encore, c’est la Sicile !). Nous arrivons alors dans Aci Trezza, un village coloré autrefois peuplé de pêcheurs, désormais peuplé de baristas. En effet, une dizaine de cafés se répartissent le long du sympathique petit port.
Mais ce qui attire l’œil et le reste du corps, c’est le troupeau de faraglioni qui broutent des algues juste en face, sortes de rochers difformes qui surgissent de l’eau à quelques dizaines de mètres du quai.
Nous vous retrouvons après une courte page mythologicitaire :
À suivre…
Si Polyphème parvint à viser Acis sans problème, il se montra beaucoup moins adroit lors de la visite d’Ulysse. Les rochers qu’il lança vers le bateau du marin firent plouf sans réussir à le toucher. Bon, pour sa défense, Ulysse venait de lui percer l’œil. Et ce sont ces rochers qui trônent depuis face à Aci Trezza.
Certains farfelus racontent que les faraglioni seraient d’anciens cœurs de volcans dont la croute extérieure aurait été grignotée par la mer. N’importe quoi… Ils ajoutent que la Sicile était autrefois peuplée d’éléphants nains, dont les ossements auraient pu faire penser à des géants à un œil. Des éléphants nains… quelle imagination !
S’il vous manque des preuves, l’un des faraglioni est décoré de formes géométriques similaires à celles de la Chaussée des Géants en Irlande. Il n’y a pas de coïncidence.
Nous savourons pour finir une granita en terrasse, sous le doux soleil d’hiver. Cette glace, considérée comme « la mère de toutes les glaces », aurait été inventée ici-même par un cuisinier sicilien à partir de neige récoltée sur l’Etna.
Venir à Aci Castello et Aci Trezza depuis Catane
Il existe deux options :
- Le bus de la compagnie AST, qui est un bus longue distance et qui fonce, puisqu’il fait peu d’arrêts. Comptez 30 minutes de trajet, un départ toutes les 1h30 environ et 3€ l’aller-retour. Il se prend devant la gare de Catane et les billets s’achètent chez Café Nafè en face.
- Le bus de ville 534, plus lent (52 minutes) mais plus fréquent. Il passe aussi plus proche du centre-ville de Catane, pas besoin de marcher jusqu’à la gare. Les billets s’achètent dans n’importe quel tabac reconnaissable à la lettre T.
Dans les deux cas, les horaires sont disponibles en ligne… mais ne sont pas très fiables. Ceux affichés sur les arrêts le sont un peu plus… ou pas !
L’histoire de nos deux amants n’est pas terminée :
À suivre…
Acireale, la ville royale
La rivière a longtemps jailli sous son gros rocher, jusqu’à ce qu’une coulée de lave la fasse passer sous terre. Toutefois, près d’Acireale, une source a la particularité de rougir la pierre qu’elle éclabousse. Serait-ce le sang d’Acis ?
Par un autre beau jour de décembre, nous atteignons Acireale, dernier de nos trois « Aci ». Même s’il s’agit du plus peuplé, nous le trouvons un peu tristoune dans le froid de l’hiver, avec peu de monde dans ses rues. Nous vous glissons tout de même l’idée, car ses soirées estivales sont réputées beaucoup plus animées.
Visiter Acireale ne nécessite pas de grandes compétences en exploration, puisque sa rue principale concentre les plus beaux monuments baroques. À commencer par le Duomo :
L’intérieur vaut le coup d’œil pour son plafond digne de la chapelle Cinqtine (c’est-à-dire la chapelle Sixtine en un peu moins bien). Par ailleurs, son sol est gravé d’une méridienne qui, associée à un trou dans la voûte, permettait de mesurer les mouvements du soleil. Singulier mélange de religion, science et astrologie !
Nous payons 2€50 pour accéder au clocher et à sa belle vue sur la ville, la mer et le tout proche volcan.
Après toutes ces beautés, nos yeux ont encore un peu de force pour s’éblouir des peintures du plafond de la basilique Saint-Sébastien toute proche, qui valent bien une chapelle Cinq-et-demi-tine.
N’allez pas croire que l’ensemble de la ville est blanc comme les façades baroques de la rue principale. Les maisons des ruelles secondaires sont nombreuses à arborer la pierre noire volcanique. Autre surprise, la ville d’Acireale surplombe la mer mais vit centrée sur elle-même, avec très peu de points de vue. Nous finissons par trouver notre bonheur au bien nommé jardin de la villa Belvedere. Ouf !
Au fait, voulez-vous des nouvelles d’Acis et Galatée ?
Fin.
Notre avis sur Aci Castello, Aci Trezza et Acireale
Ce ne sont pas les lieux les plus incontournables de Sicile, vous l’aurez compris, mais il s’agit d’une bonne idée pour flâner dans des villes un peu moins connues. Notre étape préférée : les rochers d’Aci Trezza. En hiver, avec les journées raccourcies, visiter les trois Aci d’affilée nous a paru un peu difficile, mais c’est tout à fait envisageable à la belle saison ou si vous disposez d’une voiture.
Conseils pratiques pour visiter Acireale
Venir à Acireale depuis Catane
La ligne de bus AST qui dessert Acireale est la même qu’évoquée pour Aci Castello et Aci Trezza (départ toutes les 1h30 environ depuis la gare de Catane). Seuls le tarif et la durée changent : 2€70 l’aller simple, 50 minutes de trajet. Le bus 534, quant à lui, ne dessert pas Acireale.
Déjeuner à Acireale
Nous vous conseillons Riso Paradiso, un glacier qui cuisine aussi de bons snacks salés.