(Si vous parvenez à lire ce texte, nous vous invitons à lire l’article directement sur le blog, celui-ci est un peu spécial 😉)En Tunisie, les transports en commun inter-villes sont assurés par un réseau de taxis collectifs particulièrement bien huilé. Le fait que le pays soit l’un des plus grands producteurs d’olive y est certainement pour quelque chose. C’est donc à bord d’un « louage » que nous parcourons les soixante-dix kilomètres qui nous séparent de Bizerte, notre dernière destination tunisienne.
Bizarrement, Bizerte n’est pas une ville qui attire les touristes. En trois jours sur place, nous n’y avons croisé (et re-croisé et re-re-croisé) qu’une famille de Français. La cité n’est pourtant pas inintéressante. Prenez par exemple le quartier où nous posons nos valises : la Kasbah. Il s’agit d’une ancienne partie de Bizerte, peut-être même la plus ancienne, retranchée derrière une énorme muraille.
Une seule petite porte permet de pénétrer dans la Kasbah. Ce n’est peut-être pas judicieux en cas d’incendie, mais cela ajoute indéniablement son grain de charme. Quant à l’intérieur, il s’entortille en un labyrinthe de maisons blanches et bleues, peuplé de dizaines de félins minaudant sur notre passage.
La Kasbah côtoie un vieux port tout aussi ravissant qu’elle, entouré de petits bateaux, de maisonnettes et de terrasses de cafés. Ces dernières sont vides pendant les journées de Ramadan, en revanche elles débordent de monde en soirée.
En nous penchant au-dessus de l’eau, nous réalisons que le port abrite aussi de très étranges bébêtes noires, difformes et visqueuses, nageant en se tortillant. Nous finissons par identifier des limaces de mer.
Nous tombons d’accord sur le fait que le port de Bizerte nous rappelle les îles italiennes. C’est le moment que choisit un passant pour nous expliquer que la rive que nous admirons, en face de la Kasbah, était autrefois le quartier des pêcheurs italiens, rivalisant avec le clan des pêcheurs arabes de l’autre côté.
Mignon, n’est-ce pas ? Mais il y a un hic. Un hic qui exaspère les Bizertins. Un hic gros comme… un immeuble de neuf étages :
Ce monstre a choisi de surgir de terre au pire endroit possible, à la sortie du vieux port. Si encore le chantier évoluait et cachait ses entrailles, sauf qu’il n’a pas bougé d’un parpaing en neuf ans, date de la Révolution du Jasmin ! Et, non content de gâcher la vue, le projet de résidence de standing et de centre commercial est assorti d’un port de plaisance qui gêne la circulation de l’eau dans l’ancien port. Autrement dit, le quartier historique sent maintenant les égouts.
Le soir, nous repérons un restaurant à la fois bon et qui ne soit pas archi complet à la rupture du jeûne. Il s’agit d’El Ksiba, alignant ses tables le long de l’eau. L’occasion pour nous d’enfin découvrir un véritable dîner de Ramadan : du lait caillé pour commencer, assorti de dattes fourrées au beurre caloriques à souhait. Puis vient un faste repas avec l’habituel brick à l’œuf et un bon couscous épicé juste ce qu’il faut. Juste ce qu’il faut pour cracher des flemmes entre deux bouchées !
Ce que nous préférons à Bizerte, à part ses couchers de soleil ? Son marché, assurément. En centre-ville, trois grandes halles en enfilade vendent des légumes, de la viande et du poisson. Cette dernière est la plus vaste, à la hauteur de la réputation des pêcheurs bizertins, avec des poissons de toutes les tailles et de toutes les formes. Et puisque les bâtiments sont encore trop petits, les étals se prolongent dans les rues alentour.
Nous y passons chaque jour pour constituer notre repas du midi et… discuter, car les marchands ont la langue bien pendue. Ils ne sont pas arnaqueurs pour un sou. Quelle différence avec la Sicile, où l’on essayait systématiquement de nous refourguer les fruits les plus abîmés ! Ici les vendeurs choisissent minutieusement les meilleurs et ne sont pas à un cadeau près.
Depuis le début de notre voyage en Tunisie, nous remarquons que les habitants nous abordent facilement, et presque toujours pour initier des conversations sérieuses. Ils aiment nous parler de leur pays, même si tout n’est pas rose.
– « C’est la merde ici » nous interpelle un jeune passant.
– « C’est la merde quoi ? Le marché ? Bizerte ? »
– « Non, c’est la merde en Tunisie ».
C’est la troisième fois qu’un Tunisien nous aborde avec cette phrase, ici ou à Tunis. Les jeunes rêvent de s’échapper, les visas manquent, les mots nous manquent aussi.
Nous tentons un tour sur la plage qui s’avère décevante en basse saison. Nous lui préférons la promenade plantée du côté du port moderne. Un signe ne trompe pas : les pêcheurs à la ligne, qui choisissent toujours les plus beaux coins pour s’installer, y sont en nombre. Nous en repérons même un qui taquine le goujon depuis le siège de sa voiture, la canne par la fenêtre. Certainement une technique ancestrale.
Et pour finir ce tour guidé de Bizerte, nous ne résistons pas à vous présenter nos deux enseignes préférées, l’une d’un magasin de téléphonie, l’autre d’une boutique de fringues :
Notre avis sur Bizerte
Le quartier du vieux port est adorable, mais le reste de la ville présente moins d’intérêt et nous nous sommes rapidement retrouvés à tourner en rond en ayant prévu trois jours sur place. Une façon, finalement, de découvrir une version tranquille de la Tunisie, loin des attractions touristiques.
Nous ne voulions pas dépenser pour une nouvelle location automobile, mais si vous êtes motorisés et tenez à voir du pays, vous aurez la possibilité, dans les environs de Bizerte, de découvrir le Cap Serrat, randonner sur l’Ichkeul ou encore admirer des poteries traditionnelles et des cigognes à Sejnane.
Quant à la suite de nos aventures, une longue nuit de ferry nous attend pour repasser en Sicile et découvrir les magnifiques îles Éoliennes !
Conseils pratiques pour visiter Bizerte
Prendre un louage de Tunis à Bizerte
La gare de louages vers Bizerte se situe au niveau de Bab Saadoun. Les départs semblent fréquents puisqu’en moins de cinq minutes notre fourgonnette 8 places est complète et nous décollons. Durée 1h10, tarif 5,100 dinars.
Un lecteur nous a aussi parlé des « bus confort » de la société SRTB qui partent de Bab Saadoun à des horaires fixes et coûtent 4,350 dinards.
Dormir à Bizerte
Les options sont relativement peu nombreuses, surtout dans le vieux centre. Nous avons dormi au Dar Warda (~36€ petit déjeuner compris)i, mais nous regrettons notre choix. La chambre était très basique et la propreté douteuse, nous espérions mieux à ce tarif.
Restaurants à Bizerte
Comme notre séjour se déroulait pendant Ramadan, nous avons eu du mal à nous restaurer, y compris le soir. Nous nous en sommes sortis grâce au restaurant El Ksiba (abordé dans l’article), qui installe quelques tables au bord du vieux port. La gérante est sympa, le cadre est idéal, la nourriture est correcte… mais améliorable.
Nous nous sommes aussi vu recommander le petit restaurant Jendoubi, pour un repas bon marché, mais il était trop rapidement complet les soirs de Ramadan.
Sécurité
Attention, il semblerait qu’il y ait plus de petite délinquance à Bizerte qu’ailleurs en Tunisie. Les habitants nous ont déconseillé de nous aventurer trop loin dans la médina, c’est-à-dire ce quartier-ci, et l’un des Français rencontrés a failli se faire arracher son sac en se promenant du côté de la plage. Nous sommes restés sur nos gardes et il ne nous est rien arrivé.
Chouette idée la version tout illustré !
Ça donnerait presque envie de faire des carnets de voyage à l’aquarelle en direct pendant qu’on est sur place !
Super ce format !
On en veut d’autres maintenant 😊
Sinon qu’est ce que c’est moche ces projets immobiliers qui dénaturent le paysage… Ceci dit vous nous donnez quand même envie de découvrir Bizerte malgré ses odeurs Bizertes… 🙊
Merci !
Oui, pauvres Bizertins… Aux dernières nouvelles il est encore question de terminer le chantier. On aurait préféré qu’ils décident d’abandonner et tout raser !
Bye bye 🙂
Ah oui trop bien la version dessinée ! 🙂
Merci ! Et toi tu as repris les cours de dessin cette année ?
Oui, j’ai fait deux tableaux d’art abstrait ! Eh ben c’est bien plus difficile qu’il n’y parait !
C’est ce qu’on dit ! Surtout pour choisir dans quel sens accrocher le tableau au mur 😄
Ah on ne peut pas faire de troll ici ! Pas plus de deux réponses possibles dans un fil de discussion !
Vous ne croyez pas si bien dire car la signature se retrouve en haut à gauche maintenant qu’on a décidé de le retourner !!
Belle histoire 🤣
Trop sympa, votre présentation ! Et votre humour fait mouche comme d’habitude 🙂
Merci c’est trop sympa ! On pensait qu’on n’aurait pas grand chose à dire dans cet article, mais finalement dessiner nous a forcés à repenser aux petits détails qui rendent la lecture amusante !
Désolé,bizerte est plus que cela. Des beaux hôtels des beaux paysages aux alentours et pas seulement le vieux port. Seulement vous êtes arrivé au mois de ramadan où tout est calme .Mais votre manière de proposer votre voyage par des dessins est excellent.
Oui, nous imaginons qu’avec une voiture et à une autre période, notre expérience de Bizerte aurait été bien différente. Mais nous étions heureux de cette étape, c’est celle qui nous a le plus rapprochés des Tunisiens !
Merci pour ton commentaire 🙂
Le format attire les lecteurs ! Mais Bizerte n’est pas lié que pour le vieux port. Bizerte c’est le point le plus haut de l’Afrique…Normalement celui qui à fait se reportage doit mentionné une photo des Grottes et du Corniche… Le meilleur transport public c’est le bus confort qui ne coûte que 4d350 entre Bizerte – Tunis via Bab Saadoun ou l’Aéroport de Tunis Carthage.
Bon courage à vous !!!
Bonsoir Abdelkader,
Merci pour ton message et pour les informations, nous allons ajouter ton conseil pour le bus !
Bonjour les collègues ,
De rien , au plaisir encore !
La prochaine fois , il faut que vous réalisez un autre format pour « Bizerte in Winter » , là vous allez systématiquement parler du « Kaskrout Lablebi » et de la côte Bizertine avec son paysages rocher digne de toute une beauté des vagues !
Excellent début de lundi …!!! Bonne journée 🙂
Bonjour.. merci pour votre présentation. Ils y ont beaucoup d’autres choses à dire pour bizerte… et surtout on » KSIBA » et non pas » kasbah » …. et merci
Coucou Amal, effectivement il y aurait beaucoup à dire sur cette ville que nous avons juste survolée !
Ksiba n’est pas le nom du quartier en face de la Kasbah ?
Bonjour
Non, on n’a pas du » kasbah » à bizerte… il y a « kssiba » et en face ca s’appelle medina où il y a le « sour »
D’accord, merci pour l’info !
Bonjour,
Je viens de découvrir votre page web sur Bizerte, je suis de là bas. Je vois que vous êtes restés dans le centre ville pourtant Bizerte c’est aussi la corniche et toute la côte et particulièrement le célèbre Cap Blanc ah un coucher de soleil là bas une splendeur !!! Vous avez aussi pas mal de maisons d’hôtes donnant sur le grand large et un hôtel restaurant un peu cher mais vraiment de qualité Le Petit Mousse établissement historique depuis 70 ans ! et merci de mentionner la ville de Sejnane dont les potières font un travail de création extraordinaire !!! ^^ En tout cas en ces temps de confinement quel plaisir d’avoir découvert votre page et je pense aussi à la Tunisie au peuple pour que tout aille mieux bientôt in’challah !!!
Merci pour ton message-témoignage. Si on retourne à Bizerte, promis on prend une voiture et on visite tous les environs !
On pense aussi très fort aux Tunisiens. La situation économique était déjà difficile avant la crise, on espère que le pays relèvera rapidement la tête une fois le confinement terminé.
Je ne suis pas Bizertin mais je connais bien et j’aime beaucoup cette ville. J’ai beaucoup aimé votre reportage. Aussi sympathique qu’intéressant, objectif et honnête. Je ne recherche pas le bord de mer comme vous et c’est pour cela que j’aime mieux l’arrière pays : ichkeul, Sejnane Mateur, et les plages sauvages de Ras Enjla et Cap Serrât. Je vous félicite pour l’honnêteté de votre travail.
Bonjour Abdessatar,
Merci pour ton commentaire et tes tuyaux. Le jour où nous revenons en Tunisie, nous avons une longue liste de lieux à visiter !