Certaines villes hantent pendant de longues années nos désirs. Nous rêvions très fort de visiter Bologne, qui a l’avantage d’être située sur le trajet de plusieurs de nos épopées en train/ferry, mais nous avons rencontré quelques obstacles :
- De retour d’Albanie en 2019, nous bifurquons vers Parme, car Bologne est une ville chère, surtout en août.
- En 2021, c’est Gênes qui nous accueille un mois en chemin vers la Sicile, toujours à cause des prix.
- En 2023, en route vers le Monténégro, nous réservons deux jours à Bologne, hélas un déluge d’une rare ampleur s’abat sur la région (une saucée bolognaise ?).
- Pas découragés, nous revenons l’année suivante au retour de la Grèce, et cette fois c’est la bonne !
Alors, est-ce que Bologne valait l’attente ? Oooooooh que oui ! Elle a immédiatement rejoint la liste de nos villes italiennes préférées. Une liste qui s’allonge, s’allonge, et refuse de désemplir.
Bologne en quelques mots
Il est temps d’énoncer, comme tous les guides que vous pourrez lire, la devise populaire qui décrit Bologne : la dotta, la rossa, la grassa. C’est-à-dire :
- la savante, en référence aux vieilles universités et à la marée d’étudiants qu’elles attirent,
- la rouge, pour ses murs colorés et sa couleur politique,
- et la grasse, en hommage à une gastronomie réputée la meilleure d’Italie, même si les autres villes ne sont pas toutes d’accord.

Tout est vrai ! Mais laissez-nous ajouter quelques adjectifs. Bologne est aussi :
- Surprenante, avec de vieilles singularités architecturales. Merci aux anciens.
- Vivante à toute heure. Merci aux jeunes.
- Magnifique, chaque quartier entretenant ses façades, vieilles portes et petites cours cachées. Merci… à toutes les générations du milieu !




Pour couronner le tout, le charme de l’Italie n’oublie pas de battre son plein. Le majestueux côtoie l’usé, la délicatesse flirte avec la pagaille et l’Histoire se faufile entre deux Vespa.

Attendre son bus sous des peintures baroques, quoi de plus banal ?
Naturellement, ces qualités se sont ébruitées et ont fait de Bologne une ville très touristique. Le centre grouille, les monuments doivent être réservés et les bons restaurants sont pris d’assaut. Ne vous attendez pas à être seuls, et pensez à vérifier que les hébergements entrent dans votre budget avant d’organiser votre voyage !
- Tours et détours sous les colonnades
- Le centre, autour de la Piazza Maggiore
- L’Archiginnasio, siège de l’université de Bologne
- Via Drapperie : la rue des gourmets
- La place Santo Stefano
- Le canal de Reno et sa fenêtre méconnue (pas du tout !)
- Le quartier du Pratello pour la soirée
- San Luca, la basilique perchée
- Notre avis sur Bologne
- Conseils pratiques pour visiter Bologne
Tours et détours sous les colonnades
Qu’ont les cinq prochaines photos en commun ?





Les arcades, bien sûr ! Appelées portici, elles sont partout, partout, partout dans le centre de Bologne, soixante-deux kilomètres au total. À croire que la ville vit sur pilotis.
Officiellement, cette forêt aurait poussé au Moyen Âge en réponse à la surpopulation, afin de gratter de l’espace sur les rues. Mais nous avons une autre théorie : la peur de se prendre une tour croulante sur le crâne.
Car, tenez-vous bien, l’autre délire médiéval bolognais ressemblait à cela :

(Mise en image d’Angelo Finelli, premier historien à avoir recensé les tours, vers 1917.)
Plus d’une centaine de tours, mesurant jusqu’à un hectomètre de haut, ont été érigées au XIIe siècle, sans que l’on ne sache trop pourquoi.

Bologne, la Manhattan du Moyen Âge
La calvitie des siècles en a décimé la majorité, mais il reste des rescapées. Les deux plus connues sont Garisenda et Asinelli, actuellement fermées à la visite car la première menace de s’effondrer sur la seconde.



En rebaissant le nez, une autre de nos attractions préférées à Bologne consiste à lire les murs, en particulier dans les quartiers universitaires. Si vous déchiffrez l’italien, visez les alentours de la Pinacothèque pour un florilège de messages drôles ou inspirés, sur fond de résistance à l’extrême droite.




Le centre, autour de la Piazza Maggiore
Le vieux Bologne fortifié est vaste, près de quarante minutes de marche d’un bout à l’autre.

La Porta Saragozza, l’une des douze qui encerclaient la ville d’antan.
Nous allons zoomer dans ce chapitre sur le centre du centre, celui qui trépide autour de la Piazza Maggiore. C’est un lieu de rassemblement majeur pour les foires, manifestations, concerts, mais aussi pour les monuments.

Notre attention se porte immédiatement sur la basilique San Petronio, mais pas pour sa beauté. Les Bolognais un peu têtes en l’air ont oublié de terminer les travaux. L’intérieur s’en sort mieux, mais pensez à vous habiller pour passer son absence de porche, car les vigiles excommunient tout genou ou épaule qui dépasse (tout cela pour admirer… Jésus en slip).



De retour sur la grande place, un autre dompteur de flots ne se soucie même plus du slip : Neptune. Il règne sur une fontaine monumentale, avec un trident que vous retrouverez sur la marque automobile bolognaise Maserati.

L’architecture crénelée en arrière-plan est celle du Palais du Roi Enzo, ou plutôt de sa prison. Capturé sur le champ de bataille à 29 ans, le souverain ennemi est resté enfermé ici jusqu’à sa mort à 52 ans. Lui aussi a dû trouver Bologne… captivante.
Dans le passage entre la prison dorée et son voisin, le Palazzo del Podestà, nous nous inquiétons de la santé mentale des touristes qui parlent aux murs. Avant de comprendre qu’une curiosité acoustique fait ricocher les murmures jusqu’au coin opposé.
De l’autre côté de la Piazza Maggiore, nous reprenons nos chuchotements pour visiter la magnifique Salaborsa, ancienne salle de la bourse transformée en bibliothèque.

Cap ensuite sur le Palazzo Comunale, coiffé d’une tour de l’horloge où il est possible de grimper. La vue y est superbe, tant sur la vieille ville que sur les collines alentour.


Et qu’est-ce qui saute aux yeux ? Les autres tours, bien sûr !



Au loin sur la colline, le sanctuaire Madonna di San Luca dont nous reparlerons
Le billet (10€, réservation conseillée ici) ouvre aussi la porte du musée du Palazzo Comunale, avec ses salles plus élégamment décorées les unes que les autres.

Surtout, nous y apprenons qu’en plus des tours, la ville médiévale était quadrillée par un réseau de canaux sur lesquels on circulait en barque, comme à Venise. Nous naviguons de surprise en surprise.
Et ce n’est pas fini, le reste de l’archi-centre de Bologne concentre un tel patrimoine que nous avons l’impression de ne pas parvenir à l’apprécier à sa juste valeur. Comment admirer un élégant bâtiment s’il est entouré de douze autres aussi beaux ? Mieux vaut vous laisser le suspense de leur découverte.

(Oups, une surprise en moins !)
L’Archiginnasio, siège de l’université de Bologne
Nous passons étudier de près la plus vieille université d’Europe. Son siège, le palais de l’Archiginnasio, est… hmmm… intrigant. Il nous fait l’effet d’un Poudlard à la sauce Renaissance (3€, réservation conseillée ici).
Une armée de portraits de moldus nous observe en silence, assortie de milliers d’écussons du sol au plafond. Les deux clous de la visite sont une vieille bibliothèque pleine de grimoires et le théâtre anatomique, où un macchabée tenait généralement le premier rôle.



Via Drapperie : la rue des gourmets
Passons à un sujet plus réjouissant, celui de Bologne la grassa. Et pour cela, il suffit de viser le quartier le plus bondé de la ville, surnommé Quadrilatero, autour de la rue Drapperie. Entièrement dédié au remplissage de ventres, il croule sous les épiceries, pâtisseries, primeurs, bars et restaurants, dans une ambiance conviviale et bien tassée. Passez-y, ne serait-ce que pour observer les spécialités en vitrines.




Celles d’Émilie-Romagne ne sont pas très végétariennes : mortadelle, jambon de Parme et l’incontournable sauce al ragù, intitulée « à la bolognaise » en français. Nous pouvons nous rattraper sur le vinaigre de Modène, le parmesan, les piadine, les tortelloni et les tagliatelle, bien sûr !





Nous glissons nos adresses gourmandes plus bas, dans les infos pratiques, garanties sans spaghetti bolo.
La place Santo Stefano
Deux coins de rue plus loin, nous aimons beaucoup la piazza Santo Stefano, avec ses rangées d’arcades et de terrasses que le tumulte n’atteint pas.




Le bric-à-brac religieux sur l’un de ses côtés mérite la visite (gratuite). Il regroupe sept églises sous le nom de complexe de Santo Stefano, entrecoupées de jolies cours. Au milieu de l’une d’elles, se trouve la vasque au-dessus de laquelle Pilate aurait sorti son célèbre « Débrouillez-vous, moi je m’en lave les mains ».

De retour sur la place, vous pouvez aussi vous faufiler dans le Corte Isolani, sorte de passage à la mode des traboules lyonnaises, qui déboule dans une autre rue.
Le canal de Reno et sa fenêtre méconnue (pas du tout !)
De tous les canaux médiévaux qui imbibaient Bologne, seuls deux restent visibles. Les autres furent soit remblayés, soit simplement masqués sous les rues. Nous mettons le cap vers le canal de Reno pour tomber sur… une longue file devant une petite fenêtre. Chacun son tour ferme le volet et le rouvre, devant la lentille de son smartphone écarquillée. Fuyons !

Une rue plus loin, se trouve un autre point de vue un poil moins beau, nettement plus serein, mais toujours pas l’endroit qui nous intéresse le plus à Bologne.

Cela dit, les rues alentour sont agréables, avec des teintes plus orangées qu’ailleurs.

Le quartier du Pratello pour la soirée
Nous préférons flâner dans le quartier du Pratello, entre la rue du même nom et la piazza San Francesco. Il n’y a pas grand-chose à y faire en journée, à part retrouver des messages pleins les murs et admirer une belle collection de stores peints, si vous être sensibles à l’art un peu décalé.




C’est à l’approche du soir que le quartier s’éveille, et pour longtemps. Plusieurs bons restaurants ont élu domicile ici, assortis d’une grosse louchée de bars animés où l’italien retrouve ses droits sur l’anglais du centre-ville.



San Luca, la basilique perchée
Pour notre dernière visite à Bologne, nous nous excentrons en grimpant au Sanctuaire della Madonna di San Luca. Grimper est un grand mot, nous trichons avec un bus à l’aller. Au sommet de la verte colline, surgit soudain une silhouette couleur tomate basilique.

Pour la petite histoire, elle abrite un portrait de Marie peint par l’évangéliste Luc lui-même. Selon les spécialistes, le style pictural la rapprocherait plutôt du XIIe siècle, mais personne n’a encore osé vérifier au carbone 14. L’entrée est gratuite, nous zappons la montée au sommet du dôme payante.


L’église, le jardin et les alentours attirent du monde en ce dimanche ensoleillé, que ce soit pour un jogging ou un pique-nique en famille. De notre côté, nous regrettons de ne pas avoir prévu le temps pour une balade dans les parages !

Nous regagnons le centre-ville par le même chemin que la Madone au mois de mai, lors de sa balade annuelle dans les rues de Bologne. Afin de la protéger des intempéries, les Bolognais ont construit ce qu’ils savent le mieux construire : des arcades ! Le portique de San Luca serait ainsi le plus long du monde, avec ses 3,8 kilomètres et ses 666 arches.

Pas le diable à descendre, mais en montée, satan un peu les mollets.

Notre avis sur Bologne
Quelle ville ! Sans répéter la liste d’adjectifs de notre introduction, nous avons adoré profiter de son ambiance chaleureuse et joueuse, nous extasier devant ses couleurs et découvrir son passé complètement toqué. Nous recommandons d’y passer deux, trois jours, voire plus… dans la limite de vos stocks d’euros disponibles.


Conseils pratiques pour visiter Bologne
Arriver et repartir de Bologne
La ville ayant une localisation assez centrale en Italie, elle est très bien desservie en train. D’ailleurs l’immense tableau des départs de la gare est hypnotisant (quant à son horloge elle est restée figée à 10h25, heure de l’attentat qui a traumatisé le pays en 1980).
De notre côté, nous sommes arrivés du sud (Bari) et repartis vers la frontière française via Milan. Comme les compagnies italiennes roulent désormais en France et inversement, nous conseillons de passer par le site Trainline pour les trajets inter-pays.
Se déplacer dans Bologne
Même si le centre est vaste, il s’explore très bien à pied. Il n’existe pas de métro, mais un réseau de bus bien fourni que nous avons emprunté deux fois, pour atteindre notre logement un peu excentré, puis vers le sanctuaire de San Luca. Les tickets s’achètent en bureau de tabac ou se règlent un poil plus cher dans le bus par carte bancaire (une CB/personne).
Atteindre le sanctuaire de San Luca
La solution la plus économique consiste à prendre le bus 20 jusqu’au pied de la colline et enchaîner avec le 53. Mais ce dernier est petit, lent et peu fréquent, comptez plutôt sur vos pattes (280m de dénivelé). Sinon, nous avons vu passer un p’tit train (le San Luca Express) qui propose l’aller-retour à 13€ depuis la Piazza Maggiore.
Où dormir à Bologne
L’idéal est de dormir à l’intérieur de l’enceinte de la vieille ville, identifiable aux grands boulevards qui l’entourent, afin de tout faire à pied. Problème, les hébergements sont très chers, à la hauteur de Rome voire Paris. Pour rétrécir votre note, évitez le week-end et n’hésitez pas à vous excentrer en veillant à rester sur une ligne de bus. En cherchant bien, il est aussi possible de trouver sur Bookingi des logements qui se lancent avec des prix bas. C’était le cas de notre chambre, qui s’est vue depuis catapultée de 85€ la nuit à 250€, nous ne pouvons plus la recommander.
Manger à Bologne
Côté gastronomie, rassurez-vous, l’Italie sait recevoir. Malgré une petite épidémie de restaurants-concepts clinquants dans le centre, la ville reste truffée de bonnes adresses. Voici celles que nous avons (très) aimées :
- Nous démarrons par une adresse… des Pouilles. Désolés, les orecchiette au brocoli étaient trop bonnes : Alle Due Porte, ambiance vieille taverne dans le quartier animé de San Francesco, réservation conseillée.
- Pour une très bonne pizza à la part (al taglio en italien), foncez chez Certo!
- Déguster des tortellini végétariens, c’est possible chez ZEM et c’est très bon.
- Pour de petits plats simples le midi, le café vegan FRAM est bien sympa aussi.
- Le meilleur glacier de Bologne, pressenti par la longueur de la file d’attente et archi validé par nos papilles, est la Cremeria La Vecchia Stalla.
Et pour les cafés, vous n’aurez que l’embarras du choix. Nous n’avons hélas découvert qu’une fois repartis la spécialité locale : le café au sabayon.

Que visiter d’autre à Bologne
Bologne étant une ville de culture, il y a pléthore de musées et palais qui se visitent, mais pas toujours donnés, nous avons dû faire des choix. Citons par exemple la Pinacothèque, le Palazzo Poggi, le musée de la musique. Soyez aussi attentifs aux nombreuses affiches pour des événements, spectacles, festivals, il y aura forcément quelque chose d’intéressant à vos dates.
Si vous êtes tentés par une visite guidée de Bologne, il existe plusieurs agences en ville ou bien vous pouvez réserver directement en ligne par ici (explications en français)i.
À voir plus loin
La région d’Émilie-Romagne n’est pas la plus époustouflante d’Italie du point de vue des paysages, mais elle abrite des villes qui valent la visite. Nous conseillons notamment la sympathique Parme à une heure de train, plus petite, mais pleine de patrimoine et de vélos :




Mi-fugue a visité et conseille également la petite Ferrare. Mi-raison conseille… d’écouter Mi-fugue. Et pour notre prochaine virée dans le coin, nous aimerions passer une tête à Modène, Ravenne et Faenza.
Nous avons visité Bologne en Italie en mai 2024.