Alexandrie nous avait préparés, mais le choc est au rendez-vous. Le Caire nous accueille dans une cacophonie de Beethoven en klaxon majeur, mêlant frénésie circulatoire, pollution stratosphérique et souks tumultueux, le tout sous une bonne pelletée de poussière du Sahara.
Après ce portrait, les personnes sensées ont déjà tourné les talons. Celles qui ont un grain de folie attendent de savoir si Le Caire mérite quand même une visite. Et la réponse est OUI ! La plus grande ville d’Afrique possède un patrimoine fou fou fou, très loin de se limiter à quelques tas de cailloux pyramidaux entreposés dans un coin.
Car voyez-vous, depuis l’ancienne Égypte, certes époustouflante, le Nil a vu passer d’autres périodes qui brillent par leur absence dans nos livres d’Histoire :
Et chacun de ces chapitres a laissé ses traces, qui parsèment le Caire d’aujourd’hui.
Notre frise chronologique personnelle est plus courte. Nous avons passé une semaine dans ce grand méli-mélo, séparée entre deux jours à Gizeh et cinq dans le centre. Il n’est pas obligatoire d’y passer autant de temps que nous, mais nous recommanderions tout de même un jour à Gizeh et deux au Caire pour en profiter.
- Les pyramides de Gizeh
- Les grand-mères pyramides : Dahchour et Saqqarah
- Downtown, l’ancien nouveau centre du Caire
- Le musée égyptien du Caire
- L’île de Gezira et le quartier de Zamalek
- Le Caire islamique : grand souk et look mamelouk
- La citadelle de Saladin
- Le quartier copte : églises et musée
- Notre avis sur Le Caire et Gizeh
- Conseils pratiques pour visiter Gizeh
- Conseils pratiques pour visiter Le Caire
Gizeh : cubes, cubes, cubes, pyramides !
Nous commençons donc en dormant à Gizeh, présentée tantôt comme une ville voisine, tantôt comme un quartier du Caire, de neuf millions d’âmes tout de même. En approchant des pyramides de Gizeh, nous imaginions une zone très touristique. Que nenni, nous débarquons dans un grand fouillis d’immeubles que le désert abreuve de poussière remuée par le va-et-vient des habitants. Personne dans notre rue ne se soucie des rares étrangers et de leurs lubies géométriques.
La cime de cette forêt de béton vit à contre-courant. Nous sommes accueillis par une sympathique famille qui possède les deux derniers étages d’un immeuble et nous présente notre terrasse du jouri. Waouh !
Stupéfaites par l’esthétique et la taille colossale des monstres, nos rétines y reviennent sans cesse. Mais elles ne sont pas prêtes pour la suite : la trajectoire du soleil vient le nicher pile derrière les pyramides !
Quelques ronflements plus tard, nous nous rêve-éveillons avec un petit déjeuner égyptien sur la table, face aux triangles bien sûr.
Il est temps d’aller les voir de plus près. Nous hélons un tuktuk qui, malgré notre splendide mime des pyramides, démarre dans la direction opposée. En fait, le chauffeur est si heureux d’avoir des touristes à bord qu’il commence par un détour pour nous montrer à ses potes.
Nous arrivons à la porte sud dès l’ouverture, afin d’éviter la foule et le soleil (tarif ~10€, hors suppléments). Nous tombons nez à… absence-de-nez avec le Sphinx !
Le gardien des pyramides, plutôt bien conservé pour son âge, n’a pas juste eu le nez cassé par Obélix. Il a aussi perdu la barbiche, dont une partie se trouve à Londres. Ils sont fous, ces Occidentaux !
Nous découvrons les symptômes de la sollicitationnite aiguë, un mal qu’attrapent les Égyptiens au contact des touristes. « Chameaux ? Calèche ? Chameaux ? Calèche ? » Plus loin, un gardien atteint de bakchichite foudroyante nous propose de franchir exceptionnellement une barrière… gratuite !
En approchant des colossales (Khéops, Khéphren et Mykérinos), nous remarquons qu’elles ont non seulement perdu leur revêtement blanc, mais se sont aussi ébrouées d’une ou deux couches de pierre supplémentaires.
Bizarrement, la silhouette des pyramides paraît moins grande à leur base. Pour les admirer sous leur meilleur jour, nous recommandons de vous enfoncer dans le désert, équipés de chaussures qui ne craignent pas la crotte de chameau. Pas besoin d’aller jusqu’en Libye, cette mini crête fait très bien l’affaire.
Nous zappons l’intérieur des pyramides de Gizeh et laissons le site aux cohortes toujours plus nombreuses, pour aller rendre hommage aux générations précédentes.
Les grands-mères pyramides : Dahchour et Saqqarah
Les majestueuses pyramides de Gizeh sont loin d’être uniques. Cent onze autres ont été retrouvées dans le pays, et la chasse n’est pas finie. Si vous avez une pelle, c’est sur la rive gauche du Nil qu’il faut chercher, surtout vers l’ancienne capitale Memphis, à trente kilomètres au sud du Caire.
C’est en taxi que nous partons, en commençant par le site de Dahchour (~3€). Contrairement aux pyramides de Gizeh qui se serrent les flancs, celles de Dahchour tiennent leurs distances, il est donc préférable de passer de l’une à l’autre en voiture.
Nous commençons par la pyramide blanche, avec sa forme rhomboïdale. Vous ne connaissez pas ce mot ? Bah c’est… euh… une sorte… de… diamant.
Elle est attribuée au pharaon Snéfrou, père de Khéops et inventeur de la pyramide à face lisse. Au départ, sa forme ne devait pas être rhomboï… machin. Sauf que l’architecte a oublié de balayer le sable avant d’empiler les pierres et qu’il s’est trouvé obligé de revoir la pente en cours de route.
Le résultat n’était pas au goût de la future momie, qui a donc commandé une nouvelle dernière demeure, la pyramide rouge. Cette fois, pas de prise de risque, l’angle est faible dès le départ, conférant un look un peu plus ratatiné que le standard en vigueur à Gizeh.
Nous descendons dans l’étroit couloir en pente, alias « le fatigueur de muscles qui n’ont pas l’habitude ». Tout cela pour découvrir trois chambrettes sans grand intérêt, si ce n’est d’étranges plafonds en V inversés conçus pour soutenir des millions de tonnes. Nous recommandons davantage aux fans de spéléologie que d’art antique.
D’autres pyramides dorment à Dahchour, mais nous mettons le cap vers le site de Saqqarah, 10km plus au nord, et plus précisément vers le complexe funéraire de Djéser (~3€ + suppléments pour certaines tombes).
Le parking mène à un surprenant palais crénelé prolongé d’une belle colonnade (tous deux reconstitués), puis débouche sur la pyramide à degrés de Djéser. Elle n’a pas l’air achevée, vue comme cela, mais il s’agit de la toute première pyramide d’Égypte.
Auparavant, les tombeaux avaient une bête forme pavée. C’est Imhotep, architecte, philosophe, conseiller, médecin, prêtre (et même dieu après sa mort), qui eut l’idée d’empiler plusieurs pavés les uns sur les autres. Présentée ainsi, l’idée ne semble pas fofolle, mais pour l’époque c’est une sacrée innovation.
Nous passons ensuite une tête dans un mastaba, c’est-à-dire une tombe hors sol, mais non pyramidale. Et plus précisément dans le mastaba de la princesse Seshseshet Idut. Pour la première fois, nous voilà entourés de bas-reliefs et de hiéroglyphes dans un état de conservation incroyable. Nous sommes subjugués par la finesse de gravure et par la totale absence de protection qui les place juste à deux centimètres de nos yeux, trois pour Mi-raison qui a le nez plus long.
Pour finir, nous demandons à notre taxi un détour par le mastaba de Cagemni inclus dans le billet. Là encore, les œuvres nous paraissent superbement maîtrisées. Mais peut-être que nous nous enflammons sur nos premiers tombeaux égyptiens et que vous les trouverez très moyens si ce sont vos trentièmes.
Nous survolons le reste de Saqqarah pour ne pas faire attendre notre chauffeur. Si vous avez plus de temps, le mastaba de Ty semble intéressant, ainsi que le petit musée Imhotep.
Downtown, l’ancien nouveau centre du Caire
Retour à la réalité. Nous déménageons au cœur du Caire pour les cinq prochains jours, dans un quartier ultra central surnommé Downtown. Ce n’est pas le plus reposant, de toutes façons personne ne vient au Caire pour se reposer, mais il représente un bon compromis entre les quartiers historiques étroits et poussiéreux, et les quartiers cossus vides et ennuyeux. Ici, les rues sont spacieuses, les immeubles frisent les dix étages et quelques touches d’Art Nouveau s’invitent sur les façades.
Si le klaxon est roi et les traversées de route compliquées, Downtown est malgré tout un haut lieu de déambulation. Elle s’intensifie même en soirée, lorsque les boutiques brillent de mille feux et que des files s’allongent devant les glaciers. Nous logeons plus précisément sur l’emblématique rue Talaat Harb, où les cafés sont des institutions et les cinémas presque des monuments historiques. C’est aussi à quelques numéros de notre logement que se déroule l’intrigue du célèbre roman L’immeuble Yacoubiani.
« Bonjour, où allez-vous de si bon matin ? », s’enquiert un papi dans un français parfait. Nous allons prendre un petit déjeuner local, cher Monsieur. Car après les pyramides, le deuxième monument du pays s’appelle le foul. Ce ragoût brunâtre de fèves est vénéré comme rien d’autre et englouti chaque matin par la quasi-totalité des Égyptiens.
Même si c’est plutôt bon, nous ne sommes pas contre un peu de changement. Nous trouvons sans difficulté d’autres mets salés à nous mettre sous la dent, combinant souvent falafels (les meilleurs du monde à notre avis, aux fèves au lieu de pois chiches), omelette, pita, fromage frais ou crudités. Et notre breuvage préféré : le jus de mangue frais !
Le reste de la journée, c’est le kochari qui a la faveur des palais égyptiens. Il s’agit d’un mélange de macaronis, vermicelles, riz et lentilles qui s’avère… étrangement bon. Nous passons le déguster chez Abou Tarek, grande cantine bruyante, agitée et réputée. Le serveur prend néanmoins le temps de nous montrer comment l’assaisonner avec oignons frits, citron, poivre, vinaigre et piment si besoin. Une façon de manger rapide et bon marché.
Au bout de notre rue trône la place Tahrir. Immense rond-point au trafic intarissable, sans intérêt pour nous simples touristes, mais symbole pour les Égyptiens de la révolution porteuse d’espoir de 2011. À voir le nombre de policiers en faction autour, quelque chose nous dit que la nouvelle situation n’apporte pas entière satisfaction.
Le poussiéreux musée égyptien du Caire
Tout près de la place Tahrir, nous poussons la porte du musée égyptien du Caire (~10€). Un nouveau grand musée toutântravaux doit ouvrir prochainement à Gizeh, et relèguera sûrement le nôtre au rang d’antiquité, mais nous allons tout de même vous le présenter rapidement.
L’intérieur nous fait l’effet d’un grand capharnaüm, où auraient été entreposées au fil des décennies un maximum d’œuvres, avec pour seules explications de vieilles étiquettes jaunies. Même les extincteurs semblent antiques, attention à ne pas confondre. Mais encore une fois, nous sommes épatés par la qualité de réalisation et l’état de conservation des pièces. Certaines sont de purs chefs-d’œuvre.
Il n’est pas toujours évident de comprendre si nous admirons un original ou la reproduction d’une spoliation occidentale, mais les momies semblent bien réelles et prêtes à se relever pour hanter nos nuits. À propos, ne manquez pas le recoin obscur qui présente des animaux momifiés, dont un cobra.
Bref, malgré les critiques qui mettent déjà ce musée au rebut, nous ressortons plutôt satisfaits !
L’île de Gezira et le quartier riche de Zamalek
Nous vous proposons un interlude chic et reposant (nous en aurons besoin) en prenant la direction du Nil. C’est notre première rencontre avec cette vieille branche.
Le pont Qasr al-Nil nous mène sur l’île de Gezira, qui signifie tout simplement « île ». Sur ses berges, une jolie promenade est inaccessible pour rénovation.
Nous nous rattrapons avec le petit parc Al Horreya, payant comme souvent en Égypte (~0,30€). Bonne idée, il est joli, paisible, et ses cafés installent des tables très attirantes à l’ombre des grands arbres.
Gezira héberge l’opéra du Caire, ainsi qu’un grand poteau tout droit appelé Tour du Caire, censée offrir une vue panoramique sur la ville. Sauf que la file d’attente est réputée interminable. Nous poursuivons donc notre balade dans la partie nord de l’île : un quartier d’ambassades, d’expatriés, de galeries d’art et de cafés climatisés appelé Zamalek. Les klaxons se font plus rares, les arbres plus verts et… voilà.
Nous ne recommandons donc pas vraiment Zamalek, sauf peut-être pour ses restaurants originaux. Par exemple nous tombons sur Zööba, une sandwicherie moderne et bien gourmande.
Le Caire islamique : grand souk et look mamelouk
Aïe ! Ouille ! Gniiiiii ! C’est le bruit d’un grand écart. Difficile en effet de trouver des styles plus opposés que celui du quartier chic précédent et celui du Vieux-Caire, aussi surnommé quartier islamique.
Pour vous faire un topo, quelques années seulement après la mort de Mahomet, les Musulmans mirent un pied en Égypte et un coup de pied dans l’arrière-train de l’Empire Romain. Depuis et pendant près de quatorze siècles, chaque génération cairote est venue bichonner, consolider et enrichir le patrimoine, pour en faire l’un des centres-villes médiévaux les mieux préservés du monde musulman.
Nous avons arpenté ses vieilles ruelles en une journée, du sud au nord et l’avons trouvé vivant, intéressant et même surprenant. Bref, c’est notre quartier préféré au Caire. Enfilez vos galabiyas (djellabas égyptiennes) et vos balghas (babouches), c’est parti !
Nous démarrons au niveau de la mosquée Ibn Touloun, plus ancienne mosquée à être restée dans son état originel, organisée autour d’une large cour (entrée gratuite, petit billet demandé par l’homme qui placera des plastiques sur vos babouches).
Juste à côté, nous recommandons le musée Gayer-Anderson qui consiste en deux vieilles maisons rénovées et redécorées par le collectionneur (entrée ~2€). Les meubles sont finement ciselés, les plafonds remarquablement peints, même la poussière semble d’époque. Il ne manque que les anciens qui fument la shisha sur les coussins pour compléter le tableau.
En route vers notre destination suivante, nous faisons connaissance avec un quartier de ruelles peinardes, presque en terre, où boire le thé semble aussi essentiel que respirer. Les murs pas très droits laissent apercevoir des portes fortifiées, des sculptures ou des moucharabiehs, nés de la poussière et en train de redevenir poussière sous nos yeux. C’est le thème du Caire islamique.
Nous atteignons une paire de mosquées collées l’une à l’autre comme deux vieilles amies : la mosquée du Sultan Hassan et celle d’Al-Rifai (billet combiné ~3€50).
Sultan Hassan, la première, débute par une jolie cour en marbre autour d’une fontaine, puis nous laisse admirer dans la pénombre de jolies boiseries bleues et or autour d’un dôme. Ce style correspond à l’époque des sultans mamelouks, du XIIIe au XVIe siècle.
Al-Rifai, sous une épaisseur de poussière équivalente, est une réalisation relativement récente qui imite l’architecture de la première. Il s’agit donc d’un style néo-mamelouk (nous n’aurions jamais pensé écrire cela un jour). L’intérieur est très réussi, plus aérien et plus élégant que celui de l’arrière-grand-tante voisine.
Nous retombons sur nos pattes dans la longue rue Bab El-Wazir, qui aligne les mosquées penchées, les petites échoppes et les ravitailleurs en falafels. Les touristes sont rares et les Égyptiens ont la blague facile. Un tuktuk, apprenant que nous sommes français, s’exclame « Bonjour Madame Sarkozy ! ».
Au dix-neuvième chat de gouttière à droite, la mosquée bleue Aqsunqur nous intrigue (~3,50€). Une petite cour calme laisse apercevoir le mur de faïence bleue qui lui a donné son surnom. Pas de quoi fouetter un chat de gouttière cependant.
Un dernier bout de ruelle à peu près calme, mais pas ennuyant pour autant…
… et nous entrons dans la partie marchande du Caire islamique, beaucoup plus animée et encombrée. Bref, un vrai souk.
Nous grimpons sur Bab Zuweila, la « grande porte » (~2€), construite il y a un millénaire avec des restes de temples pharaoniques. Elle rappelle que Le Caire s’est longtemps blotti derrière d’épais remparts, avant de partir galoper jusqu’aux confins du désert. La vue est stupéfiante, sur… le piteux état du quartier. Les étroits escaliers de ses minarets offrent une vue encore plus plongeante.
Nous ne sommes pas dans le souk le plus connu, mais déjà les ruelles prennent des airs de supermarché à ciel ouvert.
Nous nous lançons le défi de photographier les livreurs de pain à vélo. Hélas ces véritables icônes de la vie cairote sont difficiles à mettre en boîte, rapides et imprévisibles comme des papillons. La version pédestre est une chenille en comparaison.
Le complexe Sultan Qansuh Al-Ghuri comprend une mosquée (gratuite) dont le minaret s’escalade contre un pourboire. En face, le mausolée et le caravansérail sont élégants de l’extérieur. Nous ne visitons pas l’intérieur car notre distributeur de billets portatif montre des signes de faiblesse (~3€).
Nous bifurquons pour jeter un œil à la mosquée al-Azhar, qui signifie « la plus resplendissante » (gratuite). Il est vrai que sa cour en marbre lustré resplendit, et un trio de minarets mameloukissimes renforce son côté mille et une nuits.
Là !!! Un livreur de pain ! Mince, il bifurque.
Trois pas de plus au nord et nous entrons dans le souk Khân al-Khalili, le plus célèbre, orienté vers l’artisanat et les souvenirs. Empiler toutes les imitations-souvenirs de pyramides dépasserait à coup sûr celle de Khéops, mais nous avons un peu la flemme aujourd’hui. À la place, nous nous reposons sur la terrasse d’un salon de thé (demandez bien les prix !), juste en face de cette porte particulièrement photogénique :
Sous nos yeux, les étincelantes collections de lanternes en métal percé servent d’arrière-plan à un défilé de selfies, au grand dam des vendeurs qui n’en écoulent pas une.
À partir d’ici, la rue El Moez piétonnisée respire, avec ses terrasses de café et un patrimoine qui continue de nous captiver.
Livreur de paaaaaaaain !!!!! Roh la poisse… la batterie d’appareil photo est à plat !
Où en étions-nous ? Ah oui, nous passons sous le minaret particulièrement travaillé du complexe Qalawun, encore et toujours de style… devinez !
Puis nous entrons dans le musée Beit al-Suhaimi (~2,50€) qui combine trois maisons nobles restaurées. La cour intérieure et les pièces sont belles, mais pour vous faire gagner du temps, notre préférence en termes de maisons-nobles-restaurées va aux musées Gayer-Anderson et copte.
Là !!! Un livreur !!!! CLIC CLAC CLIC CLOUC !
Enfin, nous l’avons !
Imaginez maintenant que ces spécialistes de l’acrobatie urbaine partent aussi zigzaguer dans la circulation que nous fuyons.
Nous ressortons du Caire islamique, comblés, par la porte Bab al-Futuh. Un dernier regard par dessus l’épaule nous montre une belle portion de muraille restée debout.
Pause (presque) paisible au parc Al Azhar
Pour nous reposer de toute cette agitation, quoi de mieux qu’un vaste parc ombragé et soigneusement jardiné au sommet d’une colline ? Pour ~1€ par personne et 3€ par appareil photo (vestiaire disponible), le parc Al-Azhar nous offre un refuge de calme et de tranquilit… AAAAAAAAAAAAAAAAARG !!!
Des hordes de gamins en sortie scolaire accourent de partout, surexcités, et nous assaillent de « What’s your name? », « Selfie please? », « Where’ you from? », « Hihihi », etc. Le flux ne s’asséchant pas, nous sommes obligés de nous exfiltrer vers le fond du parc où nous recouvrons nos esprits.
Nous profitons plus sereinement des vues, notamment sur la forêt mamelouke que nous venons de traverser.
Du côté opposé, nous apercevons la « Cité des morts », plus grande et ancienne nécropole du Moyen-Orient, hérissée de mausolées monumentaux et noyée sous un urbanisme frénétique. Nous préférons faire l’impasse, car sa « visitabilité » n’est pas très claire, entre coups de bulldozers du gouvernement et rumeurs de petite délinquance.
Citadelle de Saladin, sentinelle pour citadin
À la place, nous prenons un mini coup de taxi vers la citadelle de Saladin, érigée dans la crainte que Le Caire ne finisse dans la besace des Croisés. Pas donnée (~9€), elle offre néanmoins un belvédère sans pareil sur la ville aux mille minarets.
En parlant d’eux, nous en avons une paire dans le dos. Très effilés, ils appartiennent à la mosquée Mohammed Ali, directement inspirée par la mosquée bleue d’Istanbul.
Les lustres splendides, la cour d’albâtre et la fontaine ottomane la hissent en pole position de nos mosquées préférées en Égypte.
Le palais voisin est réputé lui aussi décoré au goût des Ottomans, mais il est trop tard pour vérifier avant les derniers rayons de soleil. De la mosquée du Sultan Hassan à nos pieds jusqu’aux microscopiques pyramides à l’horizon, Le Caire plonge dans un impressionnant brouillard doré.
L’inattendu quartier copte
Pour ceux qui, comme nous, ignoraient tout des Coptes, ce sont les Chrétiens d’Égypte, avec comme spécificités celles de se revendiquer héritiers culturels des pharaons et de dire la messe en arabe. En creusant le sujet, nous apprenons que 10 à 15% des Égyptiens seraient coptes. Un chiffre imprécis, car les menaces qui planent sur eux les poussent à la discrétion.
Nous découvrons à la fois leur existence et leur quartier emblématique, surnommé simplement quartier copte. En tant que touristes, le visiter est un jeu d’enfant de chœur, puisque ses principaux monuments se concentrent dans un missel de poche, desservi par le métro.
Nous commençons par l’église Saint-Georges (gratuite), qui… n’est pas copte en fait, mais grecque orthodoxe. Mince, faux départ, mais bel intérieur tout de même !
Nous rectifions le tir en visitant le musée copte (~5€), drôlement calme en comparaison de l’agitation touristique alentour. Le bâtiment mérite la visite en lui-même, mêlant pierres ciselées, portes sculptées, fontaines, dômes, moucharabiehs… et des croix un peu partout pour éviter toute amalgame avec les maisons musulmanes.
Les yeux pendus aux fabuleux plafonds, nous nous souvenons parfois de les redescendre sur l’exposition qui présente l’art et l’artisanat copte des siècles passés, en insistant sur les tissus coptes. Comme le dit l’adage, « les bons Coptes font les bons habits ».
À deux pas, la forteresse de Babylone se visite, mais nous nous contentons de l’admirer depuis la rue. C’est sur un bout de cette forteresse que les Coptes sont allés percher leur Église Suspendue, El Moallaqa (gratuite). À leur place, nous n’aurions pas osé, sachant ce qu’il est survenu d’une autre Tour de Babel.
L’intérieur ne ressemble à rien de ce que nous connaissons : sombre, enfumé, décoré d’ébène et d’ivoire, orné de calligraphies arabes et affichant des tableaux probablement très anciens.
Demandez ensuite votre route pour trouver l’église Saints-Serge-et-Bacchus, bien cachée. Une fois à l’intérieur, cherchez le petit escalier au fond à gauche et gardez vos chaussures (un panneau le précise !). Il mène à une crypte où Marie, Joseph et leur divin marmot se seraient abrités lors de leur voyage égyptien.
Si l’on en croit la légende, non seulement Jésus a vu les pyramides, mais elles étaient déjà plus vieilles que le temps qui nous sépare de lui !
Un dernier petit conseil avant de quitter le quartier et Le Caire : le souk El-Fustat est une galerie marchande pour touristes où l’artisanat est de bonne qualité, intéressante pour rapporter des cadeaux.
Bonus : escapade au Mall
Une collègue égyptienne de Mi-raison vit dans la lointaine banlieue du Caire, c’était donc l’occasion de faire connaissance et d’en apprendre plus sur l’Égypte hors des guides. Elle nous donne rendez-vous dans un impressionnant centre commercial immaculé, climatisé, avec une immense fontaine illuminée, fière de nous présenter les aspects les plus modernes de son pays. D’ailleurs, elle nous apprend qu’une nouvelle capitale administrative ultra-moderne est en construction plus loin, au milieu du désert. Elle n’a pour le moment ni nom, ni habitants, mais possède déjà le plus haut gratte-ciel d’Afrique. À croire que les Égyptiens ne peuvent s’empêcher de pharaoniser leurs projets !
Comme pour illustrer cela, nous quittons Le Caire depuis la gare Ramsès, dont le hall est presque un monument en lui-même. Rendez-vous plus au sud pour la suite du voyage !
Notre avis sur Le Caire et Gizeh
La capitale nous a fatigués, assourdis, enfumés, perdus, mais elle nous a surtout fascinés. En particulier le Vieux-Caire islamique, avec son patrimoine invraisemblable et son ambiance sans pareil. Prévoyez des journées peu chargées, des pauses au frais pour tenir le coup, un entraînement au traversage de route au rond-point de l’Étoile à Paris et… profitez ! Quant à Gizeh, voir les pyramides de nos propres yeux était un vrai choc, mais à vrai dire, nous les avons ensuite oubliées face aux monuments finement travaillés qui jonchent le sud de l’Égypte.
Conseils pratiques pour visiter les pyramides de Gizeh
Dormir ou ne pas dormir à Gizeh
Quatorze kilomètres séparent le centre du Caire des pyramides. En attendant la concrétisation du (pharaonique) projet de métro, le trajet prend entre 45 minutes et une heure. Il est tout à fait raisonnable d’envisager l’aller-retour à la journée, mais la ribambelle d’hôtels avec vue sur les pyramides nous a fait changer d’avis, pour le spectacle magique du coucher de soleil sur les pyramides. Il est normalement suivi d’un son et lumière, temporairement débranché lors de notre séjour. L’ouverture du tout nouveau Grand Musée égyptien ajoute un prétexte pour dormir une, voire deux nuits à Gizeh.
Atteindre les pyramides de Gizeh
Gizeh s’écrit aussi souvent Giza. Mais ne commettez pas l’erreur de penser que la station de métro Giza se trouve proche des pyramides, ni la gare routière Giza. Toutes deux sont proches du Nil, tandis que les pyramides pointent à l’autre bout de la ville. Le trajet en transports publics (bus 355 ou 357) étant réputé long, nous avons sauté dans un Uber (~3€).
Une fois dans le quartier qui borde les pyramides, il est facile d’attraper un tuktuk pour rejoindre un restaurant par exemple. Présenter l’adresse en arabe peut aider.
Se loger à Gizeh
Nombreux sont les hôtels qui proposent une vue sur les pyramides. En revanche, faites très très attention aux arnaques dans ce secteur. Les petits malins se sont spécialisés en faux avis, y compris sur la plateforme Booking.com, avec des photos de chambres qui ne correspondent pas du tout à la réalité. Évitez déjà les établissements avec moins de 100 avis, mais cela ne suffit pas. Fouillez bien les mauvaises critiques, repérez les bonnes avec une ponctuation bizarre et ne réservez que si vous êtes sûrs à 100%.
S’il reste des chambres disponibles, nous vous recommandons notre Bedouin Pyramids Viewi (~45€), un peu éloigné des pyramides mais impeccable, confortable et climatisé, tenu par le très sympathique Youssef. Les deux chambres doubles les plus chères ont les meilleurs balcons.
Youssef vient d’ouvrir un deuxième établissement plus chic, le Solima Pyramids Inni (~80€). Nous lui faisons confiance pour qu’il soit aussi bien géré et, cette fois, vous êtes vraiment collés aux pyramides.
Se nourrir à Gizeh
Les restaurants se concentrent à côté de l’entrée des pyramides. Nous ne les avons pas testés car nous comptions profiter de notre balcon avec vue. Le premier soir, nous avons attrapé du pain et un foul dans ce qui semblait être le take-away le plus hygiénique de notre rue. Raté, Mi-fugue a passé la nuit malade ! Le lendemain, nous avons joué la carte prudence avec une livraison Pizza Hut.
Visiter les pyramides avec un guide
Nous avons failli réserver ce Free Tour (au pourboire) pour obtenir des explications. Finalement nous avons préféré nous rendre sur le site dès l’ouverture à 6h pour esquiver la chaleur. Cependant, les avis sont excellents.
Se rendre à Dahchour et Saqqarah
Nous nous sommes lancés en indiquant naïvement l’une des pyramides de Dahchour sur Uber. Lorsque le conducteur s’est engagé sur des routes cassées au milieu du désert, nous avons commencé à comprendre que personne ne viendrait nous rechercher ici. Nous avons renégocié un tarif global (27€) pour l’ensemble de nos visites (2 pyramides de Dahchour, pyramide de Saqarah et tombeaux autour). Avec du recul, nous aurions pu chercher un taxi classique ou demander à un hôtel (le Routard indique des adresses et un tarif moyen de 30€). L’autre solution est de s’inscrire à une visite organisée en groupe comme celle-ci, avec les explications d’un guidei.
Pour plus d’infos, nous vous recommandons l’article Voyage dans le temps aux pyramides de Saqqarah et de Dahchour, écrit par Monsieur Madame Explore.
Arnaques pyramidales et bakchichs
Autant les Égyptiens sont super sympas dans la rue, autant ceux qui tournent sur les sites pharaoniques peuvent être lourds ou filous. Autour des pyramides de Gizeh, les rabatteurs sont nombreux mais heureusement pas trop insistants. C’est à Saqqarah que nous avons eu notre véritable baptême de la corruption, avec la poche d’un policier qui supplante le guichet officiel. Un gardien nous a également réclamé avec insistance un pourboire, alors qu’il était occupé avec d’autres. Dans ces cas, un peu de fermeté dans le hochage de tête suffit.
Conseils pratiques pour visiter Le Caire
Arriver et repartir du Caire
Ce n’était pas notre cas, mais la plupart des voyageurs atterrissent à l’aéroport du Caire. Une petite navette gratuite passe toutes les 10 minutes devant les différents terminaux et dépose à une station centrale. De là, le bus 356 mène à Cairo Downtown (place Tahrir) en 40 minutes pour ~0,30€. Si vous filez aux pyramides de Gizeh, pas de raccourci possible puisqu’elles sont de l’autre côté du Caire, il vous faudra changer à la place Tahrir.
De notre côté, nous sommes arrivés au Caire en bus depuis Alexandrie. La capitale est si étendue qu’au lieu d’une unique station routière, de nombreuses petites stations ont été posées de-ci, de-là, ce qui rend la recherche d’horaires assez nébuleuse. Notre meilleur conseil est de consulter les horaires sur 12Goi, qui ne référence hélas qu’une compagnie, mais laisse chercher toutes les gares du Caire d’un coup.
L’autre solution est le train. La gare Ramsès permet d’atteindre les villes du bord du Nil, d’Alexandrie à Assouan. Plus de détails dans les infos pratiques de notre article sur Assouan.
Se déplacer dans Le Caire
Les quartiers dans lesquels nous avons passé le plus de temps, Downtown, Zamalek et le Caire islamique, se parcourent « bien » (pour les standards égyptiens) à pied pendant des heures, avec un déhanché de corrida de temps en temps pour esquiver les scooters et des gouttes pour yeux sensibles. Nous avons complété avec des taxis ou Uber. Ce dernier facilite la communication de la destination et les tarifs sont plus faibles que les taxis (compensez en pourboires). Cependant, l’Uber perd facilement 10 ou 15 minutes à vous rejoindre dans les embouteillages, tandis que trente-huit taxis passent vides.
Enfin, le métro est royal (pharaonique ?) pour atteindre le quartier Copte depuis Downtown. Il dépose au pied des sites touristiques pour moins de 0,30€.
Dormir au Caire
Nous pouvons vous recommander le quartier Downtown, à moins que vous n’ayez un coup de cœur pour un établissement précis ailleurs. C’est un bon mix de rues animées, restaurants corrects, chambres climatisées et emplacement stratégique. Nous logions chez Brassbell (~45€)i, qui a rénové un étage d’immeuble partagé en petits studios propres et bien entretenus.
La même entreprise propose d’autres studios à Zamalek (~80€)i si vous préférez ce quartier plus chic avec un meilleur choix de restaurants.
Manger au Caire
Nous ne sommes pas repartis emballés par la gastronomie cairote. La cuisine de notre studio a donc servi ! Autrement, il a fallu farfouiller pour trouver des établissements à notre goût, ni trop impersonnels, ni trop sombres, ni trop fumeurs. Voici une petite liste d’adresses, principalement situées à Downtown :
- Abou Tarek n’a rien de confidentiel, il s’agit d’une grande cantine connue pour son kochari (riz-pâtes-lentilles-oignons frits-pois chiches), le plat égyptien idéal pour un déjeuner rapide. C’est étonnamment bon et les serveurs sont sympathiques.
- Ce resto (dont nous ne savons pas lire le nom) nous a plu pour ses petits déjeuners copieux et sa sympathique décoration. Vérifiez juste l’addition, car notre serveuse a tenté de s’octroyer un énorme pourboire.
- Ambiance chaleureuse et reposante au resto CaiRoma, un italien à la nourriture assez simple, mais qui étale une belle terrasse sous des guirlandes et une bonne vieille musique italienne.
- Pour les gourmets, le quartier de Zamalek propose un choix plus large. Nous avons apprécié Zööba, conseillé plus haut, avec sa cuisine streetfood pleine de saveurs.
Manger cairote rend aimable, mais aussi parfois malade. Le Caire a la réputation d’être la capitale mondiale de la tourista. Lisez les avis, suivez votre instinct et croisez les doigts !
Fréquentation touristique
Nous avons souvent croisé des touristes en groupes, principalement aux pyramides, au musée égyptien, au souk et au quartier copte. Ailleurs, nous étions presque seuls, ce qui garantit globalement un accueil très sympathique qui fait oublier les quelques arnaques.
Que faire au Caire en deux jours
Parce que nous imaginons que peu d’entre vous consacreront une semaine au Caire, voici ce que nous conseillons en priorité :
- 1/2 journée aux pyramides de Gizeh
- 1/2 journée au musée (le vieux musée égyptien ou plutôt le nouveau à Gizeh)
- 1 journée dans le Vieux-Caire (soit du sud au nord comme nous, soit du nord au sud pour terminer près de la citadelle de Saladin au coucher du soleil)
Plus précisément, nos visites préférées dans le Caire islamique étaient le musée Gayer-Anderson, la mosquée du Sultan Hassan et le souk au sens large. Sans oublier d’emprunter la rue Bab El-Wazir en chemin.
Ressources en ligne pour compléter
Chez nos collègues blogueurs, citons Valiz Storiz et ses bons conseils pratiques sur la ville. Pour une belle plongée dans l’ambiance de la mégapole, filez chez One Chaï qui consacre plusieurs articles au Caire.
Formidable, ça me rappelle des souvenirs de décembre 2021, quand le grand nouveau musée était déjà sur le point d’ouvrir 🙂
Ceci dit, comme vous, je trouve que l’ancien a du charme et présente des pièces de toute beauté
Même en répondant avec beaucoup de retard à ton message, le musée est toujours en phase de « test ». Ils sont heureux d’avoir ouvert le grand escalier et… un Starbucks !
Bonjour,
je découvre aujourd’hui cette page alors que je reviens juste d’Egypte ! Quel délice !
en mise à jour, pour le nouveau musée, ils ont ouvert 12 salles, agréables épurées et bien classifiées ; évidemment le charme de l’ancien musée n’est en rien comparable.
Ils ont en prévision encore la création en sous sol de 58 salles dont certaines seront des reproductions de la vie quotidienne ….. et …. la création au départ du toit d’une grande allée pédestre qui ira jusqu’aux pyramides
Bonjour Véro,
Merci pour les nouvelles, c’est bon à savoir. On a entendu parler d’une inauguration officielle en grandes pompes d’ici quelques mois, on va surveiller cela pour mettre à jour l’article.
(Sacré projet que cette allée !)