Bye bye le petit État du Kerala, nous voici maintenant à Madikeri dans l’État du Karnataka. Vous vous souvenez probablement de notre belle étape dans les collines de Munnar ? Eh bien Madikeri se trouve sur la même chaîne de montagnettes, appelées Ghats Occidentaux, qui longe la côte depuis la pointe sud de l’Inde jusqu’à la banlieue de Mumbai.
Madikeri est la principale ville d’une région tantôt appelée Coorg, tantôt Kodagu. Une zone un peu à part puisque ses habitants, les descendants des tribus kodavas, possèdent leur propre langue, leur propre culture et leurs propres coutumes. Ils sont notamment réputés bons combattants et, chose unique en Inde, disposent d’office d’un droit de port d’arme. Voilà pour la théorie, car dans la pratique nous n’avons pas aperçu le moindre bout de pistolet !
Découverte de Madikeri
Depuis notre plage bordée de cocotiers proche de Kannur, les paysages varient rapidement. Le bus traverse les collines plus touffues les unes que les autres d’un parc national et les branches de bambou cinglent le visage de ceux qui restent trop près des fenêtres (sans vitres). Une famille de macaques se cherche les poux dans un virage. De temps à autre, un panneau rappelle de prendre garde aux jaguars qui traversent.
Puis, en entrant en territoire kodava, la végétation change du tout au tout. Alors que Munnar était le royaume du thé, Coorg est celui du café, dont nous apercevons les plants tous azimuts. Les habitants en sont particulièrement fiers et le proposent en lieu et place du fameux chaï. Il reste préparé exactement pareil, c’est-à-dire avec du lait et beaucoup de sucre.
Au passage, nous remarquons que les caféiers ne sont pas seuls dans les plantations.
En arrivant un vendredi après-midi, nous trouvons Madikeri assez calme. C’est sans compter sur le week-end qui démarre. Il s’agit d’une « station de collines » réputée et, le soir même, des centaines de voitures en provenance des grandes villes prennent les lieux d’assaut. D’ailleurs, comme à chacune de nos étapes dans le Karnataka, les touristes étrangers sont ridiculement peu nombreux en comparaison des touristes indiens. Les locaux doivent trouver qu’ils sont envahis, mais pour notre part, aucun problème, nous nous sentons toujours en immersion indienne totale !
Nous passons notre premier après-midi à vadrouiller dans Madikeri. La ville n’a pas de charme particulier, pas non plus de centre-ville à proprement parler. Mais une balade en Inde est toujours l’occasion de s’amuser un peu. Sur un stand de marché, une vache apprend à son veau comment chaparder des légumes sous les yeux impuissants des vendeurs. Et hop, le haricot !
Un peu plus loin, nous jetons un œil à l’Omkareshwara Temple, auquel nous trouvons des airs de mosquée. Sauf que les quatre « minarets » sont ornés de statues de vaches parce que… pourquoi pas ?
En parlant de décoration, nous remarquons aussi de nombreux masques rouges, un peu effrayants, accrochés sur les maisons ou les arbres. Une sorte de porte-bonheur ?
Les Kodavas sont réputés proches de la nature, et cela se remarque même en ville. Partout, des arbustes fleuris illuminent les jardins et, lorsqu’il n’y a pas de jardin, ce sont des pots qui prennent la relève. Madikeri est la ville des amoureux des plantes !
Nous croisons à nouveau des vaches qui n’en font qu’à leurs têtes, entrant comme si de rien n’était dans un restaurant. Pliés de rire, nous observons les pauvres serveurs s’échiner à faire changer d’avis aux indociles ruminants sacrés, mais sans jamais être trop vaches : grands gestes, cris, empoignade de cornes, poussages de fesses, coups de bâton au sol… Allez ouste !
Les vaches finissent par rebrousser chemin, mais le gérant s’en veut. Il court leur offrir quelques crêpes.
Nous terminons cette visite par LE monument de Madikeri, à savoir le fort, situé en plein centre. Sa muraille a triste mine, mais il est possible de marcher le long des remparts. À l’intérieur, plusieurs bâtiments de l’époque coloniale passent une retraite paisible. Un palais fait face à une chapelle, ainsi qu’à deux statues d’éléphants grandeur nature parce que… pourquoi pas ?
Deux choses nous frappent depuis que nous sommes arrivés à Madikeri.
Premièrement, nous croisons quelques Indiennes en shorts courts. La pudeur est si généralisée dans le pays que nous ne nous attendions vraiment pas à cela, même de la part de citadines venues passer le weekend à la montagne. L’Inde change à grande vitesse !
Deuxièmement, de nombreux couples passent leur weekend accompagnés de la mère du mari. Elle s’incruste autant qu’elle le peut, voire 100% de son temps dans la vie de certaines familles, ce qui est parfaitement ordinaire, accepté et encouragé dans la culture du pays. L’Inde… ne change pas si rapidement, finalement.
Les plantations de café de Coorg
Le gérant de notre hôtel ne vit pas avec sa mère, mais il nous explique qu’elle possède une plantation de café, à trente minutes de route. Il nous propose d’y faire un tour. Nous acceptons volontiers et traversons les collines à la rencontre de Gangé, qui nous attend avec une tasse de son meilleur café. Au lait et bien sucré, cela va de soi. La récolte annuelle débute tout juste et les arbustes sont lourds de fruits.
Avec son fils comme interprète, elle nous explique que le peuple de Coorg a longtemps vécu de peu de choses, proches de la jungle et exploitant de minuscules terrains. L’explosion de la demande de café et du tourisme a complètement changé la donne.
Elle glisse, au passage, que les Kodavas ont de longs nez et que Mi-raison pourrait bien être l’un des leurs…
Des tigres du Bengale vivraient dans les montagnes environnantes, ainsi qu’une population d’éléphants sauvages à une vingtaine de kilomètres.
Tentative de randonnée autour de Madikeri
La région de Coorg s’affiche fièrement comme l’Écosse de l’Inde. C’est ce qui nous avait attirés ici, avec la promesse de belles randonnées. Nous apprenons même qu’il existe une fleur qui n’éclot qu’une année sur douze, et qu’elle est justement en train de recouvrir les collines. Nous sommes fin 2018, donc le prochain rendez-vous est fixé pour fin 2030.
Nous nous élançons au petit matin, pleins d’espoir, vers une colline des environs. Nous avions identifié sur Internet cette randonnée comme la seule réalisable depuis Madikeri sans grimper dans une voiture. Cependant voilà, les bords du chemin sont jonchés de détritus. Et plus nous avançons, plus ils sont nombreux. Nous croisons aussi régulièrement des chiens errants, tandis que des mobylettes nous frôlent. Pour finir, nous remarquons que nous nous dirigeons droit vers, au loin, une immense décharge à ciel ouvert. C’en est trop, nous tournons les talons et rentrons à l’hôtel pour terminer notre nuit !
En fin de journée, nous nous rattrapons avec le point de vue principal de la ville : le Raja’s seat. Puisque plusieurs générations de Maharajas sont venues admirer le coucher du soleil depuis ce petit jardin propret, nous serions bien bêtes de ne pas en faire autant (entrée 5 roupies).
Nous longeons un temple d’un beau rose flashy sur la droite. Et des statues d’animaux dans le jardin parce que… pourquoi pas ?
Et enfin, se dévoile la vue :
Notre avis sur Madikeri et sa région Coorg
Madikeri peut faire office d’étape pour une ou deux nuits entre Kannur et Mysore, mais nous ne sommes visiblement pas parvenus à apprécier ses paysages à leur juste valeur. Il nous manquait une voiture pour découvrir les principaux points d’intérêt, souvent situés à des dizaines de kilomètres. Dans le même genre, nous avons bien plus apprécié Munnar et ses plantations de thé, faciles d’accès.
Conseils pratiques pour visiter Madikeri
Transport de Kannur à Madikeri
Le trajet s’effectue avec un changement à Virajpet. Notre logement précédent, sur la plage de Thottada, était situé presque à égale distance de Kannur et de Thalassery. En temps normal, il y a un peu plus de bus pour Madikeri depuis Kannur que Thalassery, mais les fortes précipitations de l’été 2018 avaient endommagé la route et des réparations étaient en cours, réduisant le nombre de bus depuis Kannur.
Première étape : nous avons payé 300 roupies le rickshaw de Thottada à Thalassery. Deuxième étape : nous sommes montés dans le bus de 11h vers Virajpet (deux autres départs à 8h et 8h15, mais revérifiez les horaires, ils changent souvent), prix 72 roupies, durée 3h. Troisième étape : le bus de Virajpet vers Madikeri, départs fréquents, prix 30 roupies, durée 1h.
Hôtel à Madikeri
Nous avons beaucoup apprécié notre logement, le North Breeze (~25€)i. L’employé était aux petits soins, nous avions une grande chambre, ainsi que de bons petits déjeuner en terrasse, avec vue sur la ville.
Il est fortement conseillé de réserver votre logement à Madikeri si vous prévoyez d’y être un vendredi soir ou un samedi soir.
Restaurants à Madikeri
- Zaffron : ils ont la fâcheuse tendance d’enfumer la salle chaque fois qu’ils préparent un plat, mais la nourriture est savoureuse et la carte bien remplie.
- Hotel Neel Sagar : c’est ici que les vaches tentaient d’entrer, et nous avons bien fait de suivre leurs conseils. Ce restaurant végétarien, situé juste en face du fort, sert entre autres de bonnes dosas (à partir de 16h30 seulement pour les dosas). Déguisez-vous en vaches, vous pourrez peut-être obtenir des crêpes gratuites.
Randonner dans les montagnes de Coorg
Il n’y a rien à se mettre sous la dent au départ de Madikeri, mais plus loin oui. La randonnée que nous aurions peut-être dû tenter est celle du Tadiandamol Peak (5h de montée, 3h de descente). Sauf qu’il faut rejoindre le point de départ en voiture ou taxi-jeep.
Sinon, avec une voiture toujours, il est possible de visiter une mini-ville tibétaine et ses temples. Les communautés de réfugiés tibétains sont au nombre de 35 en Inde, et nous ne sommes pas étonnés que celle-ci ait choisi de se percher dans la montagne !
Le port d’arme me rappelle l’ancien collegue de Cedric- Sikh vivant en Australie- qui se promenait avec un poignard tous les jours et qui avait reduit la taille pour que le port quotidien soit autorise en Australie egalement ! Etrange de voir un collegue, au bureau, avec un poignard a la ceinture !
Ça alors, on ne connaissait pas cette coutume ! On lit que certains Sikhs gardent même leur poignard pour nager à la piscine ?! Ça devait faire drôle en entreprise, c’est sûr !
Merci à vous deux pour ces articles toujours aussi cool pour me détendre et me rappeler que l’Inde pour moi c’était il y a 3 ans déjà! Maman-Raison serait assurément partante de suivre son fiston partout …Mi-fugue a échappé belle! Je vous envoie plein de bons baisers!
On se souvient encore de la présentation finale de ton projet… sans électricité ! On ne s’ennuie jamais en Inde 😅 Merci pour ton message ! Bises
Ca fait une éternité que je ne suis pas passée par ici – au moins 3 article.
Effectivement, je crois que Munnar me tente plus, et pour ce qui est d’aller dans un coin qui rappelle l’Ecosse…je me contenterais d’aller en Ecosse pour le moment. Aller hop je file sur vos autres articles!
Une toute petite éternité alors, si ça ne fait que 3 articles 🙂
Oui, clairement, autant aller en Écosse directement plutôt que cette fausse Écosse sans kilt ni cornemuse !
Bon allez, faudrait aller explorer les alentours en voiture, histoire d’en profiter plus ! On verra… pour l’instant, j’ai tenté Guillaume avec l’Arménie et la Géorgie… Peut-être cet été !!!!!!!!
Super idée l’Arménie et la Géorgie pour des fans de randos ! Surtout la Géorgie. Tiens-nous au courant !