Les Géorgiens ont une tradition des prénoms légèrement déconcertante. Elle veut que le premier fils de la famille soit nommé Giorgi et la première fille Nino, en référence aux deux saints patrons du pays. Près de la moitié de la population porte ainsi l’un ou l’autre de ces prénoms, ce qui ne doit pas être bien pratique…
Mais le plus gros problème de cette anecdote, c’est qu’elle n’a absolument rien à voir avec le reste de l’article. Avec votre permission, nous allons donc enchaîner comme si de rien n’était…
Voici deux excursions plutôt impressionnantes que nous avons réalisées à la journée dans les environs de Tbilissi. La première pour visiter le monastère de David Gareja, la seconde en combinant les villes de Gori et Mtskheta.
Le monastère de David Gareja et ses paysages de bout du monde
Les efforts déployés par les moines pour s’isoler de leurs contemporains, un peu partout sur notre planète, nous étonneront toujours. Nous vous emmenons dans ce qui est probablement le coin le plus inhospitalier du pays, entouré de collines aux couleurs inattendues et d’herbes sèches infestées de vipères.
David Gareja avait plusieurs milliers de frères. Enfin non… pas lui. Le monastère qu’il a bâti, qui a conservé son nom et qui abritait donc au Moyen Âge une énorme confrérie. Difficile d’imaginer, à partir des quelques structures aux jolis toits rouges, qu’il s’agissait de l’un des plus vastes monastères de Géorgie.
Cette partie est la plus récente, méticuleusement entretenue par une poignée de moines orthodoxes qui gardent les lieux. Quelques mètres plus loin, c’est une autre histoire. Des portes creusées dans la colline mènent à des salles troglodytiques, vieilles de plus de mille ans.
La partie la plus spectaculaire de David Gareja se situe tout en haut de la colline. Un chemin escarpé mène sur une crête avec vue sur…
… sur l’Azerbaïdjan ! La crête elle-même marque la frontière. Un pas devant et nous entrons illégalement chez les Azeris. Un pas derrière et nous retournons dans la légalité.
En vérité, nous ne croisons aucun garde-frontière et les Azeris laissent les touristes se promener tranquillement. L’inverse serait bien dommage, car la corniche côté Azerbaïdjan abonde de dizaines de grottes aménagées et recouvertes de fresques par les infatigables moines. Tous les visages ont malheureusement été gommés par l’un ou l’autre des envahisseurs ayant traversé la Géorgie au fil des siècles.
Cette journée se conclut en beauté avec les dernières lueurs du soleil sur les steppes géorgiennes. Des paysages tellement différents du vert pays que nous avions traversé jusque-là !
Conseils pratiques pour visiter David Gareja
Transport de Tbilissi à David Gareja
Le seul moyen de réaliser cette excursion en autonomie est d’avoir sa propre voiture ou de faire appel à un taxi. L’autre solution, plus simple et moins coûteuse, consiste à utiliser les services du tour opérateur Gareji Line. Il organise l’aller-retour depuis le centre de Tbilissi entre le 14 avril et le 15 octobre. Nous étions nombreux au point de rendez-vous, mais l’agence promet que personne ne sera laissé sur le carreau. Effectivement, quatre marshrutkas sont arrivées pour nous embarquer.
Programme
Départ à 11h, 2h30 de trajet, 3h de visite libre sur place, 1h de pause devant un café/restaurant sans obligation de consommer (nous avions prévu un pique-nique) et retour à Tbilissi vers 20h.
Tarif
25 laris par personne. L’entrée du monastère est gratuite.
Autres conseils
Il est recommandé de respecter les consignes vestimentaires des églises orthodoxes (épaules et genoux couverts, foulard pour les femmes) mais elles n’ont pas l’air strictes. Prenez votre passeport en cas de contrôle inopiné près de la frontière.
Gori, la ville de Monsieur Moustache
Gori est une ville de taille moyenne située à 1h30 de Tbilissi, tristement ou joyeusement célèbre pour être la ville de naissance de Staline. Plutôt tristement de notre point de vue, puisque l’ex-dictateur soviétique aurait provoqué directement ou indirectement la mort de dix à vingt millions d’humains, dont une partie en Géorgie.
Toujours est-il que les habitants de Gori restent aveuglément fiers de l’enfant du pays et qu’un musée à la gloire du despote trône en plein centre de la ville.
L’intérieur du musée reste très premier degré lui aussi et pas un objet ne semble avoir bougé depuis la fin de l’ère soviétique : des photos, tableaux ou broderies montrant le tyran et sa belle moustache, ainsi que des explications rarement traduites dans une autre langue que le russe. Sans parler de la boutique qui vend des tee-shirts, des tote bags et même des pipes en bois à l’effigie du « petit Père des peuples ». Le culte de sa personnalité n’est pas mort !
Peut-être qu’une visite explicative aurait été intéressante, mais en l’état nous trouvons le prix d’entrée de 15 laris trop élevé pour admirer une simple collection de moustaches.
À l’extérieur et gratuitement, vous pouvez contempler un petit monument pompeux qui couve sous son toit… la minuscule maison de naissance de Staline, conservée intacte !
Uplistsikhe, vraiment trop glodytique
Non loin de Gori, nous visitons Uplistsikhe, une ville fondée au XIe siècle avant J.-C. Nous soupçonnons les habitants, qui furent jusqu’à 20 000, d’avoir fini par l’abandonner à cause de son nom impossible à retenir.
Déjà, le décor nous fait forte impression, vallonné tel une carte postale biblique. Nous ne serions pas étonnés de voir Moïse surgir avec son âne et ses tablettes sous le bras.
Ensuite, les restes de la ville nous laissent bouche bée. Ils consistent en un ensemble de cavités creusées à même la roche, certaines de taille importante. Un patrimoine inestimable dont il est possible d’explorer tous les recoins sans barrière. Bref, si la ville de Gori ne mérite pas vraiment le détour, les restes de celle d’Uplistsikhe complètement.
La seule touche de « modernité » est une chapelle orthodoxe, posée sur les ruines comme un parpaing sur une cabane en carton.
À ne pas rater, en bas du site, un long tunnel-escalier creusé dans la roche. L’entrée d’Uplistsikhe est à 7 laris.
Mtskheta, vous reprendrez bien une ou deux églises ?
Sur la route du retour vers Tbilissi, nous faisons deux étapes à Mtskheta. Notre théorie de dépeuplement des villes impossibles à prononcer s’effondre…
Le point d’intérêt principal de Mtskheta est le monastère de Djvari qui domine une vallée, surplombant au passage une autoroute majeure du pays. Pour vous donner une idée plus précise de l’importance de ce monastère pour les Géorgiens, nous avons vu l’un de nos chauffeurs de bus enchaîner ici neuf signes de croix, contre trois pour les autres églises.
Concrètement, le monastère ne semble plus habité et l’intérieur de l’église est l’un des plus sombres et moins décorés de notre voyage en Géorgie. Cependant, nous arrivons en pleine messe et la ferveur ressentie chez les fidèles est profonde. L’autre attrait de Djvari est la vue qu’il offre sur Mtskheta et sur la confluence de deux rivières.
Notre deuxième visite à Mtskheta est la cathédrale Svetitskhoveli, qui détenait le titre de la plus grande de Géorgie avant d’être éclipsée par celle de Tbilissi en l’an 2000. Un endroit serein, protégé par un rempart qui l’isole de la ville.
À nouveau, nous tombons sur une messe conduite par des popes, tournant autour des fidèles avec de l’encens et vêtus pour une fois de façon très colorée. Le tout sous la surveillance d’une immense peinture de Jésus au-dessus du cœur.
Pour le dîner, nous dégustons la spécialité de Mtskheta : le lobio, un plat géorgien de haricots rouges cuisinés avec des épices et servis dans un pot en terre. Ça n’a pas l’air comme ça, mais accompagné d’un petit pain au maïs c’est délicieux !
Conseils pratiques pour visiter Gori et Mtskheta
Trajet de Tbilissi à Gori
Les marshrutkas partent de la station Didube. Mais ne vous faites pas avoir comme nous. Il y a normalement un bus qui part chaque heure pour rejoindre le centre de Gori pour 3 laris. Celui que l’on nous a indiqué nous a coûté 5 laris et nous a lâchés sur le bord de l’autoroute, à 4km de Gori. Pour être déposés dans le centre, retenez bien comment s’écrit Gori en géorgien (გორი) et partez dans la station Didube à la recherche du bus qui affiche précisément ce nom.
Trajet de Gori à Uplistsikhe
À notre connaissance, ce n’est pas possible en bus. Il faut emprunter un taxi depuis Gori.
Trajet de Tbilissi à Mtskheta
Plusieurs départs par heure depuis la station Didube pour 1 lari et 20 min de route seulement. Ils déposent en ville. Après, il est nécessaire de prendre un taxi ou de marcher longuement pour monter au monastère de Djvari situé à une dizaine de kilomètres.
Une autre solution est de partir en excursion à la journée avec une agence (27€ par personne) qui vous emmène visiter Gori, Uplistsikhe, Djvari, Mtskheta depuis Tbilissi. Voir le détail et les disponibilitési.
Pour notre part, nous avons retrouvé des connaissances avec voiture à Gori et réalisé ensemble toutes les visites de la journée (Gori, Uplistsikhe, Djvari, Mtskheta, retour à Tbilissi). Il nous semble assez compliqué de faire la même chose en un seul jour sans voiture.
Cette introduction donne envie d’écrire un commentaire qui n’a rien à voir avec l’article. Mais étant un peu en panne d’inspiration, je n’en ferai rien !
David Gareja, j’avais vraiment adoré ce lieu, et avais regretté de ne pas être parti avec mes affaires pour rester ensuite quelques jours à l’auberge perdue par très loin où le mini bus s’arrête.
Il y avait des gardes-frontières par contre quand j’y suis allé. Enfin plutôt des militaires, mitraillette en bandoulière. Ils étaient assez cool, j’ai fumé une clope avec. Ils laissaient passer les gens pour faire le tour de la crête qui techniquement entre en Azerbaïdjan, mais ils faisaient bien comprendre qu’il n’était pas question de s’aventurer hors du sentier.
On est d’accord, David Gareja est l’un des coins les plus surprenants de Géorgie. Les paysages… cette vue sur les steppes d’Azerbaïdjan… des villes industrielles que l’on devine tout au bout…
Tiens on connaît un couple qui est resté quelques jours à l’oasis (c.f. le dernier dessin du lundi). La ville aurait été conçue de toutes pièces en urgence pour montrer que des Géorgiens vivaient ici et éviter que la région ne devienne azerbaïdjanaise !
Je continue de prendre note de ces beaux endroits en prévision de mon voyage l’été prochain. Utilisez-vous des guides touristiques et si oui en avez-vous un à recommander (en anglais ou français)? De même, des pistes pour apprendre un peu de géorgien avant le départ? Merci!
Oui, on utilise le Lonely Planet Géorgie/Arménie/Azerbaïdjan (en anglais, ils ne l’ont pas traduit en français) et il est bien. Mieux en tous cas que sur plein d’autres pays. En revanche il commence à dater, peut-être qu’ils en sortiront une nouvelle version en 2019 !
Merci du renseignement!
Wahou, mais ça donne vraiment envie, j’ai du retard dans les articles, je vais m’empresser de tout lire, franchement, ça nous conviendrait bien comme destination !!! Merci pour la découverte !
Oui, un petit pays avec beaucoup à offrir et une belle nature, on vous y verrait bien !
Vos articles sur la Georgie sont vraiment vraiment fantastiques, merci et bravo ! Je pars dans une semaine, super excitée !!!
Merci Lucie, profite bien !
Merci pour votre blog qui nous a permis de bien organiser notre séjour en Géorgie à partir de notre pied à terre à Tbilis.
Avec plaisir ! Merci d’être venu nous laisser un petit mot !