La mondialisation a profondément modifié Bali ces dernières décennies. Les Balinaises se sont couvertes alors que certaines vivaient seins nus jusque dans les années 80. Une loi encadre les combats de coqs, désormais interdits sauf en de rares occasions. Des villes se sont développées en bord de mer, au plus près des démons dont on restait éloigné autrefois…
Ce ne sont cependant que de légers ajustements, si on les compare aux traditions millénaires qui continuent d’imprégner la société balinaise et qui nous ont menés de surprise en surprise lors de notre long séjour sur l’île des dieux.
Voici une sélection de huit traditions de Bali amusantes que nous avons notées.
1 – Donner le même prénom à tout le monde, ou presque
Dans la caste des Sudras, autrefois les paysans, qui représente 90% de la population à Bali, on attribue au premier enfant de la famille le prénom Wayan. Fille ou garçon, qu’importe, c’est Wayan. Pas de choix pour le deuxième non plus, il s’appelle Made. Le troisième est Nyoman et le quatrième Ketut. Et si un cinquième enfant naît… on recommence avec Wayan comme le premier ! Le sixième enfant s’appellera comme le deuxième et ainsi de suite.
Pour compliquer les choses, les Balinais ne possèdent pas de nom de famille. À la place, ils ont un nom choisi par les parents, généralement en fonction du caractère ou du physique de l’enfant à sa naissance.
2 – Habiller les arbres
Rapidement, nous avons remarqué que certains arbres étaient vêtus d’une jupe en tissu. Le même tissu, à damier blanc et noir, qui entoure certaines statues dans les temples de Bali.
Nous nous sommes renseignés sur ces arbres plus pudiques que les autres. Il s’agit de ceux que les Balinais pensent habités par un esprit invisible. Ce sont le plus souvent des banians, une espèce considérée sacrée dans la religion hindoue, mais parfois d’autres arbres, voire des grosses pierres.
Concernant le banian, cet arbre possède une technique assez originale pour grandir. Ses branches laissent pendre de longues racines qui poussent vers le sol et dès qu’une racine atteint la terre, elle se consolide pour devenir un nouveau tronc. Ce n’est pas un nouvel arbre, juste un nouveau tronc pour le même arbre. Pour éviter que les banians, même sacrés, ne deviennent trop envahissants, les Balinais surveillent les racines et appliquent un petit coup de ciseau lorsqu’elles approchent du sol.
3 – Marier un défunt à un poteau
Après un décès, le corps est veillé, plusieurs jours durant, sur un lit situé dans la cour de la maison familiale. Si le défunt était en âge de se fiancer mais célibataire au moment de sa mort, il devient nécessaire de le marier au plus vite avant de procéder aux funérailles. Et comme nul vivant n’aurait envie d’épouser un mort, les Balinais ont trouvé une parade astucieuse : marier le macchabée au poteau le plus proche. De toutes façons la dépouille ne peut pas se plaindre, ni le poteau d’ailleurs. Dans la croyance balinaise, le défunt se retrouve alors marié non pas simplement à un poteau mais à une notion abstraite : « le Respect ».
4 – Bringuebaler le corps d’un défunt dans tous les sens
Lors d’une cérémonie funéraire à Bali, le cercueil est placé dans une petite tour en bambou et conduit jusqu’au lieu de crémation par de nombreux porteurs, entre dix et quarante selon la popularité du défunt. Mais l’heure n’est pas au recueillement dans le cortège. Au contraire, les porteurs vont faire tout leur possible pour secouer et cahoter la tour.
L’objectif est de déconcentrer et désorienter l’esprit du défunt pour l’empêcher de retrouver son chemin et de hanter son village et sa maison. La technique la plus efficace semble être de tourner une ou deux fois sur place à chaque carrefour pour qu’il ne sache plus d’où le convoi provient !
5 – Déposer des cigarettes et des billets en offrande
Les Balinais déposent chaque jour des offrandes pour remercier les dieux. Nous trouvions déjà étrange que les Balinais y placent des friandises dans leurs emballages plastiques, mais nous avons été encore plus étonnés la première fois que nous avons vu une cigarette dans le petit panier. Soit les Balinais ne savent pas que fumer est nocif, soit, et c’est plus probable, les dieux sont immortels.
Nous avons également aperçu des billets de banque dans les offrandes, en particulier dans les temples. Ce que les dieux achètent avec ? Aucune idée, nous sommes preneurs d’une explication !
6 – Respecter le jour du silence
Chaque année au mois de mars, c’est Nyepi, le jour du silence. Ce jour-là, les démons entreprennent une grosse descente sur l’île. Jamais à court de parades, les Balinais se calfeutrent pendant vingt-quatre heures chez eux en silence et tout est fait pour laisser penser que l’île est déserte, inhabitée, bref, sans intérêt pour les démons.
C’est vraiment toute l’activité de l’île de Bali qui se met en pause, les télévisions et même les lumières restent éteintes. Il est officiellement interdit de sortir dans la rue, y compris pour les non-hindous et les touristes. Des patrouilles de police sont aux aguets et elles ne plaisantent apparemment pas du tout.
7 – Remercier son scooter le jour de la fête du métal
Moins contraignante que le jour du silence, la fête du métal est célébrée chaque année par les Balinais.
La tradition de cette fête, née à une époque lointaine où les Balinais ne possédaient que quelques objets métalliques, est beaucoup plus démonstrative aujourd’hui. Tout le monde astique et prend grand soin de son scooter, sa voiture, ses ustensiles de cuisine ou de jardinage… avant d’y déposer des offrandes en pagaille. L’objectif est de remercier les objets pour leur aide, dans l’espoir qu’ils continueront de porter chance à leur propriétaire et qu’ils ne le trahiront pas pour une année supplémentaire.
8 – Se faire limer les dents
Passez le doigt sur vos canines. Vous sentez comme elles dépassent par rapport aux autres dents ? Eh bien les Balinais n’ont pas ce problème. Chaque adolescent, garçon ou fille, doit se soumettre au rituel de passage à l’âge adulte qui consiste à se faire limer les canines. Lors d’une fête organisée pour l’occasion, un brahmane donne quelques coups de lime sur les dents qui dépassent… sans anesthésie. Ouille !
S’il s’agit peut-être du secret des beaux sourires balinais, ce rituel a une signification plus profonde. Les dents pointues représentent le côté bestial de l’humanité. En les éliminant, l’enfant devient un adulte sage et responsable, qui ne se laissera pas dominer par la colère, la jalousie ou d’autres vils instincts.
Si vous connaissez d’autres traditions balinaises amusantes, partagez-les avec nous !
Très intéressant de connaître ces rituels balinais et les dessins sont vraiment très drôles !
Merci ! Ce ne sont que les plus surprenants que nous avons mentionnés ici, il y aurait des livres entiers à écrire sur l’ensemble des traditions balinaises !
Merci pour l’article, je ne connaissais pas la plupart ! 😀
Pour l’argent dans les offrandes par contre, un Wayan me l’a expliqué. Les offrandes sont pour remercier de ce que tu as eu (entre autres choses je pense), donc si tu avais besoin d’argent et que tu viens d’en avoir, tu en mets dans ton offrande pour remercier le dieu en lui en redonnant un peu.
Wayan a aussi expliqué que dans le cas de l’argent, ils le récupèrent le soir ou au bout de quelques heures ^^
Pour les cigarettes, j’ai peut-être une explication.
Toujours le même Wayan m’a expliqué pourquoi il y avait des offrandes par terre, et d’autres en hauteur.
Celles en hauteur (sur les scooters, les murets, les petits temples…) sont pour « le bien », et celles au sol sont pour les mauvais esprits. Il faut aussi les satisfaire pour l’équilibre. Généralement ils offrent des choses « mauvaises », bin oui, les mauvais esprits aiment les mauvaises choses ^^ Il m’a cité l’alcool par exemple (et moi je croyais que les filles mettaient des gouttes d’eau bénie ou quelque chose comme ça… je pense que c’était en fait de l’alcool XD). A mon avis les cigarettes trouveraient leur place là 🙂 On dirait qu’il y a une friandise aussi, sur la photo.
Voilà voilà. Merci pour les infos sur le mariage au poteau (je ne me serais jamais attendue à ça !!!) et l’habit des arbres (on m’avait expliqué mais j’avais pas compris). A bientôt.
C’est pratique ça, de pouvoir récupérer les offrandes quelques heures plus tard. Merci pour les explications ! Pour la cigarette, elle était à mi-hauteur, difficile de savoir si c’était pour les forces du bien ou celles du mal.
À bientôt !
Wahou c’est incroyable ces traditions… Elles sont poétiques, charmantes, drôles, et très logiques quand on y pense…! Je trouve ça génial un peuple entier qui a conservé autant de traditions !
Oui, tout est logique, tout se tient. Le plus amusant est que les Balinais connaissent parfaitement le fonctionnement des esprits et ont imaginé toutes sortes de parades pour éviter tout problème !
Très intéressant, merci pour enrichir ma culture !
Merci !
Bravo encore une fois .
Vos articles nous font voyager , merci à vous .
Merci ! C’était notre dernier article sur Bali, bientôt de nouvelles destinations !
On adore les textes comme ça !
Super les dessins et ces sacrées coutumes.
J’ai vu des cigarettes en offrande en Asie du Sud-Est aussi. Et aussi des faux billets de banque genre Monopoly. Mais là-bas, c’est pour que le grand-père passe un peu de bon temps au ciel (enfin si j’ai bien compris !)
Énorme cette coutume du jour du silence !
Eh bien on a hâte de voir ça dans les autres pays d’Asie ! Maintenant que nous sommes aux Philippines, retour à la culture chrétienne, avec peu de découvertes en perspective au niveau des croyances !
Que de traditions surprenantes pour nos esprits occidentaux ! Elles ont apparemment été sources d’inspiration pour le dessinateur… Une fois de plus, bravo à tous deux et merci pour ce partage !
Oui ! C’était très amusant de les découvrir les unes après les autres.
Hello,
Je ne pensais pas que vous resteriez encore à Bali.
Vous savez que ma soeur y habite depuis 3 ans ?
Elle parle balinais, et elle peut vous apprendre d’autres choses.
Elle est à canggu, le paradis des surfeurs.
Vous la trouverez au old man par exemple le soir.
C’est mon portrait craché.
Elle vie comme eux, sans Rdv (ou à 2h près), donc le mieux c’est le hasard… mais peut être que vous aller repartir ?
Elle donne des cours de yoga Et pratique le Reiki quand le’ ne fait pas la fête ou du surf.
Pour ce qui est des cérémonies, Bali est moins compliqué que le pays toraja. Mais les cendres des enfants mort trop jeunes sont placés dans les arbres, les hommes dans la pierre.
Les hommes offrent des offrandes à la famille des défunts selon la son importance ils sacrifient leur plus beaux boeufs, cochon (et si possible albinos). À Bali, les offrandes sont fait pour avoir des clients.
Les enfants à Bali se servent de ces bonbons en cadeaux
Coucou Clémentine !
Nous savions que ta sœur vivait à Bali, mais nous pensions qu’elle était rentrée en France ! Maintenant nous sommes déjà loin de Bali, nous avons un temps de retard sur les articles…
Merci pour ces informations sur les funérailles, nous ignorions que les Balinais répandaient les cendres dans les arbres ou la pierre, et qu’ils sacrifiaient des animaux.
Nous avons jeté un œil aux traditions torajas, sur l’île de Sulawesi, elles ont l’air bien originales aussi.
A bientôt !
J’oubliais pour
Les prénoms c’est plus simple que ca :
L’aîné
Le second
Le troisième…
c’est pour ça que c’est souvent les mêmes.
Coucou 😉 Je suis scotchée, je ne connaissais pas du tout ces traditions indonésiennes. Sérieux, les prénoms ça a l’air quand même compliqué pour se distinguer les uns des autres !! Et se faire limer les dents… Aïe !
Haha, c’est clair que ça ne facilite pas la vie en communauté… Mais figure-toi qu’on vient de découvrir à peu près la même chose en Géorgie. Près de la moitié des hommes s’appellent George et la moitié des femmes s’appellent Nino !
Bonjour mifugue mi raison,
J’adore votre Blog, beaucoup de travail pour écrire un tel carnet sur autant de pays !!!!
J’espère bientôt revenir à BALI pour la 4ème fois et j’ai glané de nouvelles adresses sur Bali.
Pour moi, les plus beaux endroits à visiter sont le palais aquatique de Sebatu et Tirta Gangga.
D’accord avec vous sur Ubud. J’aime bien cette ville mais la pollution et le bruit du centre-ville, c’est trop pour moi.
Moi, je vis à KELIKI quand j’y vais, dans un village de peintres et j’adore !
http://odile-en-chemin.over-blog.com/2018/09/keliki-adieu.html
Encore bravo 👏 👏 👏 👏 👏
Bonjour Odile,
Merci d’être passée par ici. De notre côté, on note d’aller faire un tour à Keliki lors d’un prochain voyage à Bali !