Vadrouillant sans voiture au Monténégro, nous nous sommes creusé la tête pour trouver comment explorer tout de même le parc national de Durmitor. Et en toute modestie, nous pensons avoir trouvé le meilleur des meilleurs moyens, toutes catégories confondues. Nous nous sommes élancés sur le Durmitor Ring, une route bitumée d’environ 80 kilomètres qui gambade dans la montagne sous la forme d’une boucle depuis Žabljak. Mais si certains le sillonnent en voiture ou à moto, c’est à vélo que nous nous sommes élancés, comme des athlètes.
Bon, d’accord, de petits athlètes puisque nous avons opté pour des vélos électriques, mais des athlètes quand même.
Au final, malgré la météo un peu enquiquineuse, cette boucle s’est avérée être notre meilleur souvenir de voyage au Monténégro !
Nos conseils pour profiter du Durmitor Ring à vélo peuvent aussi être utiles à nos amis motorisés, puisqu’il s’agit du même itinéraire à 95%. Mais ne vous lancez pas sans connaître cette règle tacite : la route étant étroite, le sens antihoraire est recommandé aux voitures et horaire aux véhicules plus larges type camping-cars. Ou alors, posez le volant et louez des guidons, vous en profiterez mieux !
Notre Durmitor Ring en résumé
Les 80km du Durmitor Ring peuvent se parcourir en une seule journée de vélo, surtout électrique. Deux auberges-restaurants situées à mi-route dans le village de Trsa permettent d’ailleurs de recharger estomacs et batteries, histoire de tenir jusqu’au bout.
Pas pressés, nous optons pour une virée sur deux jours dans le sens horaire, avec nuit dans une petite auberge familiale à Nedajno, aux deux tiers de la route, et nous ajoutons un détour de douze kilomètres le deuxième jour vers le point de vue de Ćurevac.
En deux mots, les sections les plus impressionnantes du Durmitor Ring sont celles du sud et du nord, plus proches des sommets. L’est et l’ouest sont raplaplas et moins sauvages.
Premier jour : montagnes en fleurs, déluge et cabanette
Afin d’éviter la grosse route à vélo, nous quittons Žabljak par ce chemin de forêt. Puis nous longeons une bonne centaine de chalets et tout autant de prés fleuris en guise de mise en bouche.
Un pic enneigé s’approche et finit par nous contourner. Ouf ! Mais nous n’allons pas éternellement échapper au dénivelé, qui arrive peu après. Nous laissons la civilisation dans la vallée et entamons une lente et régulière montée vers les hauteurs, entrecoupée de pauses photo non négociables sur des paysages de plus en plus majestueux.
Notre premier col s’élève à 1900m, bientôt suivi d’un second. Début juin, quelques monticules de neige font de la résistance, concurrencés par l’arrivée des fleurs, des papillons et des troupeaux de moutons.
Le trafic routier est globalement calme et, sauf rares locaux foufous, les voitures croisées sont lentes et prudentes, de peur de finir mille mètres plus bas. Nous croisons aussi des motards par bandes entières : italiens, grecs, autrichiens, tchèques… Notre avantage, en tant que cyclistes, est de pouvoir nous arrêter pour des pauses panoramiques partout, et pas juste sur quelques points de vue aménagés.
Après un deuxième col, la montagne la plus photogénique se dévoile dans notre dos, striée d’étonnantes balafres verticales.
Quelques gouttes s’invitent sur nos fronts, et ce n’est pas de la sueur. Heureusement, plus de peur que de pluie, le soleil réapparaît rapidement. Des alouettes, gentilles alouettes, accompagnent alors notre pause goûter dans un champ en fleurs. Puis c’est avec un cycliste Lituanien que nous partageons un bout de route. Lui se rend en Bosnie-Herzégovine, et sans assistance électrique !
La route s’incline et nous redescendons tranquillement vers le village de Trsa, serpentant entre fermes et chalets, avec vue sur un nouvel horizon de montagnes enneigées. Tout irait bien dans le meilleur des mondes si…
… un ciel de fin du monde n’était pas en train de nous rattraper !
Nous battons des records de vitesse pour nous réfugier dans un restaurant de Trsa. Il était moins une ! Le ciel s’ouvre et déverse toute l’eau de l’univers 2h30 durant.
Nous attendons encore un peu que la route absorbe le surplus d’eau, et… la vie reprend son cours !
Une épaisse forêt plus tard, nous atteignons notre village-étape de Nedajno, éparpillé sur un large plateau.
Mais ce qui retient notre attention, ce sont ces nuages qui se promènent presque à notre hauteur. Étrange…
Nous nous approchons et tombons sur un ravin. Ou plutôt un canyon, étroit, profond, magnifique. Tout le monde loue les dimensions et l’esthétisme du Tara Canyon, mais ce Sušica Canyon nous paraît tout aussi renversant.
Quelle journée, mes aïeux ! Nous rejoignons la cabane que nous avons réservée pour la nuit, tenue par une famille qui cuisine dîner et petit déjeuner avec les produits de sa ferme.
Deuxième jour : canyons de haut en bas
Nous voyons atterrir sur la table du matin un saladier entier de priganice, des beignets traditionnels, assortis de kajmak, une crème presque aussi dense que du beurre.
De quoi nous donner l’énergie nécessaire à la première épreuve de la journée : descendre tout au fond du canyon de Sušica aperçu la veille et remonter de l’autre côté.
Cette portion du Durmitor Ring nous offre un nouveau type de paysage mêlant bois et rocs et… une sacrée surprise. Ne ratez pas, au fond du canyon à droite, le détour de trente secondes jusqu’au lac Susicko Jezero qui ne se devine pas depuis la route. Enfin, cela dépend de la saison, car il s’évapore entièrement l’été.
Nous remontons ensuite la côte la plus pentue du Durmitor Ring (merci le vélo électrique), pour retrouver un nouveau plateau occupé par le village de Mala Crna Gora. Ce « Petit Monténégro » est connu pour se retrouver isolé par la neige une grande partie de l’année.
Nous reprenons de l’altitude pour dépasser à nouveau les 1900m, avec à la clé nos premiers points de vue sur le Tara Canyon. Enfin ! Il n’est pas très étroit ni abrupt, plutôt du genre évasé, mais ses dimensions sont telles qu’il pourrait contenir approximativement 3,94 tours Eiffel.
Nous visions une pause dans un restaurant repéré sur la carte à Bosača, mais il est fermé, assorti de remontées mécaniques de ski qui semblent elles aussi abandonnées. Plan B : nous avalons des beignets rescapés du petit déjeuner, glissés au fond du sac par notre hôte.
La suite du Durmitor Ring n’est plus que descente, à moins que vous n’optiez comme nous pour un détour vers le point de vue de Ćurevac. Nous accrochons nos bolides près de la cabane du gardien et marchons une trentaine de minutes jusqu’au point le plus haut et le plus vertigineux. Doudiou, quel spectacle ! Et des deux côtés, s’il vous plaît !
Il ne nous reste plus qu’à rendre les vélos à Žabljak et dévorer un goûter bien mérité.
Notre avis sur le Durmitor ring
Quelle région ! Et quelle superbe aventure ! Nous avons eu l’impression que la boucle nous apportait les plus beaux paysages du Durmitor l’un après l’autre sur un plateau, avec une grande variété, ainsi que ses imposants sommets presque à hauteur d’yeux. Bref, ne loupez pas ce Durmitor Ring, quel que soit votre moyen de locomotion. Et si c’est à vélo, c’est encore mieux, l’assistance électrique rendant la balade accessible même aux non sportifs. Enfin, la nuit en cabane ajoutait son petit charme, ambiance « Monténégro profond ».
Conseils pratiques pour le Durmitor Ring à vélo
Louer des vélos à Žabljak
Plusieurs agences proposent globalement le même service au même tarif. Nous avons opté pour Durmitor Adventure, qui nous a semblé la plus sérieuse. Elle loue des VTT électriques pour 50€ la journée (aucunement besoin du VTT « full suspension » à 70€). En arguant la basse saison, nous avons négocié une réduction de 10%. Tentez, on ne sait jamais ! Et comme nous avons rendu nos bécanes avant 14h le deuxième jour, ils ne nous ont compté qu’une demi-journée. Soit une addition finale de 72€ par vélo. Cela reste un budget, mais les engins étaient vraiment excellents, confortables et équipés de batteries longue durée.
Seul regret, l’absence de garde-boues et porte-bagages. Nous avons remué tout Žabljak à la recherche de bicyclettes équipées, sans succès. Ce qui nous a contraints à porter nos affaires sur le dos, incluant chargeurs de batterie et kit de réparation.
Alternatives pour visiter le Durmitor Ring à vélo
Comme expliqué en début d’article, il est possible de parcourir le Durmitor Ring en un seul jour, mais la batterie des vélos risque de ne pas suffire. Une pause recharge dans un restaurant de Trsa devrait aider.
Si vous vous posez la question, les pneus montagne n’étaient pas particulièrement utiles. Le seul passage non bitumé était notre raccourci par la forêt au départ de Žabljak, mais des pneus de route peuvent l’emprunter aussi, ou faire le détour. Restent quelques nids de poule sur l’asphalte tout au long du Durmitor Ring, facilement esquivables.
Quant à réaliser la boucle à vélo sans assistance électrique, c’est possible, mais c’est sport. Comptez environ 2000m de dénivelé positif sur le Durmitor Ring et quelques gouttes de sueur en plus pour le détour vers Ćurevac.
Dormir sur le Durmitor Ring
Nous avons choisi la Guesthouse Nedajno (~45€ avec petit déj)i, dans le village du même nom. Le confort est sommaire, la chambre est minuscule, sans radiateur (mais de grosses couettes) et avec une seule prise électrique (nous avons rechargé les batteries des vélos dans la salle du restaurant). Enfin, nous partagions la salle de bain avec un couple de cyclistes italiens. Voilà pour les défauts. Pour les qualités, c’est très propre, le village est tout calme, le lieu a du charme et l’accueil est excellent.
La mère, douée en cuisine, propose le dîner en supplément (végétarien en prévenant). Nous avons eu des légumes grillés, des crudités, des pommes de terre et des petits pois mijotés, du pain tout frais et une louchette de la fameuse crème des balkans, le kajmak.
Pour ceux qui préfèrent dormir à la moitié du Durmitor Ring, c’est-à-dire à Trsa plutôt qu’à Nedajno, l’hébergement Katun Ljeljenak (~47€)i semble bien lui aussi.
Derniers conseils en vrac
- Prévoyez du cash pour régler votre nuit, votre restaurant ou encore le « ranger volant » qui vous demandera les 5€ de droits d’entrée du parc national si vous le croisez.
- Le Durmitor Ring n’est pas envisageable en hiver, certains cols étant enneigés. Cela devrait être bon de mai à novembre, sauf imprévus.
- Les imprévus peuvent aussi inclure des pluies (fréquentes au printemps) et des orages de montagne l’été. Surveillez le ciel et ne tentez pas le diable.
- Nous avons laissé nos gros sacs dans notre logement de Žabljak pendant notre tour sur le Durmitor Ring. De ce fait, nous n’avons pas de conseils pour le stockage de bagages. Si vous trouvez un plan, n’hésitez pas à revenir nous écrire. Peut-être chez le loueur de vélo ou dans une chambre d’hôtes ?
- Pour d’autres conseils de visite sur le parc national du Durmitor, jetez un œil à notre article sur Žabljak et le Lac Noir.
Mais quelle magnifique balade bucolique et gourmande
Au fait, merci de continuer à alimenter ton blog, c’est toujours tellement plus riche, plus chouette, plus drôle, plus intéressant que ces petits carrés assoiffés de like d’un reseau social dont on taira le nom 🙂 merci de ne pas céder à cette facilité et de venir raconter vos aventures ici
Bonjour Wally,
Merci de venir passer une tête par ici. Nous remarquons que votre blog est toujours bien alimenté lui aussi 🙂
Bonjour, merci pour cet article super intéressant ! Savez vous dans quel restaurant il est possible de recharger sa batterie le midi? Est ce gratuit si l on déjeune sur place?
Merci!
Bon week end
Salut Hugo, de mémoire les deux restaurants de Trsa proposent de charger la batterie et oui, c’est censé être gratuit. Bonne découverte du Durmitor !
Bonjour,
Encore un super récit merci beaucoup! Vous avez mentionné dans l’introduction que pour les plus gros véhicule il est mieux de faire le tour dans le sens horaire. Merci pour ce conseil. Pensez vous que cela peut être dangereux au vu de la route étroite ou il y a toujours possibilité de croiser d’autres voitures?
Merci beaucoup (nous voyageons en fourgon et nous inspirons beaucoup de vos itinéraire/conseils)
Bonjour Lauranne,
Ça devrait passer avec des précautions, la route n’est pas si étroite que ça. Bon voyage !