Lors de notre séjour d’un mois à Catane, nous assistons à une éruption de l’Etna. Oh, rien de méchant, juste une petite coulée de lave accompagnée d’un joli panache, qui, hasard du vent, nous retombe sur le coin du nez. Une semaine plus tard, le plus haut volcan d’Europe s’est rendormi et a même gagné à la faveur de l’hiver un manteau blanc qui lui va à merveille. L’heure est venue d’aller le chatouiller avec nos chaussures de randonnée !
Une solution économique pour monter sur l’Etna depuis Catane
Nous avons envisagé plusieurs options logistiques. La plus simple est l’excursion en groupe depuis Catane, hélas elle dépassait notre budget. Et comme nous aimons randonner seuls, nous avons continué à farfouiller. Une autre option consiste à louer une voiture pour la journée, mais cela reste cher et inclut une pointe de stress dont nous nous passons volontiers.
Nous avons fini par découvrir une solution rarement évoquée : l’existence d’un bus public entre Catane et l’Etna. Il dépose les visiteurs à 1900m d’altitude au refuge Sapienza, c’est-à-dire le point le plus haut accessible par la route, puis il revient les chercher en fin d’après-midi. Bingo, c’est exactement ce que nous recherchions !
Un œil sur la météo de l’Etna
Il ne nous reste plus qu’à nous assurer que nous ne nous transformerons pas en glaçons là-haut. Car cela ne plaisante pas en hiver ! Comptez entre 10°C et 20°C de moins sur l’Etna qu’au niveau de la mer selon l’altitude que vous visez et ôtez 10°C supplémentaires sur le ressenti en cas de vent fort. Nous attendons sagement une fenêtre de beau temps et…
Sapienza, le refuge qui renaissait de ses cendres
Après une bonne heure de bus, les paysages sont dignes d’une autre planète. Les roches magmatiques ont fichu un bazar pas possible : mini-cratère par-ci, maison à moitié ensevelie par-là et sol hérissé de roches tranchantes partout.
Refuge Sapienza, terminus. Nous nous attendions à deux baraques et trois poules, il s’avère bien plus imposant. Imaginez un parking capable d’accueillir quarante cars et des centaines de voitures, entouré de magasins, restaurants et même hôtels. Le plus surprenant, c’est que ce complexe touristique qui a dû coûter un pactole est à la complète merci du volcan. Papi Etna pourrait se lever du mauvais pied un matin et décider de le rayer de la carte, ce qu’il a déjà fait.
Même si nous avons déjà l’impression d’être très haut, notre refuge est encore loin du sommet, 1450m au-dessus.
Plusieurs possibilités s’offrent à nous. L’une d’elles consiste à monter quelques paliers supplémentaires, soit à pied, soit à moteur. C’est-à-dire qu’un téléphérique est là pour aider à atteindre 2500m (nouveau tarif mars 2023 : 50€ l’aller-retour depuis Sapienza). Puis une navette 4×4 propose de grimper jusqu’aux 3000m et d’approcher un groupe de cratères qui fument un peu (pour 38€ de plus). Beaucoup appellent cela le « sommet », mais au sens large, car il ne s’agit toujours pas du point le plus haut.
Les termes utilisés dans les guides sont un peu flous et c’est normal. La tête de l’Etna est constellée de « bouches » qui s’ouvrent et se referment au gré des éruptions. Résultat, le point le plus haut change souvent de position et d’altitude. À l’heure où nous écrivons, seules des excursions organisées avec guides sont autorisées à viser les cratères les plus élevés, au-delà de 3300m, qui sont aussi les plus fumants.
Pour plus d’infos, nos collègues les globe blogueurs ont écrit cet article fort utile sur ce qu’il est possible de faire là-haut.
Sauf qu’en hiver, avec la neige, rien de tout cela n’est garanti. Pour notre part, déjà ravis d’être à 1900m sur le flanc du volcan et pas du tout équipés pour faire des bonhommes de neige, nous nous lançons dans une…
Randonnée jusqu’à la vallée del Bove
Le jour de notre aventure, la neige mouchette joliment le paysage à partir de 1800m environ, et reste praticable sans raquettes au moins sur quelques centaines de mètres de plus.
Cela nous encourage à partir en crapahutade. Nous suivons un sentier appelé schiena dell’asino, c’est-à-dire dos de l’âne, qui grimpe doucement jusqu’au belvédère de la vallée del Bove, du bœuf.
Pour compléter le bestiaire, nous commençons par rendre visite à deux « culs-de-poules » : les cratères Silvestri. Nés en 1892, ils ont eu le temps de bien refroidir depuis.
Nous parcourons la crête du Silvestri inférieur…
… avant de jeter un œil par-dessus la corniche du Silvestri supérieur, plus grand, plus large, plus fort, plus haut. Bref, supérieur.
Ça y est, nous sommes déjà fans de l’Etna. Nous traversons ensuite un bosquet dans lequel la neige, progressivement, se grise. Un nuage de cendres a dû passer avant nous.
Avec la poudreuse qui absorbe le son de nos pas, tout est extrêmement calme. Sans les empreintes précédentes, nous nous sentirions loin de toute civilisation.
D’un coup, la vue s’ouvre sur la vallée del Bove coiffée d’un panache de fumée.
Ce n’est pas une simple vallée, c’est une immense caldera de cinq kilomètres de diamètre, c’est-à-dire un ancien cône volcanique qui s’est effondré sur lui-même. L’absence de végétation laisse penser que la lave aime dévaler par ici, et c’était justement le cas la semaine précédente.
D’ailleurs, tandis que nous pique-niquons, nous repérons l’apparition de nouvelles fumées dans la partie haute de la vallée. Bientôt elles forment un nuage qui s’épaissit. Hmm… est-ce qu’une coulée de lave est en train de se préparer ? Est-ce qu’il faut courir ? Est-ce que nous allons griller comme des saucisses Hertna ?
Mais le monstre reste impassible. Plus de vapeurs que de mal. Pour la suite de notre randonnée, nous pensions continuer à monter et réaliser une boucle jusqu’au refuge, sauf que la pente est raide et la neige glissante. Il nous manque clairement des crampons. Pas de souci, nous revenons sur nos pas jusqu’au refuge Sapienza.
Notre avis sur cette petite randonnée sur l’Etna
Cette solution est loin d’être la plus aventurière, mais constitue une bonne idée pour une petite journée sur l’Etna, sans trop d’efforts ni de foule, peu onéreuse et néanmoins dépaysante. Elle est particulièrement adaptée à l’hiver, lorsque les conditions au sommet sont plus sibériennes que méditerranéennes et nécessitent un équipement dédié. En été, nous nous serions sûrement motivés à grimper à pied à partir du refuge Sapienza, sans prendre le téléphérique.
Conseils pratiques pour randonner sur l’Etna
Bus public depuis Catane vers le refuge Sapienza
Le bus de la compagnie AST décolle tous les matins à 8h15 de la gare routière de Catane, c’est-à-dire juste devant la gare ferroviaire. Comptez 6€60 l’aller-retour. Le départ est à 8h15 le matin et le retour part du refuge à 16h15. Il paraît qu’il vaut mieux arriver tôt pour sécuriser sa place en haute saison, malgré l’ajout d’un second bus. La montée prend environ 1h30, avec une pause de 15 minutes à Nicolosi. Vérifiez si nos informations sont toujours exactes sur le site d’AST.
Itinéraire de notre randonnée sur l’Etna
La randonnée que nous avions repérée est celle-ci, mais nous sommes finalement restés sur la partie basse à cause de l’épaisseur de la neige sur la partie haute. À adapter, bien entendu, à vos conditions.
De nombreuses autres randonnées sont possibles sur les pentes de l’Etna, n’hésitez pas à farfouiller sur Wikiloc ou à étudier Maps.me.
Monter sur l’Etna avec une agence
Nous savons que certains d’entre vous préfèrent se laisser guider. Plusieurs options d’excursions existent, vous pouvez retrouver la plupart sur ce sitei.
L’Etna est-il dangereux ?
Ne vous inquiétez pas, les Siciliens sont plus qu’habitués aux colères de l’Etna et savent évacuer les touristes avant qu’ils ne s’ébouillantent dans une coulée de lave. Un unique décès serait à imputer au volcan ces 35 dernières années.
S’habiller pour monter sur l’Etna en hiver
En choisissant un beau jour sans vent ni nuages, le froid était très supportable. Nous avions un manteau + deux pulls + legging sous le pantalon + gants + bonnet. Pour connaître les prévisions météo du refuge à 1900m, nous vous conseillons de surveiller cette page. Soustrayez 7°C pour connaître approximativement la température à 3000m et retirez encore un paquet de degrés s’il y a du vent. Enfin, cette webcam permet d’apprécier l’état neigeux au sommet du téléphérique à 2500m.
Pour information, nous avons repéré des loueurs de vêtements chauds au refuge Sapienza (peut-être louent-ils aussi des raquettes ?).
Dormir sur l’Etna
En commençant à nous renseigner, nous nous sommes posé la question de rester dormir sur place. Finalement, les horaires du bus se sont avérés parfaits et nous avons pu réaliser cette sortie à la journée depuis Catane. Si jamais cela vous intéresse, il existe cet hôtel très bien noté au refuge Sapienza (~130€ la nuit)i. Et pour moins cher (~85€), vous avez cet autre hôteli, plus authentique, mais qui n’est pas desservi par le bus et nécessite donc une voiture.
Des récits de voyage plein d’humour jamais trop longs , agrémentés de belles illustrations et de photos très alléchantes de vos visites. Vous savez transmettre le plaisir que vous avez pris à découvrir ces différents lieux et nous donner l’envie de voyager, peut être pas en réalité mais déjà dans nos têtes. Merci à vous et je vais partager votre blog auprès de mon entourage. Je vous souhaite de pouvoir continuer votre passion.Eliane
Merci beaucoup, ton message nous fait chaud au cœur et nous encourage à continuer !
C’est toujours un plaisir de vous lire. Merci pour ce bol d’air frais dominical qui donne envie de chausser nos chaussures de rando.
Merci à toi !
Wow, vos photos de l’Etna en hiver sont magnifiques, on se sent loin de toute civilisation en effet ! J’y étais montée en été, c’est aussi impressionnant mais beaucoup plus bondé…
Coucou les tortues, ça faisait longtemps 🙂
On ne saura probablement jamais à quoi ressemble l’Etna en été, mais effectivement on était bien peinards au milieu de l’hiver, il n’y avait pas un chat !
Bonnes vadrouilles à vous, où que vous soyez