Après Eghegnadzor, nous poursuivons notre voyage en Arménie avec deux étapes plus au sud : Goris puis Tatev.
À Eghegnadzor, nous hélons une marshrutka sur le bord de l’autoroute. En Arménie, n’importe quelle route un peu plus large que la moyenne est élevée au rang d’autoroute, même lorsque son état permet à peine de dépasser les 60km/h.
Nous ne nous lassons pas des paysages, passant de vallée en vallée, poussant des Ooooh, des Aaaah ou des Aïe lorsqu’une bosse nous envoie cogner le plafond. Naïfs, nous pensions qu’en glissant vers le sud, nous rencontrerions des paysages de plus en plus désertiques. C’est tout l’inverse, les collines arides laissent place à une verdure foisonnante et le ciel bleu s’emplit de nuages.
Nous sommes impressionnés par les meules de foin qui, dans chaque village, dominent les maisons, autant par leur taille que par leur nombre. À croire que nous assistons à un concours.
Les silhouettes de Goris
Alors que nous nous délestons de nos fidèles sacs à dos dans la chambre d’hôtes, nous découvrons la vue sur la colline en face. Waouh ! Goris met la barre très haut en termes de décor naturel. Une centaine de « cheminées de fées » nous toisent, les mêmes qu’en Cappadoce.
Nous traversons le centre-ville, ni particulièrement vivant, ni spécialement intéressant. Des barres d’immeubles soviétiques défraîchies, des travaux qui ne semblent pas près de se conclure, des détritus sur le bord des routes, des carcasses de voitures datant certainement de l’époque préhistorique… Les voyageurs à la recherche de beauté pure risquent de s’enfuir. De notre côté, à force de traîner nos savates dans ce coin du globe, nous nous surprenons à trouver du charme à ce type de lieu.
Nous profitons de Goris pour approfondir notre découverte de la cuisine arménienne. La grande passion du pays, le barbecue, n’est pas très compatible avec notre engagement végétarien. Nous nous en sortons en commandant des entrées, des accompagnements, et repérons par exemple le jingalov hats, un pain plat fourré aux herbes aromatiques qui devient vite notre snack préféré.
Allez, fin du suspense, nous fonçons voir de plus près les cheminées de fées. Figurez-vous qu’il ne s’agit pas d’une simple curiosité géologique pour ramoneurs ou magiciennes, mais de la ville originelle, Old Goris. Observez bien la roche, vous repérerez des portes et des fenêtres taillées.
Pas de panneaux, pas de flèches, rien n’est fait pour aider les touristes. En laissant nos pas nous guider, nous débusquons un chemin qui traverse le cimetière et grimpe sur la colline entre les singuliers rochers. Un lieu mystique pour un coucher de soleil contemplatif.
Conseils pratiques pour visiter Goris
Trajet entre Eghgnadzor et Goris
À Eghegnadzor, descendez tout en bas de la ville et attendez ici, au croisement avec la Highway, qu’une marshrutka passe. Nous avons patienté une quinzaine de minutes. Durée 2h, prix 1500 drams.
Dormir à Goris
Un accueil charmant, un beau jardin et des chambres confortables : Andranik B&B (~22€ la chambre double, petit-déjeuner compris)i est un bon exemple de l’hospitalité arménienne !
Manger à Goris
Nous avons testé Takarik, l’adresse la plus populaire, sans ressortir particulièrement emballés. En revanche, nous sommes tombés sur un restaurant parfait appelé Wine Garden. L’accueil est très enjoué, la terrasse agréable et les plats bons et bien présentés.
Tatev, au fin fond de l’Arménie
Nous poursuivons notre voyage en Arménie en direction de Tatev, un lieu situé à une vingtaine de kilomètres seulement de Goris, mais un peu plus touristique. L’attraction de ce village de montagne est un monastère, et son faire-valoir est un téléphérique. Pas n’importe quel téléphérique, le plus long du monde : 5,7km !
Afin de rejoindre ce fameux téléphérique, nous trouvons en guise de taxi un papi et sa Lada mathusalemiène. Notre première Lada !
Au départ, nous nous amusons du moteur un peu poussif, mais au fur et à mesure la voiture a de plus en plus de mal. Sur la fin, nous craignons même qu’elle ne parvienne jamais en haut de la légère côte.
Au pied du téléphérique, nous commençons déjà à écarquiller les yeux devant une large faille montagneuse. Notre cabine démarre en douceur et vise le sommet d’une colline en face et puis, par surprise, redescend dans le vide de l’autre côté. Bonjour l’effet montagnes russes !
Le téléphérique nous dépose non loin du monastère de Tatev. Vu d’ici, il n’est pas particulièrement impressionnant : une église assez simple, entourée de khatchkars en plus ou moins bon état. Il s’agit de stèles très courantes en Arménie sur lesquelles sont gravées des croix et qui semblent remonter à la nuit des temps.
À l’intérieur de l’église, un pope bénit les fidèles. Une longue file d’attente mène à celui qui, un doux sourire sur le visage, appose ses mains sur les têtes et récite quelques phrases. Puis chacun allume une poignée de cierges avant de quitter le bâtiment. À reculons, car les Arméniens ne tournent jamais dos à Dieu.
Ce qui rend le monastère si spécial, c’est sa position sur le bord d’une falaise. Pour mieux en prendre conscience, nous grimpons jusqu’à trouver le meilleur point de vue (ici précisément), celui qui montre les fondations à même la roche. Ils sont fous ces moines !
Tant que nous y sommes, nous poursuivons sur ce chemin à la découverte de la campagne arménienne. Sauf à aimer la rouille et les bâtiments défraîchis, les paysages n’ont rien d’incroyable. Trois hommes nous interpellent au loin et nous les rejoignons par curiosité. Ils souhaitent juste nous montrer leur étable, leurs quelques moutons et surtout leur énorme cochon.
Une légère brume descend tandis que nous rebroussons chemin vers l’auberge, au centre du village. Nous nous sentons hors du temps, revenus à l’époque de nos grands-parents ou arrière-grands-parents. Les rues sont en terre, des vaches s’enfuient devant nous, une femme rentre ses pintades pour la nuit, des chiens hurlent dans le lointain…
Au petit matin, sous 5°C, notre téléphérique du retour traverse la brume. Nous trouvons à nouveau une Lada en guise de taxi. Cette fois-ci, aucun souci au niveau du moteur, juste un problème de… moutons ! Nous voilà encerclés par un troupeau géant. Il occupe toute la largeur de la route, accompagné de bergers, chiens de bergers et même chevaux de bergers. Qui a dit que les grandes transhumances n’existaient plus ?
Nous remontons enfin dans une marshrutka, direction la capitale. Un nouvel arc-en-ciel de couleurs passe devant nos yeux : des forêts vertes, des vallées jaunes et des volcans roses. Nous repérons même quelques nids de cigognes. Eh non, ces volatiles ne sont pas exclusivement alsaciens, ils disposent d’un réseau mondial qui permet de livrer efficacement les bébés.
Conseils pratiques pour visiter Tatev
Trajet de Goris à Tatev
Il faut d’abord rejoindre la station de départ du téléphérique, située à l’entrée du village d’Halidzor, à 20km de Goris. Pour cela, nous avons payé un taxi 3000 drams l’aller simple. Pour le retour à Goris le lendemain, nous avons trouvé un taxi qui attendait sur le parking et qui a accepté, après un peu de négociation, le même tarif de 3000 drams. Pour ceux qui souhaitent réaliser l’aller-retour dans la même journée, le tarif généralement pratiqué est de 12000 drams, attente comprise. Il vaut donc peut-être mieux prendre chaque trajet séparément.
Emprunter le téléphérique « Wings of Tatev »
Le téléphérique a une contenance limitée et il n’est pas rare de devoir attendre plusieurs heures, en haute comme en basse saison, en raison des nombreux groupes qui viennent visiter le monastère. Nous pensions trouver facilement des places au guichet, mais nous avons obtenu les deux dernières et avons failli attendre quatre heures pour les suivantes. Réservez donc au plus vite sur le site officiel. Les tarifs et les horaires d’ouverture sont disponibles ici. Attention, en dehors de juillet et août, le téléphérique est fermé le lundi.
Dormir à Tatev
Très peu de touristes dorment comme nous à Tatev. La plupart viennent en excursion à la journée depuis Erevan.
Si jamais vous avez la même idée farfelue (pour contempler un lever ou coucher de soleil sur le monastère par exemple), notre chambre au Saro’s B&B (~25€)i était correcte mais basique et sans chauffage, ce qui commençait à poser problème début octobre. Brrrrr !
Manger à Tatev
Nous avons dîné au restaurant Saro’s géré par nos hôtes, près du monastère. Il est passable, sans plus, mais il y a peu d’autres choix à Tatev.
Trajet de Goris à Erevan
Pour retourner à Erevan depuis Goris, il faut attendre en haut de la ville, à la jointure avec l’autoroute. Cette fois-ci, nous avons poireauté 40 bonnes minutes, mais une marshrutka a fini par arriver, à moitié vide. Durée du trajet : 4h30, pause déjeuner de 45 minutes comprise. Prix : 5000 drams. Il est déconseillé de tenter après 13-14h, car très peu de marshrutkas passent alors sur cet itinéraire.
Que c’est beau ! J’aime beaucoup le côté très authentique et préservé de ce pays que vous me faites découvrir. On dirait la Turquie profonde. Enfin en tout cas, j’ai le même ressenti en vous lisant que j’avais eu là-bas.
Comment vous déplacez-vous au sein du pays ? Stop ? Transports en commun ? Taxis ?
T’es allée dans quel coin en Turquie ? Il doit y avoir pas mal de similitudes, en effet. C’est plein de charme ces endroits dont on ne sait pas grand-chose !
De ville en ville, on se déplace en bus public (« marshrutka »), ils se hèlent au bord de la route et il y en a assez fréquemment. Ensuite, pour rejoindre un site précis comme un monastère par exemple, ça se complique. Il faut alors soit faire appel à un taxi, soit faire du stop. Concrètement, on s’en est sorti en transports en commun mais ce n’est pas la norme. La majorité des touristes louent une voiture en Arménie, contrairement à la Géorgie par exemple ou tout se fait facilement en bus.
D’accord, merci pour ces informations complémentaires !
En Turquie, j’étais partie à Safranbolu, ville du safran. On devait être moins de 10 touristes dans toute la « ville »…
C’est super pour les enfants, on dirait un parc animalier géant ! ça à l’air bien perdu. Donc, les sentiers de randonnée n’existe pas ? enfin, ça semble bien authentique !!
Oui, on croirait un décor de film d’aventure ! Il y a des sentiers, on en a même vu un qui semblait balisé, mais on a fait l’impasse car Mi-raison avait une vilaine ampoule au pied :/
Bonjour,
Ma femme et moi nous rendons en Arménie ce 28 mai. Ce sera notre redépart. Nous voyageons à vélo depuis juillet 2017 et avons du rentrer en France pour des raisons médicales.
Voici mon propos : arrivé à Goris, nous prévoyons d’entrer dans le Haut Karabagh, cette région interdite d’Azerbaïdjan.
Est-ce que cela fit parti de votre programme arménien et si oui, pourquoi n’y êtes vous pas allés ?
Avez vous eu l’occasion d’aborder ce sujet avec des Arméniens ?
Pierre
pour nous trouver : sur Facebook ou Youtube : Vél’Oc
Hello les cyclistes au long cours,
Nous n’y sommes pas allés car nous voulions nous rendre en Azerbaïdjan juste après et nous aurions été refoulés à la frontière.
Nous n’en avons parlé qu’en Azerbaïdjan, pas en Arménie. Tout ce que nous savons c’est que les Azeris comptent récupérer la zone un jour, et que des échanges de tirs ont lieu de temps en temps sur le front. Nous ne nous sommes pas renseignés davantage.
Bonne remise en selle alors et peut-être à un de ces jours quelque part dans le monde !
Oui,après réflexion, nous passerons par la vallée de Selim et son joli col à 2400. ce sera l’occasion de voir le caravanserai et d’avoir une belle descente de 30 km jusqu’au lac Sevan.
Tampis pour Goris et Tatev.
Oui peut être à un de ces jours.
La route est superbe, vous allez vous régaler !