Après une semaine à Corfou et dix jours à Athènes, l’appel du large refrappe. Et il refrappe très fort en nous déposant sur une petite île appelée Sifnos, dans le fameux archipel des Cyclades.
Nous avons choisi Sifnos pour sa réputation d’île aux nombreuses randonnées et aux paysages savoureux. Mais ce n’est pas tout, elle est aussi renommée très agréable pour se détendre, parsemée de villages immaculés, pleine de bonnes tavernes et entourée de plages à l’eau turquoise. Est-ce que nous validons tout cela ? Oh oui !
Kamares, la porte d’entrée de Sifnos
Notre première image de Sifnos sera aussi la vôtre : le port de Kamares. Et quelle entrée en matière ! Au fond d’une bouche d’un bleu azur, le village nous sourit de toutes ses dents, blanchies à la chaux.
Tout autour de la baie, des montagnes s’envolent haut et cachent le reste de l’île, laissant présager du beau pour la suite. Mais pour le moment, c’est Kamares qui nous intéresse. Dans le prolongement du débarcadère, une ribambelle de restaurants, cafés et commerces constituent le cœur vivant du village, où nous revenons souvent dîner. Même les embouteillages de voitures trois fois par jour, lorsqu’un ferry approche à coup de « POUOON POUOOOON », ont leur petit charme.
C’est ici que nous faisons connaissance avec le plat traditionnel de Sifnos, une soupe de pois chiches mijotée toute une nuit, appelée revithada. Une proposition culinaire osée, qui fonctionne très bien. Elle n’était traditionnellement servie que le dimanche, mais la règle s’est assouplie pour nous touristes.
Nous logeons à quinze minutes à pied du centre de Kamares, dans un coin plus calme et clairsemé, situé de l’autre côté de la baie. Et sans regret, car la vue sur Kamares depuis notre chambre est l’une des plus belles de l’île.
Nous avons même un ponton directement au pied de l’hôtel. Hélas, nous sommes sur une semaine houleuse qui refroidit nos envies de trempette. Ce n’est pas mieux sur la grande plage de Kamares, pourtant réputée à l’abri des vagues. Le sable s’en mêle et prend de l’élan pour viser nos yeux, nos bouches et jusqu’au creux de nos oreilles.
Tant que le vent ne nous empêche pas de randonner, c’est le principal ! Nous avons déjà quelques idées de sentiers et, si cela ne suffit pas, notre hôte nous prête une carte haute précision avec tous les sentiers de l’île. À commencer par une mini balade de dix minutes qui mène à l’églisette Sainte-Catherine.
Vous avez vu son dôme bleu ? Pas de doute, nous sommes bien dans les Cyclades.
Apollonia et Artemonas, les deux font la paire
Il est temps de quitter la baie de Kamares et d’explorer Sifnos. Nous attrapons un scooter de location, qui s’avère être le moins puissant de l’île, et grimpons laborieusement jusqu’à la capitale Apollonia, perchée au centre de la carte.
Nous étions déjà émus par Kamares, nous sommes choqués par Apollonia et par sa beauté toute en simplicité : des murs blancs, des bougainvilliers fous, quelques touches de bleu et des ruelles ni rectilignes, ni horizontales. Certaines débordent de boutiques touristiques, d’autres sont réservées aux chats qui siestent, à vous de choisir selon votre humeur.
En parlant de café, ils sont nombreux à poser leurs terrasses le long de la route principale d’Apollonia et à donner vue sur l’animation locale, du tracteur qui sème ses brins de paille au papi qui salue tout le monde sur sa motocyclette pétaradante (mais toujours plus rapide que notre scooter). Pour le petit déjeuner, nous pouvons vous conseiller la boulangerie To Stavri, simple et sans chichi, avec de bons cafés et des gérantes gentilles et patientes face à notre indécision.
Artemonas, le deuxième plus gros village de Sifnos, nous éblouit par sa blancheur sur le coteau voisin, à un kilomètre seulement d’Apollonia. Pas le choix, sur une île aussi étriquée ! Moins animé que son siamois, il a davantage conservé le charme de l’ancien, avec d’élégantes demeures, des volets bien peints, des bougainvilliers encore plus fous et une pelletée de dômes bien bleus. Bref, la totale.
Et pour un dîner presque parfait au cœur du charme des ruelles d’Artemonas, nous recommandons Ampati, notre restaurant préféré à Sifnos !
Rando, maillot, Kástro
Une fois à Apollonia ou Artemonas, nous sommes au carrefour des routes principales de l’île, mais ce n’est pas une raison pour explorer tout Sifnos à dos de scooter. Nous avons justement repéré une boucle de 7,5km (3 heures) qui part d’Apollonia, descend jusqu’à la mer, visite un autre très beau village appelé Kástro puis remonte en haut des collines.
La descente serpente dans un paysage aride entre les moulins, les fleurs sauvages et les crottes de biques, avec les silhouettes des îles de Paros et Antiparos en guise d’horizon.
Près de l’eau, nous tombons sur le joli minois de l’église Panagia Poulati. Derrière, un sentier se faufile vers une crique dotée de l’eau la plus cristalline de l’île.
L’entrée et la sortie de l’eau ne sont pas des plus simples en l’absence d’aménagement, mais c’est un petit mal pour un bain.
Nous longeons ensuite un bout de côte jusqu’à Kástro, qui nous appelle depuis sa butte.
Fidèle à la tradition cycladique, il abrite presque plus de chats que d’humains, du moins en basse saison, dans une poignée d’adorables ruelles bien serrées.
Le cafetier, véritable moulin à paroles, nous explique qu’avec le retour des touristes, il vient de ranger sa salopette hivernale de plombier et qu’il est loin d’être le seul à avoir une double casquette (ou salopette).
Au bout du village, l’église des Sept Martyrs fait le bonheur des photographes…
… et des dessinateurs !
À propos d’églises, la légende dit que Sifnos en aurait 365, une par jour de l’année, et qu’elles seraient toutes en très bon état. Ce sont les habitants qui les entretiennent et les rénovent lorsqu’ils souhaitent y faire une célébration.
La remontée devient champêtre, avec des cultures en terrasses, chèvres, moutons, dindons, cochons, oliviers, figuiers, mais aussi quelques pigeonniers. Et des églises bien entendu, presque plus d’églises que de maisons !
La dernière ligne (pas) droite nous ramène à Apollonia par de petits escaliers entre les maisons fleuries et les câpriers qui poussent sur les murs de pierres comme de la mauvaise herbe.
Du monastère de Chrysopigi à Faros
Autre jour, autre coin de l’île. Le scooter nous dépose au monastère de Panagia Chrysopigi, connu comme l’emblème de Sifnos.
Bien qu’il semble encore en activité, le monastère est ouvert à la visite.
Plusieurs légendes entourent ce monastère, ainsi que des dizaines de plongeoirs naturels dont nous profitons pour nous jeter à l’eau.
Du côté gauche du monastère, débute la plage Apokofto, dont la faible profondeur plaît aux familles. Nous goûtons là nos premières gemista : des tomates (et parfois des poivrons) farcies au riz et aux herbes. Celles de la Taverne Chrysopigi sont un régal, avec vue sur le monastère sus-cité !
Nous prolongeons la visite en suivant le sentier pédestre qui part du bout de la plage, mène au village de Faros et offre une nouvelle dose de turquoise, de blanc et de fleurs.
Partout sur l’île, pensez à lever les yeux lorsque vous passez près des habitations. Vous aurez une chance de repérer des cheminées traditionnelles sifniotes, plus abracadabrantes les unes que les autres !
Plouf plouf, randonnée par Platis Gialos et Fikiada
Notre deuxième et dernière randonnée nous ramène au sud de l’île. Il s’agit de la boucle n°4 du site SifnosTrails, partant des hauteurs et plongeant vers la plage de Platis Gialos. Le vent, qui n’a toujours pas faibli, fait danser les oliviers et genévriers au rythme des vagues.
Platis Gialos est un village qui n’a pas peur de se tremper les orteils, posé au bord du bord de l’eau, avec tout ce qu’il faut de bars et de restaurants pour que les fans de plage n’aient jamais besoin de s’en éloigner.
Nous remontons un léger col et redescendons vers une côte beaucoup plus sauvage. L’ombre est rare sur ce sentier, visez un jour ou un horaire peu ensoleillé.
Des randonneurs piquent-niquent sur la superbe plage de Fikiada. Nous leur laissons la jouissance exclusive et prenons celle du monastère blanc, quelques pas plus loin.
Baignade, casse-croûte, et c’est reparti pour la montée finale !
Le scooter retrouvé, et quitte à être dans ce coin de Sifnos, nous passons voir la plage de Vathi que nous trouvons finalement plus belle d’en haut que de près, avec ses gros restaurants et ses resorts sur la plage. Cela dit, nous flashons sur sa mignonne église au bord de l’eau.
Si vous avez du temps, vous pouvez également visiter l’Acropole de Sifnos sur le retour. La route est raide et notre scooter poussif se transforme en scooter à pousser. Tout cela pour trouver le site archéologique fermé ! Mais d’après un rapide coup d’œil à travers la grille, il est à l’Acropole d’Athènes ce que les menhirs de Carnac sont à la Sagrada Familia.
Saint-Siméon, patron des couchers de soleil
Voici un ultime conseil, et peut-être notre meilleur à Sifnos. Nous rendons encoooooore visite à un monastère, sauf que celui-ci est situé sur l’un des plus hauts points de l’île : Saint-Siméon. Nous nous y rendons en fin de journée afin d’attraper les plus belles lumières, même si ce jour-là elles sont déjà sublimes en bas.
Nous épargnons à notre fidèle destrier la montée finale et terminons par dix minutes à la force des mollets.
Un effort qui vaut son pesant d’or, la vue est incroyable sur Kamares et sur toutes les collines alentour.
Seul hic, le vent est décuplé par les 480m d’altitude. Les autres visiteurs ne s’attardent pas plus de trois minutes, nous sommes les seuls fous, avec quelques chèvres, à attendre les dernières lueurs.
Notre avis sur l’île de Sifnos
Décidés à ne faire qu’un tout petit passage dans les Cyclades avant de retourner explorer la Grèce continentale, nous avons sélectionné notre île avec soin. Sifnos s’est avérée à la hauteur de sa réputation et de nos attentes, pleine de charme et sans trop de monde, surtout en avril. Si vous avez entre trois et huit jours à occuper dans l’archipel, n’hésitez pas à la sélectionner à votre tour !
Conseils pratiques pour visiter l’île de Sifnos
Arriver à Sifnos
Plusieurs traversées permettent de rejoindre Sifnos chaque jour depuis Le Pirée, le port d’Athènes. Nous avons payé 69€ par personne pour le ferry express qui met 2h30, mais il en existe certains jours des plus lents à prix réduits. Pour connaître les horaires et réserver, nous sommes passés par le comparateur DirectFerriesi.
Notez que les compagnies adorent changer les horaires 24h avant, surtout paraît-il chez la principale compagnie SeaJets. Nous nous sommes fait avancer notre retour de quatre heures en raison de fortes vagues. Gardez cela en tête et conservez une certaine flexibilité. Par exemple, ne réservez pas d’avion à la sortie du bateau.
Les ferries enchaînent plusieurs îles ou réalisent des boucles. Cela signifie qu’il est possible de rallier la plupart des autres îles des Cyclades depuis Sifnos sans repasser par Le Pirée.
Se déplacer sur Sifnos
Sifnos possède un réseau de transports en commun réputé efficace de mai à octobre, malheureusement beaucoup moins en basse saison. Si vous comptez vous déplacer en bus, l’idéal est de loger à Apollonia ou Artemonas pour éviter les correspondances. Les horaires des bus sont consultables ici.
De notre côté, nous avons loué un scooter 50cc qui peinait dans les montées, mais les puissances supérieures nécessitent un permis moto et les faibles dimensions de l’île rendent tout accessible. Malgré le vent, nous étions ravis ! Quant au tarif, il est imbattable en basse saison : 12€ par jour. Pour une voiture, comptez 20-25€ et beaucoup plus en été. Nous avons trouvé l’agence Suntrail professionnelle et digne de confiance. Le gérant très sympa s’est même lancé dans une longue liste de conseils touristiques et gastronomiques !
Où dormir à Sifnos
Nous avons longuement hésité entre Kamares pour la mer ou Apollonia pour son côté traditionnel et sa position centrale. Au final, nous étions ravis d’être à Kamares, moins typique mais dans un cadre si beau ! Cela ajoutait simplement 5km de route à la plupart de nos trajets.
Nous avons adoré notre logement Aglaia Studiosi, avec ses chambres traditionnelles toutes simples, dotées d’une bonne literie et situées à deux pas de la mer avec une vue époustouflante.
Seul bémol : les tarifs semblent avoir bondi de 50% après notre passage. S’il est complet ou trop cher, n’hésitez pas à rechercher dans ce même coin, à 10-15 minutes à pied du village mais avec la plus belle vue sur la baie de Kamares.
Pour ceux d’entre vous qui choisiraient de loger à Apollonia, il existe de bonnes options avec vue sur les collines et/ou la mer, en s’éloignant un peu du centre. Par exemple ces petits appartementsi très bien notés.
Enfin, évitez si possible les hôtels avec piscine, car l’eau manque à Sifnos.
Où manger à Sifnos
À Kamares :
- O Simos est une taverne traditionnelle qui propose entre autres de la revithada (la fameuse soupe aux pois chiches de Sifnos) et plein de bons mezzés.
- Passione Italiana est un excellentissime italien qui réussit aussi bien les pâtes que les pizzas. Nous y sommes allés trois fois !
- Sinon, plusieurs bars donnent sur la plage et semblent sympas l’été. Nous avons testé le burger végétarien de chez Sirma, hélas le vent frais d’avril ne donnait pas envie de s’attarder.
À Artemonas :
- Ampati est notre restaurant préféré à Sifnos, avec une jolie terrasse, un bon accueil, des mezzés raffinés et petit cadeau à la fin, bref tout pour un dîner parfait !
- Son voisin Mosaic est ouvert depuis plus longtemps et présent dans tous les guides, mais il nous a moins convaincus. Le cadre est joli, mais la nourriture très moyenne et l’accueil par-dessus la jambe.
À Apollonia :
- La plupart des restaurants étaient encore fermés en avril, mais heureusement pas l’excellent glacier Tratamento. Mi-raison recommande en particulier la glace à la pistache !
Autres conseils en vrac pour voyager à Sifnos
- Essayez de retirer de l’argent à Athènes avant de venir, car les distributeurs de l’île prennent entre 1,80€ et 4€ (!) de frais. Ou bien payez le plus possible par carte.
- Fin avril, nous avons eu des températures maximales avoisinant les 18°C toute la semaine, c’est-à-dire plus frais que sur le continent. Prévoyez un coupe-vent. Idem pour la fraîcheur de l’eau, prévoyez un maillot de bain rembourré.
- Beaucoup d’établissements ne rouvrent qu’une semaine avant la pâques orthodoxe, voire deux semaines, mais évitez de venir plus tôt sous peine de tomber au milieu des karchers en train de remettre les villages plus blancs que blancs.
- Le site SifnosTrails.com qui recense les randonnées de l’île est bien utile. Il existe aussi des cartes en vente sur l’île ou parfois disponibles dans les hôtels.
Nous avons les mêmes souvenirs de sifnos ! Quelle île, quelles rando et le vent qui décoiffe!
Vivement qu’on y retourne !
On vous le souhaite ! Les autres îles que vous aviez visitées donnaient très envie aussi !
Je serai toujours impressionné par la lumière dans ces régions. Les photos la rendent super bien. hâte de découvrir la suite du voyage !
Merci, c’est vrai qu’on a été particulièrement gâtés en belle lumière à Sifnos. La suite est plus verte, mais toujours très agréablement méditerranéenne !
J’ai le sentiment que les iles grecques ne sont pas tres fournies en végétation et semblent jolies mais un peu « monotones » d’un point de vue rando. Les iles de l’atlantiques, Madere ou ténérife, où je suis allé pour randonner, entre autre, étaient plus variées en termes de paysages selon qu’on est « au vent » ou « sous le vent ». Votre avis ?
Salut Alain !
C’est vrai que les Cyclades sont plus des destinations de baignade et de visites de jolis villages que de grosses rando (surtout que l’été ça doit taper fort sans ombre). Et on te confirme que rien ne vaut les îles de l’Atlantique pour des paysages bien verts et de beaux nuages, même si certains endroits de Grèce sont moins secs (Corfou, le Pélion ou Zagoria parmi ce qu’on connaît).
Ah! Sifnos! Visitée en septembre 2021
Un de mes meilleurs souvenirs des cyclades !
Excellent choix. Et on y mange vraiment bien
Festival gastronomique en septembre…miam
Nous avions une location identique à la votre avec vue imprenable sur la mer… nostalgie !
J’aime beaucoup votre blog et je m’en suis souvent inspirée pour organiser mes voyages
Merci pour vos articles
Nous aussi on était heureux de si bien y manger ! Merci d’être passée par ici 🙂