Kolašin : que la montagne est verte !

Après une charmante escapade par le Kosovo, nous voilà de retour au Monténégro pour deux ultimes étapes, en commençant par Kolašin. Si le sud du Monténégro était déjà bien cabossé, nous découvrons une moitié nord encore plus froissée, avec un paquet de sommets à plus de 2000m.

Et pour admirer au mieux le paysage, la compagnie de bus nous offre même une petite heure de panne sur un col de montagne !

En approchant de Kolašin (prononchez « Kolachine » si vous voulez vous faire comprendre), la région nous apparaît dans toute sa splendeur, avec ses monts et vallées recouverts d’un épais édredon de verdure.

Hélas, point de verdure sans… pluie ! Nous avons fini par nous faire à l’idée que « printemps dans les Balkans » rimait avec « pas très très beau temps » et notre arrêt à Kolašin rimera encore globalement avec « nuages bas qui crachinent ».

Ce que nous n’avions pas bien compris, c’est que Kolašin attire soit l’hiver pour les pistes de ski à proximité, soit l’été pour la climatisation naturelle. Nous débarquons dans l’entre-deux, à une saison où les touristes se comptent sur les doigts d’une moufle.

Présentation de Kolašin, entre deux gouttes

Chaque fois que les nuages ont le dos tourné, nous en profitons pour explorer une partie du village. Entre une poignée d’énormes hôtels au look de chalets, Kolašin étale de longues ribambelles de maisons aux jardins arborés, tels une continuité de la forêt. Chassez la nature, elle revient au galop.

Le centre-village possède quelques particularités auxquelles nous ne nous attendions pas. Commençons par un disgracieux bâtiment en triangles de béton, que la folie créative d’une bande d’architectes brutalistes a posé en plein cœur de Kolašin. Il fait partie d’une longue liste de sculptures ou monuments de béton plus ou moins abandonnés qui jonchent l’ex-Yougoslavie, appelés les Spomeniks.

Rassurez-vous, tout le centre de Kolašin n’est pas ainsi. Une ruelle piétonne mène à une seconde place dite « turque ». Puisque les Turcs ont fondé Kolašin, nous ne sommes pas étonnés de croiser ici la plus vieille maison de la ville, toute en bois jusqu’au bout des tuiles. Si nous en croyons le nombre de maisons chapeautées ainsi dans les montagnes alentour, c’est un revêtement résistant.

Ce qui nous étonne le plus dans Kolašin, c’est finalement la quantité de boutiques de paris sportifs, qui occupent presque une échoppe sur deux. Si vous avez une explication, nous sommes preneurs.

Ah, voici une boutique de Paris, pour changer !

Un peu plus loin, il y a carrément un café Napoléon, tenu par un fan de la France et de son dernier empereur, décoré avec tous les objets bonapartistes qu’il a pu dégoter.

D’ailleurs, si vous êtes à la recherche d’un petit déjeuner, les cappuccinos sont bons et il est possible d’y tremper de véritables croissants, en échange d’un peu de patience comme ils sont cuits à la demande.

Pour poursuivre sur les recommandations culinaires, le restaurant Vodenica a rénové un ancien moulin à eau pour servir une cuisine traditionnelle, avec décoration traditionnelle et toit en tuiles de bois traditionnelles. Nous adorons découvrir des spécialités végétariennes, et celles d’ici sont bien costaudes, bien montagnardes, conçues pour tenir chaud l’hiver.

Afin de venir au secours de la digestion des clients, une mini randonnée part de ce restaurant pour une boucle dans la forêt.

L’occasion de se demander qui a bien pu donner le nom de « Montagne Noire » au Monténégro ? Nous avons rarement vu un pays aussi vert !

Pour ceux que cela intéresse, l’itinéraire de randonnée de quarante-cinq minutes est exposé parmi d’autres panneaux devant l’office de tourisme.

Le parc national de Biogradska Gora

Cette bouclette est bien gentille, mais si nous faisons étape à Kolašin, c’est dans l’idée d’aller crapahuter plus sérieusement dans la montagne. Un taxi nous dépose de bon matin au parc national de Biogradska Gora, où nous cueillons le lac de Biograd encore somnolent, plongé dans une brume silencieuse, envoûtante.

Les barques sont à deux doigts de sombrer et les crapauds ne se cachent plus. La pluie a un peu abusé ces derniers temps.

L’écrin de verdure du lac représente l’une des rares forêts primaires d’Europe, non exploitée par l’humain, où vivent des ours, des loups, des cerfs et même une population de chats sauvages, paraît-il. Et ce n’est pas tout, nous observons un professeur de biologie qui apprend à ses étudiants comment attraper de petits serpents à mains nues, en soulevant des pierres.

De notre côté, nous commençons par un tour du lac à pied, sur une heure. Le chemin ondule entre de vieux et grands arbres moussus, les oiseaux chantent et un… snif… étrange parfum… snif… nous entoure. Ça sent… l’ail ! En y regardant de plus près, nous sommes encerclés d’ail des ours.

Nous recommandons très chaudement cette superbe balade ! Et pendant ce temps, les nuages se sont rehaussés d’un étage.

Nous décidons d’enchaîner avec le sentier qui grimpe dans la forêt, dans l’espoir de dépasser les arbres, d’approcher quelques « katuns », les refuges de montagne traditionnels du Monténégro, et d’admirer le point de vue de « Bendovac ». Hélas, la pluie s’intensifie et refroidit notre motivation. Nous nous contentons d’un point de vue de seconde gamme au sommet d’une tourelle en bois.

Notre avis sur Kolašin

Nous avons trouvé peu d’intérêt à la ville, mais notre excursion à Biogradska Gora justifiait à elle seule l’étape. Avec plus de mobilité et une météo moins humide, nous aurions aussi fait un tour au canyon de Moraça et à son monastère, au sud de Kolašin. Nous vous glissons l’idée, faites-en bon usage.