Nous pensions ne jamais y parvenir, mais avec trois jours d’entraînement, cela passe. Parvenir à quoi ? À prononcer Mahabalipuram comme les locaux, en seulement deux syllabes.
Après la visite de Chennai, nous longeons la côte de Coromandel au Tamil Nadu et débarquons dans cet étrange village de bord de mer, peuplé de pêcheurs et de sculpteurs. En France, la limite entre ville et village est fixée à 2000 habitants, en Inde elle est à 25 000. Disons donc que Mahabalipuram est un gros village !
L’arrivée à Mahabalipuram : ouille…
Nos premiers pas dans Mahabalipuram nous font tirer la grimace. Le village nous semble faux et laid, particulièrement laid. Des boutiques de pantalons à motif éléphant ou de babioles pour les touristes, des bars lounge avec des néons multicolores, de la crasse dans les coins, quelques hippies qui errent… Que faisons-nous là ?
La plage des pèlerins : gloups !
Loin de nous laisser abattre, nous nous rendons sur l’une des deux plages, celle du sud, pour un romantique coucher de soleil. Le romantisme… à l’indienne !
L’expérience commence par un chemin de deux cents mètres, bondé et envahi de mini-boutiques en tout genre : peluches, sacs à dos, ceintures, ballons. À peine un produit est-il vendu que son emballage rejoint des centaines d’autres au sol, en un fascinant tapis de détritus déroulé jusqu’à l’océan. C’est l’Inde, il n’y a malheureusement pas grand-chose que nous puissions y faire.
Puis en atteignant la plage, nous débarquons en plein délire !
Sous le ciel rougeoyant, mille saris colorés dansent avec l’écume, un capharnaüm concentré sur les quatre derniers mètres de sable. Les Indiens se poussent, se tirent, crient, jouent, font des selfies, boivent la tasse, se payent une barbe à papa, un chaï. Captivés, nous hésitons entre rester ou nous enfuir très loin…
Nous finissons par apprendre que les centaines d’Indiens tout de rouge vêtus sont des pèlerins. Nous sommes en pleine période des grands pèlerinages dans le Tamil Nadu, à cheval entre décembre et janvier. Nous comprenons mieux la foule et l’animation, qui se calmera certainement deux semaines plus tard.
Ces « devotional trips » consistent à visiter les hauts-lieux hindous de la région, dont Mahabalipuram, et à s’amuser un peu au passage !
La plage des pêcheurs
Pour nous rendre à l’autre plage, celle du nord, nous traversons une partie du village bien plus calme. Finis les pèlerins, finies les boutiques de cartes postales. Des familles discutent devant chez elles, des vélos passent, des vachettes broutent des papiers.
L’ambiance de la plage est elle aussi plus douce. Les pêcheurs sont bien là, démêlant leurs filets, plaisantant entre eux, roupillant au fond de leurs bateaux colorés.
Pour qui sait faire abstraction de la saleté et des poissons morts qui parsèment le sable, et c’est notre cas après sept semaines en Inde, le lieu a un certain charme. Quelques familles indiennes sautent dans les vagues, des jeunes s’essayent à leur première cigarette, des vendeurs de coquillages énormes nous tournent autour, des chiens se piquent le museau sur des poissons-lunes…
Nous sommes gâtés en festivités, puisqu’un festival de danse prend place en ce début janvier. Nous assistons à une belle démonstration d’un style traditionnel indien, où la danseuse garde le buste raide et ses membres s’occupent de faire le spectacle.
Les temples de Mahabalipuram : ooooh !
Nous commencions l’article en décrivant Maaah-ablprm comme un village de sculpteurs. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Des dizaines de boutiques sont spécialisées dans la vente de statues et le tic-tic-tic des maillets s’échappe des ateliers. Certaines œuvres sont surprenantes, statues de Ganesh de plus de trois mètres ou encore de Shiva aux multiples bras.
Cette spécialité ne date visiblement pas d’hier puisque Mahabalipuram possède une superbe collection de temples anciens, taillés à la force des biceps.
Le plus beau est le bien-nommé Shore Temple, ce qui signifie temple du rivage, posé à une trentaine de mètres seulement des vagues. Enfin un lieu propre et entretenu à Mahabalipuram ! Une ribambelle de statues de vaches gardent les abords et intimident certainement les jeteurs de déchets.
À l’arrière du village se trouve un ensemble de rochers qui dissimulent quelques temples. Nos yeux sont attirés par un énorme rocher posé sur une pente, comme prêt à basculer au moindre éternuement de fourmi. Il est surnommé la « boule de beurre de Krishna », mais entre nous, quel beurre résisterait des milliers d’années au soleil indien ?
Le parcours mène à d’autres rochers que nous nous empressons de grimper pour la vue sur la jungle et… un phare de jungle, pour guider les pirogues peut-être ?
En quittant le parc, nous tombons sur le bas-relief intitulé « Descente du Gange » :
Un peu de respect, s’il vous plaît, pour son âge de plus de treize siècles et pour ses dimensions qui feraient de lui le plus grand du monde.
Nous achevons nos vadrouilles culturelles par le groupe de temples des Cinq Ratha, un peu à l’écart. Un petit kilomètre qui se parcourt à pied et permet d’admirer toujours plus de sculpteurs en plein travail. Décidément, c’est génétic-tic-tic !
Aux Cinq Ratha, trois temples et demi, un éléphant, une vache et un lion se tiennent compagnie, taillés chacun d’un seul bloc.
De gros cailloux traînaient là, et paf, les sculpteurs de l’époque n’ont pas pu s’empêcher d’en sortir des chefs-d’œuvre.
La légende des Sept Pagodes
Ce n’est pas tout. Lors du grand tsunami de 2004, qui fût par chance léger en termes de dégâts à Mahabalipuram, l’océan s’est retiré de plusieurs centaines de mètres. Les habitants ont alors clairement vu émerger des blocs de pierre rectilignes.
Il n’en fallut pas plus pour raviver la légende de l’antique cité des Sept Pagodes, alignées en bord de mer et dont le Shore Temple serait la seule survivante. Des études sont en cours. Cela faisait des siècles que les pêcheurs et sculpteurs de Mahabalipuram contaient le mythe de temples engloutis. Les archéologues pourraient très bientôt leur donner raison !
Notre avis sur Mahabalipuram
En arrivant, nous avons clairement pris peur : village laid, moustiques énormes, rabatteurs insistants, plages très sales… Puis nous avons repéré de bons restaurants, les rabatteurs se sont lassés et, surtout, nous avons découvert le patrimoine impressionnant à portée de marche à pied. N’hésitez pas à faire étape ici, mais peut-être plutôt en fin de séjour qu’au début, lorsque vous commencerez à vous habituer à l’Inde !
Nos conseils pour visiter Mahabalipuram
Transports entre Chennai et Mahabalipuram
Des bus crasseux (pourtant il est écrit « Deluxe » dessus !) partent de Chennai très fréquemment en direction de Pondichéry et marquent un arrêt à Mahabalipuram. Ils réalisent de multiples arrêts dans Chennai. Nous sommes montés à celui situé à côté de ce MacDonald’s, à 400m de la station de métro Ashok Nagar. Prix 70 roupies, durée 1h.
Dormir à Mahabalipuram
Nous recommandons le Oceanside Hotel (~24€ la chambre double)i, tout neuf et impeccablement propre, un super plan en comparaison des autres logements de la ville. Il n’est pas au bord de la mer comme son nom laisse penser, mais dans le centre du village. Wifi disponible uniquement à la réception au moment de notre séjour, pas encore dans les chambres.
Restaurants
Attention, beaucoup de restaurants du centre peuvent sembler sympas au premier abord mais le résultat dans l’assiette est catastrophique. Nous avons fini par trouver nos deux chouchous :
- The New Cafe est parfait pour le petit déjeuner à base de dosas et uttapams, accompagnés d’un jus de pastèque et d’un chaï. Ils servent aussi de bons plats le midi et le soir, comme un délicieux curry aux noix de cajou.
- Second Home est un petit resto simple, mais la cuisine est très savoureuse, notamment les momos frits ou encore le curry thaï.
Tarif des temples
Le Shore Temple et les Cinq Ratha proposent un billet commun à 600 roupies, valide le jour-même seulement.
Elles sont belles leurs tenues rouges ! Pas mal le coup de la prononciation à 2 syllabes. J’aime beaucoup la photo des 3 femmes de face qui se baignent. Bisous !
Oui, c’est un rouge éclatant ! Tu t’es entraînée, t’y arrives en deux syllabes ? Bisous 🙂
Trop contente de lire vos articles sur Mahabalipuram et Pondichery nous y seront au mois d Août.
Bonne journée.
Ils tombent à pic alors 🙂
Merci !
Très intéressant !! y a toujours des vieilles pierres un peu partout en Inde (dans le monde aussi), mais ils ont un vrai talent là ! Le côté minéral me plait bien. Bien sûr vos photos sont vraiment photos et les dessins toujours rigolos !! Moi qui aime la couture, j’aurai passé mon temps à acheter du tissu, ils sont trop bons les vêtements !! les couleurs sont éclatantes !! Allez je continue !!
Même nous qui ne nous achetons pas grand-chose on a craqué sur des habits indiens, on adore les couleurs et les motifs ! En sachant coudre tu serais au paradis, oui !
Hello! Quand je lis vos articles sur l’inde, je m’interroge sur votre budget car les nuits me semblent assez chers. Savez vous quel était votre budget pour ces 11 semaines ?
C’est vrai que les logements n’étaient pas donnés, en partie parce que c’était la haute saison. Sinon en ne réservant pas en ligne et en voyant sur place, il doit y avoir moyen de dépenser beaucoup moins. C’est ce qu’on avait fait pour nos précédents voyages en Inde mais cette fois-ci on a voulu s’assurer un minimum de confort. La bonne nouvelle c’est qu’à part le logement le reste ne coûte presque rien. On n’a pas tenu de budget précis mais par rapport au Sri Lanka, on a dépensé plus en logements, pareil en transports et deux fois moins en nourriture, pour vous donner une idée.
Hello! Oui j’avais fais un peu pareil et là je suis surprise de voir une telle différence avec 2 ans auparavant ! Vous nous avez convaincus, on a décidé d’aller passer du temps dans la nature à Munnar, après avoir visité Pondi et Madurai 🙂
Tant mieux, on espère que vous aimerez autant que nous !