La mythologie grecque est un sacré imbroglio, avec des divinités majeures, des mineures et des demi-divinités, qui se fâchent, se clashent et s’amourachent. Mais dans les grandes lignes, douze têtes d’affiche menées par Zeus se sont accaparé le contrôle du monde et ont posé leur poste de commandement sur le toit de la Grèce : le Mont Olympe. En témoignage de notre estime, nous avons décidé de les saluer en route vers Thessalonique.
Nous découvrons bien vite que gravir le Mont Olympe n’est pas à la portée du premier humain venu. Le sommet requiert une bonne dizaine d’heures de grimpette, sous une météo réputée imprévisible. Et comme il ne fait déjà pas très beau, nous n’allons pas tenter le diable Zeus.
Rassurez-vous, nous ne sommes pas venus pour rien dans la région. Il reste de belles possibilités de balades ou randonnées sur les pentes du pic sacré, et nous allons vous raconter tout cela !
Litochoro, point de chute au seuil de l’Olympe
Parmi les rares communes qui ont osé s’installer sur les pentes du Mont Olympe, la plus pratique pour les touristes est Litochoro. Car même si son altitude n’est que de 300m (une brindille comparée aux 2 918m du géant), elle se situe sur le versant oriental qui est le plus intéressant et au départ de la précieuse route vers Prionia.
Le nom Litochoro signifie « village modeste » et c’est vrai qu’il a un petit air simple, proche de la nature et reposant. Même les énormes chiens errants sont d’un calme olympien, ronflant à longueur de journée sur les trottoirs.
Ce n’est pas morne pour autant. Nous sentons que le tourisme secoue les puces Litochoro chaque été, et de nombreux hôtels, restaurants, cafés se sont installés par-ci, par-là.
Attendez, vous avez vu ces montagnes doucement enneigées à l’arrière-plan ? Oui, c’est bien l’Olympe. Il ne ressemble pas à un cône, mais à une collection de sommets proches les uns des autres. Le meilleur point de vue pour les admirer, lorsqu’ils ne sont pas noyés dans les nuages, se situe derrière l’hôtel Olympus View (ici).
Et sous nos pieds coule une rivière, l’Enipeas. Des restaurants et des bars, tapis sous les érables, attendent les soirs d’été pour reprendre la fête, avec un bonus fraîcheur en cas de canicule. Le reste de l’année, la vallée est surtout… très humide !
Si humide que les voitures hésitent longuement avant de franchir le passage à gué. Nous trouvons une passerelle piétonne trente mètres plus loin. Sauvés !
Balade sur les pentes du Mont Olympe
Le lendemain, l’entraîneur et les onze joueurs de l’OM (Olympique des Merveilles) n’ont toujours pas envie d’entrouvrir leur rideau de nuages. Ils menacent carrément de sortir le tuyau d’arrosage. Nous roulons tout de même jusqu’à Prionia, terminus de la civilisation à 1100m d’altitude, anoraks en poche.
En chemin, les panoramas s’intensifient, comme ici au point de vue de Zilnia :
Prionia n’est ni plus ni moins un parking doté d’un café/restaurant. Il fait office de point de départ pour des randonnées soit vers le sommet pour les braves (1800m de dénivelé, mais il est possible de s’arrêter avant), soit vers le bas pour nous.
Avant de descendre, quelques marches mènent à une toute petite cascade, insignifiante. Comme souvent, Mi-fugue prend des risques pour obtenir un beau point de vue, sauf qu’elle finit cette fois – PLOUF PLOUF ! – les deux chaussures dans l’eau glacée. L’épreuve de promenade olympique se voit requalifiée en amphibiathlon, tout cela pour… cette photo pas incroyable :
Ensuite, notre itinéraire est simple. Il consiste à suivre le cours de la rivière Enipeas sur quatre kilomètres via le sentier E4 jusqu’à la grotte de Saint Dionysios, avec visite d’un monastère en route, puis à remonter par le même chemin (voir sur une carte). L’ensemble est très agréable, avec des petits ponts de bois, des escaliers, et doit l’être encore plus en été grâce à une épaisse ombre et des possibilités de trempette.
Le monastère Saint Dionysios croisé en route s’est fait raser pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n’a retrouvé que tout récemment sa grandeur… peut-être un poil trop grande pour l’unique moine qui y vit.
Sous le monastère, un court détour mène à une nouvelle cascade. Mi-fugue prend soin de rester un peu à l’écart de l’eau.
Puis, en vingt minutes, nous atteignons la grotte sacrée de Saint Dionysios (toujours lui !). Il y aurait vécu en ermite, avant de fonder son monastère. N’hésitez pas à allumer votre lampe torche pour visiter la pièce sombre à droite, une salle de bain… 100% naturelle.
Une heure plus tard, nous voilà de retour à Prionia. Par mesure de précaution contre la bronchopneumonie des pieds, nous passons siroter un mountain tea au restaurant. Parfois surnommé thé des bergers du Mont Olympe, il s’agit d’une infusion de sideritis aux vertus anti-bactérienne, anti-microbienne, anti-inflammatoire, anti-oxydante, digestive, immuno-stimulante, cicatrisante et relaxante. Nous voilà immunisés pour les quatre prochains hivers.
Au final, nous ne pensons pas avoir croisé de divinités, mais il n’a pas plu et la balade nous a plu, nous n’en demandions pas plus. Heureusement que nous ne sommes pas partis crapahuter dans le sens opposé, nous avons parlé à des collègues randonneurs trempés, qui n’ont pas croisé de dieux pour autant.
L’autre option sportive consiste à partir dans la descente, comme nous, puis prolonger jusqu’à Litochoro via les gorges d’Enipeas. Comptez 11km et 4-5 heures. Vous pouvez même monter depuis le village puis redescendre, mais cela commence à faire beaucoup. Notez que deux ponts de bois se sont cassés en 2024 et requièrent temporairement de traverser sur les rochers en faisant très attention. Espérons qu’ils soient réparés rapidement !
Conseils pratiques pour visiter le Mont Olympe
Dormir à Litochoro
Nous avons loué un appartement propre et bien équipé chez Intimate Olympus Housei, pour avoir une cuisine et pour sa vue sur le Mont Olympe… lorsqu’il fait beau !
Pour ceux qui préfèrent un bon hôtel en plein centre, nous avons hésité avec le Olympus View Hoteli, situé près du meilleur belvédère de Litochoro. Observez bien les photos des chambres avant de réserver pour trouver celles avec vue sur le divin sommet.
Manger à Litochoro
Notre option préférée pour le petit déjeuner est la boulangerie Ephessou 1968, avec du bon café et une terrasse où toute la ville défile le matin. Si besoin, on y trouve aussi des sandwichs à emporter pour un pique-nique dans la montagne, dont des végétariens.
Pour le dîner, nous avons beaucoup apprécié Olympus Gitema et son serveur très sympa et aidant. Beaucoup de viande au menu, mais il est facile de mélanger les mezzés pour constituer un repas végétarien.
Grimper sur le Mont Olympe sans voiture
Hélas, il ne semble pas exister de bus qui grimpe à Prionia. Il reste néanmoins des options :
- Marcher sur le sentier E4 depuis Litochoro en direction de Prionia et faire demi-tour lorsque vous fatiguez (vérifiez que les ponts sont réparés).
- Prendre un taxi jusqu’à Prionia et redescendre à pied sur l’E4 (pareil).
- Faire du stop. Nous avons pris un couple qui nous a assuré que cela fonctionnait bien dans la région.
- Opter pour une excursion organisée depuis Thessalonique ou même Athènes (voir icii).
Que faire d’autre dans la région
Le village de Dion est réputé pour son site antique. Le littoral, parfois surnommé « la Riviera olympique », semble posséder de jolies plages, notamment autour de la station balnéaire de Plaka. Avec le mauvais temps, nous avons préféré enchaîner directement vers Thessalonique.