Jamais deux sans trois. Après avoir sillonné la péninsule de Dingle puis celle d’Iveragh dans le sud-ouest de l’Irlande, nous nous sommes lancés sur la péninsule de Beara. En deux jours et demi, nous avons eu le temps de lui trouver toutes les qualités : magnifique, sauvage et adorable à la fois. Difficile de ne pas fondre face à ce concentré de belles vues, de villages multicolores et de promenades vivifiantes, sans oublier l’accueil en or.
Cerise sur le pudding, les conditions météo nous ont offert de sacrés clichés. Pas un soleil radieux au zénith, au contraire, nous pouvons témoigner que les quatre saisons s’enchaînent parfois en une journée en Irlande. Mais entre deux ondées, des rayons fugaces balayaient les paysages, embrasaient la verdure et projetaient çà et là des arcs-en-ciels inattendus. Un rêve de photographe !
C’est parti pour le récit de notre tour de la péninsule de Beara !
- Glengarriff et sa baie
- Healy Pass, sur les hauteurs de Beara
- Castletownbere
- Dunboy Castle et sa promenade
- Allihies, le village arc-en-ciel
- Randonnée sur la Garnish Loop
- Eyeries, village joyeux
- Cuas Pier Caves
- Uragh Stone Circle et parc de Gleninchaquin
- Notre avis sur le Ring of Beara
- Nos découvertes à Beara sur une carte
- Conseils pratiques pour visiter la péninsule de Beara
Promenade à Glengarriff et paires de moustaches
L’aventure démarre dans le village de Glengarriff, installé au bout d’un tranquille bras de mer. Plutôt que de ratiboiser les environs pour gagner une vue sur la mer, les habitants de Glengarriff ont laissé s’épanouir une verte forêt et accroché des dizaines de mini maisons dans les arbres pour sauver une espèce en voie de disparition : les fées.
Nous recommandons fortement le court sentier qui traverse ce parc appelé Blue Pool, passe un pont et visite une petite île. Du bout de celle-ci, vous aurez les meilleures chances d’apercevoir une autre espèce menacée, le phoque !
Nous en repérons une dizaine qui jouent aux limaces sur un îlot lointain. Puis, beaucoup plus proche, un bébé limaçon patiente sur un rocher tandis que deux paires de moustaches plongent et replongent autour.
Healy Pass, sur les hauteurs de Beara
Une fois arrivés à Adrigole, nous bifurquons vers les sommets pour atteindre le col de Healy. Les paysages étaient jusque-là waaadorables, ils deviennent waaahurissants. Rochers, cascades, herbes et moutons se mélangent sens dessus dessous, la route parcourt les quatre coins de la vallée et l’herbe fait splouch à chaque pas.
L’Irlande a encore trop bu.
Au sommet, nous décrochons l’une des plus belles vues de notre road trip sur la péninsule de Beara, avec l’océan de chaque côté et le Glanmore Lake en contrebêêêêêê.
Un demi-tour plus tard, nous ralentissons pour une pause goûter à l’adorable café-boutique Adrigole Arts : belle sélection d’objets artisanaux, belle collection de gâteaux et belle famille de rouges-gorges sur la terrasse.
Castletownbere et mini Stonehenge
Le gros village de Castletownbere fait ensuite irruption sur notre chemin. Ancien repère de contrebandiers, puis de militaires, il vit maintenant de la pêche industrielle et… du débit de boissons, si nous en croyons les 8 pubs pour 860 habitants. À ce tarif, il pourrait être rebaptisé Castletownbeer.
Quelques pubs plus loin, nous faisons connaissance avec notre premier « cercle de pierres » irlandais, le Stone Circle de Derreenataggart.
Une série de menhirs pointent vers le ciel, sans doute dans une tentative d’empêcher ce dernier de tomber sur les têtes.
Le Dunboy Castle et sa promenade
Sur la carte, le nom de Dunboy Castle nous intrigue. Il n’en reste que quelques ruines qui ne méritent pas un détour. En revanche, le sentier côtier qui part de là mérite votre attention. Nous randonnons une petite heure entre les fougères, les rhododendrons, les rochers et les embruns, sans cesser de nous répéter que l’Irlande est sacrément belle.
Ne vous étonnez pas de croiser un vaste manoir abandonné en chemin, il appartenait à une riche famille anglaise et fut incendié par les Irlandais durant la guerre d’indépendance.
Allihies, le village arc-en-ciel
Le Bed & Breakfast choisi pour cette nuit (et la suivante) se situe à Allihies, c’est-à-dire pas tout à fait au bout de la péninsule, mais presque. Et comme son nom « Seaview Guesthouse » l’indique, nous obtenons une grande chambre avec vue sur la mer (réservation ici)i. Non seulement il s’agit du meilleur B&B de notre séjour en Irlande, mais c’est aussi une base parfaite pour explorer Beara.
Le village en lui-même est plus coloré qu’un arc-en-ciel, en contraste direct avec la grise montagne qui le domine.
C’est sur cette montagne, ou plutôt sous cette montagne, que s’est jouée la plus grande partie de l’histoire d’Allihies, dans des boyaux de mines de cuivre, jusqu’à ce que des gisements plus rentables ne soient découverts sur d’autres continents.
Il en reste une poignée de bâtiments biscornus et une boucle de randonnée de dix kilomètres appelée Coppermine Trail, qui les relie entre eux avant de bifurquer vers de très belles falaises et la plage artificielle de Ballydonegan. Son sable n’est ni plus ni moins que de la roche concassée issue des mines.
Redoutant un coup bas des nuages bas, nous nous contentons d’un rapide coup d’œil à la côte en voiture et d’une grimpette à la grosse cheminée qui fait triste mine au-dessus du village.
La pluie ne nous rate pas et c’est le Copper Mine Museum qui nous sert de refuge. Pour être honnêtes, nous avons du mal à nous plonger dans les explications techniques et historiques. Le café qui sert des soupes, sandwichs et desserts nous intéresse davantage, bizarrement.
Enfin, le soir, nous plongeons dans la chaleureuse ambiance du pub O’Neills et de sa musique live.
Garnish Loop et douche gratuite
Le lendemain, nous prenons nos courages et nos parapluies à deux mains pour une petite randonnée sur le bout du nez de la péninsule de Beara.
Cette balade de cinq kilomètres s’intitule Garnish Loop et démarre au choix à la Garnish Beach ou au parking du téléphérique de Dursey. Pas de soucis pour s’orienter, l’itinéraire est fléché en jaune.
Le sentier part à l’assaut d’une colline, 140m au garrot, et offre des vues qui valent leur pesant de cacahuètes. Nous croisons des corbeaux, lièvres et surtout moutons, moutons, moutons, par centaines.
Une averse digne d’une mousson indienne nous réveille. Nous restons bloqués là vingt minutes, sous nos parapluies, avant de voir naître un arc-en-ciel, rien que pour nous ! Mais même sans arc-en-ciel, nous recommandons fortement cette randonnée.
L’île de Dursey que vous apercevez est accessible en téléphérique, hélas temporairement en travaux lors de notre voyage. Si vous avez 60€ par personne, il existe aussi des excursions en bateau autour de l’île (jetez un œil aux avis de « Dursey Boat Trips », ils donnent très envie).
Village joyeux et cimetière mystique
De retour au volant de notre bolide, nous découvrons le joli morceau de route qui rallie le village d’Eyeries.
Au milieu de cette grisaille ambiante, Eyeries fait l’effet d’une explosion de couleurs ou d’un magasin de jouets pour enfants.
Il n’y a pas grand-chose à y faire, cependant, à part siroter un thé.
Un peu plus loin, le cimetière de Kilcatherine offre à ses fantômes de sacrés paysages depuis des siècles. L’une des croix serait d’ailleurs la plus vieille d’Irlande.
Cuas Pier Caves
Via les plus petites routes d’Irlande, ou presque, nous rejoignons les Cuas Pier Caves en suivant les panneaux Ring of Beara. Il s’agit de grottes forgées par l’action combinée d’une rivière pacifique et d’un océan atlantique.
L’une d’elles est un véritable tunnel d’une cinquantaine de mètres !
Venir là est surtout une bonne occasion pour… randonner bien sûr ! Vous commencez à nous connaître. Une boucle de cinq kilomètres se rend jusqu’au Dog’s Point et revient, avec de belles vues sur la baie en cadeau.
Avant de rentrer à Allihies pour la soirée, nous passons voir le Glenbeg Lough, un lac très calme entouré de hautes collines et doté de tables. Il ne nous manque que le pique-nique.
Alors que nous pensions le soleil éteint pour la soirée, un arc-en-ciel s’installe fermement dans le ciel et s’y tient pour quarante minutes de folie.
Uragh Stone Circle et parc de Gleninchaquin
Pour notre dernier jour sur la péninsule de Beara, nous passons en revue les collines et les nuages de sa partie nord. Difficile de se lasser.
Ce qui nous déroute le plus sur les routes irlandaises, mise à part la conduite à gauche, ce sont les panneaux de limitation de vitesse pas du tout adaptés à la dangerosité de la route.
Un premier arrêt nous dépose à l’Uragh Stone Circle, positionné dans un sacré décor. Surtout lorsqu’un rayon de soleil apporté par une puissante magie druidesque se met à l’éclairer :
Le tarif pour l’admirer est de 5€, à glisser dans une honnesty box, c’est-à-dire une boîte non surveillée. C’est un peu cher pour une visite de cinq minutes, mais cela s’explique par deux facteurs : 1) le terrain est privé, 2) le capitalisme.
C’est un peu la même chose pour le parc de Gleninchaquin qui occupe un coin de pays juste à côté et réclame 7€ aux visiteurs. Mais il recèle une superbe cascade et plusieurs sentiers balisés sur lesquels il est facile de passer bien plus de cinq minutes.
Voici donc pour la péninsule de Beara ! Nous retrouvons ensuite la ville de Kenmare, dont nous vous parlons dans notre article sur le Ring of Kerry.
Notre avis sur le Ring of Beara
Si nous n’avons pas été suffisamment clairs, nous avons adoré ! Cette péninsule de Beara n’est pas aussi grande qu’Iveragh, mais n’hésitez pas à y consacrer deux, trois, voire quatre jours, en particulier si vous aimez lâcher la voiture et partir marcher une heure ou deux dans des paysages sauvages. Le tourisme y est également moins développé que sur le Ring of Kerry d’Iveragh, ce qui nous a donné l’impression d’une plus grande liberté et d’échanges plus spontanés avec les Irlandais.
Nos découvertes à Beara sur une carte
Conseils pratiques pour visiter la péninsule de Beara
Dormir sur la péninsule de Beara
Nous avons réservé deux nuits à la Seaview Guesthouse (75€ la nuit, excellent petit-déjeuner en supplément)i, située à Allihies, que nous recommandons chaudement.
Nous avons aussi passé une nuit à Bantry, c’est-à-dire tout proche, à l’entrée de la péninsule du dessous appelée Sheep’s Head. Le Barry’s B&B (70€)i a un peu moins de charme, mais propose tout de même un bon rapport qualité/prix.
Se nourrir
En plus du petit Adrigole Arts Café pour un snack ou un goûter, nous conseillons le pub O’Neill’s d’Allihies qui nous a régalés deux soirs de suite (soupe brocoli-citron, tajine végétarien…). Et pour ne rien gâcher, des musiciens viennent jouer chaque mercredi soir en été.
Repérer les fêtes de village
Cette page de l’office de tourisme de Beara recense les festivités estivales des villages de la péninsule.
Superbes photos ! Ça donne vraiment envie d’y aller malgrès le temps (mais au moins on est seul à profiter !)
Salut Milla,
Merci pour les photos. Et franchement, avec un bon anorak la météo passe bien, on avait de belles éclaircies entre deux averses !
Toujours un bonheur de vous suivre ! Photos et et dessins vraiment au top. Grande bouffée d’oxygène, dépaysement et découvertes dont je ne lasse jamais.
Bravo à vous et merci 🍀🌹
Merci beaucoup pour les compliments et les encouragements.
À bientôt !
Bel article, j’ai toujours plaisir à te lire, et baver devant tes photos (qui prend plaisir à baver? 🙂 ), ne jamais sous estimé les forces druidiques, quant aux maisons de fées, je m’applique à faire pareil dans mon jardin, avec une 50% de mon adn Irlandais ceci explique cela ;). Bravo à mi raison pour les aquarelles ça donne un pep’s supplémentaire à l’article (comme si il en avait besoin!!)
merci à vous 2
Coucou et merci, c’est très gentil !
Allez-vous craquer et sauter du coq à l’Irlande ?
Toi qui t’y connais, penses-tu qu’on puisse ajouter une maison de fée sur notre petit balcon, ou bien les fées évitent la ville ?
Hello ! le coq vient de sauter pour la seconde fois jusqu’au Mexique, alors il va se calmer un peu et rester sagement à la maison tout l’été, profiter de son lieu de vie calme dans sa verte Dordogne, l’Irlande est prévue au programme, ton article et tes photos ne peuvent qu’inspirer un prochain voyage en terre celte.
Les fées ne s’approchent pas des villes , m’enfin !! 😉 mais une maison de fées peut tenir lieu de cantine pour les petits oiseaux