Nous passons un mois à Gênes pour nous empiffrer de focaccia, pesto, pasta, pizza… mais pas seulement ! Nous avons aussi en tête une série d’expéditions beaucoup plus sérieuses sur la côte de la Ligurie, destinées à étudier très scientifiquement le « comportement d’un cerveau humain confronté à une débauche de beauté de paysages ».
Pour cela nous identifions deux zones à « haut potentiel d’enchantement ». Les Cinque Terre en font bien entendu partie, cependant nous démarrons cette expérimentation à Portofino et dans son parc régional.
Nous tirons au sort un cobaye, Mi-Fugue est l’heureuse perdante. Son coefficient émotionnel sera mesuré avec fiabilité grâce au kiffomètre suivant :
Nous optons pour une randonnée de 13km allant de Camogli à Portofino en passant par le parc naturel régional. Un sentier plutôt exigeant, avec pas loin de 700m de dénivelé, qui suit la côte sur le chemin des batterie au lieu de couper par l’intérieur du parc.
Depuis Gênes
Pour atteindre le point de départ de la randonnée, rien de plus simple. Nous nous rendons à la gare Genova Piazza Principe, à 15 minutes à pied du centre de Gênes et montons dans un train régional pour descendre à Camogli – San Fruttuoso (1 à 2 trains par heure, prix 3€90, durée 40 minutes).
Nous effectuons un premier relevé d’exaltation :
Entrée dans le parc régional de Portofino
Puisque les journées de novembre sont courtes, nous démarrons tôt. À 8h, nous traversons déjà Camogli, une ville de taille moyenne un peu coquette, peuplée de balnéairophiles. Nous repérons le sentier pédestre recherché et prenons rapidement de la hauteur.
Tout est bien indiqué, impossible de se perdre grâce aux symboles des deux ronds rouges. Les maisons s’écartent les unes des autres, la nature prend de l’assurance et le soleil déboule au premier virage.
Arrive bientôt le micro village de San Rocco di Camogli, mignon comme tout.
Le belvédère du village offre une vue de choix sur l’immense golfe de Gênes, ainsi qu’un bon aperçu du relief froissé de l’arrière-pays.
Il est temps d’effectuer un relevé :
La nature entre en scène
À la sortie de San Rocco, de nombreux agrumes se penchent sur notre chemin : citrons, cédrats, clémentines, pamplemousses, grâce au microclimat local, tout pousse sans pépin.
Les jardins s’éloignent et les espèces sauvages s’affirment alors : arbousiers, bruyères, chênes. Des similitudes avec la Corse voisine se font sentir (Corse qui fut d’ailleurs colonisée par les Génois avant d’être cédée aux Français).
Nous passons proche des batterie, des sortes d’anciens bunkers de la Seconde Guerre mondiale, qui donnent leur nom au sentier.
Vient ensuite le début d’une série de « via ferrata ». Ce ne sont pas des passages au-dessus du vide, mais des roches penchées sur lesquelles il vaut mieux tenir la corde pour ne pas glisser.
Sujets au vertige, prenez votre courage à deux mains et… non, faites demi-tour, c’est plus prudent.
L’abbaye de San Fruttuoso et sa crique craquante
Après une (rude) montée suivie d’une bonne descente, nous atteignons San Fruttuoso. Oubliez les petits villages mignons, une massive abbaye médiévale est venue poser ses doigts de pied directement sur la plage de galets. Stupendo!
Dans la même crique se prélassent une jolie tour de garde, trois-quatre autres bâtiments dont un restaurant et… basta. Aucune route ne relie le tout à la civilisation, par conséquent denrées et touristes sont acheminés par bateau.
C’est probablement ce qui a préservé la pureté du lieu :
Nous pique-niquons face à l’onde turquoise, le séant posé dans les crottes d’oliviers… ou peut-être… de biquettes ? Car un gang rode sur les sentiers, avec des looks de dures à cuire.
La dernière grosse montée tire sur les mollets. Nous sommes dès lors absorbés par une forêt qui nous libère un peu plus loin, sur la côte. Puis entre les oliviers et les vignes, dont les fruits finissent embouteillés à prix élevés.
Le célèbre petit village surgit enfin. Grâce à cet itinéraire de randonnée, nous descendons progressivement vers lui. Au même moment, un air oublié nous revient en tête : « I Found My Love In Portofino ».
Portofino, le village aristo
Imaginez un petit port encerclé par les collines vertes. Ajoutez des petits bateaux croquignolets, puis soulignez les quais avec un alignement de maisons polychromes, aux couleurs choisies dans les nuances du coucher de soleil. C’est Portofino.
En revanche, nous préférons vous prévenir, l’ambiance est spéciale. La jet-set y a pris ses quartiers comme elle l’a fait à Capri ou Saint-Tropez. Nous hallucinons de la concentration de boutiques Dolce & Gabbana, Louis Vuitton ou Rolex dans un si petit village.
Du côté des restaurants, il faut lâcher un bras pour le plat de pâtes le plus simple et se débarrasser du deuxième pour un verre de Spritz. La doudoune sans manches a de beaux jours devant elle.
À côté de cela, des scènes de vie beaucoup plus simples se déroulent, tels ces deux papis qui papotent en vidant l’eau de leurs barques respectives et ce héron posé sur une troisième.
Nous finissons par nous régaler de bananes trouvées au fond de nos sacs et des vues mamma miesques.
Nous entamons le retour par un bus jusqu’à Santa Margherita Ligure (3€, toutes les 15 minutes en haute saison, 30 minutes en basse). Puis reprenons le train pour Gênes (3€90, 50 minutes), fatigués mais heureux.
Conclusion
Après une série de calculs triviaux…
… nous sommes en mesure d’établir une connexité entre le taux de neurotransmetteurs catécholamiques et l’hyperexcitabilité postsynaptique.
Par la même occasion, nous vous recommandons cette randonnée très agréable qui permet de découvrir un coin préservé de la côte ligure, ainsi que l’abbaye de San Fruttuoso autrement qu’en bateau et Portofino autrement qu’en… Ferrari.
Conseils pratiques pour randonner dans le parc régional de Portofino
Itinéraire
La randonnée que nous avons suivie est celle-ci. En prenant notre temps, nous avons marché six bonnes heures, auxquelles s’ajoute une pause pique-nique d’une heure.
Dormir à Portofino
Si vous avez un budget illimité, vous pouvez envisager une nuit ou deux à Portofino (voir les hébergements par icii). Sinon, regardez plutôt du côté de Santa Margherita Ligure (voir par lài) toute proche, ou… carrément à Gênes.
Autres promenades en Ligurie
Nous proposons quelques idées d’échappées dans notre article sur Gênes et ses environs : Boccadasse, Nervi, randonnée des forts. Sans oublier le sud de la région, où nous nous sommes concocté un itinéraire de deux jours de randonnée dans les Cinque Terre.
J’adore toujours autant vos récits pleins d’humour 💌
Pour une fois qu’on essayait d’écrire un article sérieux, c’est râpé… Merci 🙂
Même si nous ne sommes pas en mesure de faire une telle randonnée..nous lisons tjrs vos adorables récits très utiles et toujours autant humoristiques!! Très utiles quand on décide d une destination nous les septuagénaires très curieux! Merci à vous
Merci de nous lire ! Le prochain article sera encore pas mal sur le thème de la rando, mais après ça se calme !
Je vous mets 5/5 pour le rapport de CEM, et tout autant pour l’analyse de cette randonnée ! Bisous
Trop fiers de cette note, merci !
Bonsoir à vous,
Et merci pour vos découvertes que je suis….depuis ma découverte concernant vos voyages.
Je vous envie..
Une question hors clou
Avez vous déjà voyagé à tel aviv ?
Bonsoir Catherine, non, on ne connaît pas Tel Aviv !
Bonjour,
Il va falloir maintenant faire un rapport de CEM sur le Sentier des Dieux de la côte amalfitaine. J’aime toujours autant votre humour! Continuez ainsi !
Merci !
Nous avons marché sur le Sentier des Dieux il y a une dizaine d’année. À l’époque nous n’avions pas nos instruments de mesure, mais effectivement le CEM avait atteint des sommets !