Le trajet de bus depuis Prizren passe en deux clins d’œil. Un premier clin pour apercevoir des cigognes perchées sur les poteaux électriques, un deuxième pour les vieillards en chapeaux traditionnels albanais, qui pourraient aisément être confondus avec des œufs de cigognes. Et hop, nous voilà arrivés à Pristina, la petite et méconnue capitale du Kosovo.
Pristina, nos premières impressions
Avec tout le respect que nous avons pour Pristina, beauté, élégance et harmonie ne font pas partie de ses points forts. D’habitude, la banlieue disparaît lorsque l’on approche d’un centre-ville. Ce n’est pas le cas ici. Ou plutôt, le centre ressemble à une banlieue, avec tout le respect que nous avons pour les banlieues.
Au cœur du cœur de Pristina, des immeubles pas loin de s’effriter s’échangent des regards de béton, les pieds dans des parkings mal rangés.
Nous grimpons dans l’un de ces cubes, peu rassurés… pour découvrir un sympathique appartement on ne peut mieux situé. Avec une vue plongeante sur le boulevard Mère Teresa, s’il vous plaît, c’est-à-dire l’artère piétonne archi-centrale.
Vous l’aurez compris, le charme de ce boulevard « Nënë Tereza » n’est pas à chercher du côté architectural, mais plutôt dans ses beaux arbres qui ombragent une ribambelle de bancs, de libraires de rue ou de statues, où déambulent du matin au soir des habitants de tout âge.
Marcher, c’est bien, mais passer des heures devant une tasse de café, c’est mieux. C’est même une institution, voire un art, puisque les baristas de Pristina sont réputés préparer le meilleur macchiato du monde. Si si !
Naïvement, nous pensions qu’un pays encore un peu meurtri par la guerre n’avait pas trop la tête à la fête. Or les rues secondaires du centre regorgent de bars et restaurants qui rivalisent d’inventivité, de verdure et de guirlandes pour occulter les mornes façades. Et la jeunesse kosovare s’y presse ! Par exemple la ruelle « 2 Korriku » est si remplie en soirée que nous ne trouvons plus une table libre !
Dans les artères moins festives, les façades sont également recouvertes, mais cette fois d’enseignes qui jouent des coudes dans un grand Tetris de la réclame.
Parmi elles, nous repérons un nombre étonnant de librairies, agences de voyage et salons de beauté. En plus de voir les habitants du Kosovo comme de grands caféinomanes, nous les imaginons maintenant fans de lecture en voyage et dotés de jolis ongles.
En vrac, nous croisons aussi beaucoup de mangeurs de glaces, de chiens qui dorment de tout leur long, d’ados fans de mode, de bocaux de légumes et de graffitis pour la paix.
En parlant de graffitis, Pristina possède une belle collection de fresques. Celle dont ils sont le plus fiers pourrait bien être la représentation de Dua Lipa, chanteuse star d’origine kosovare.
Mais alors, que visiter à Pristina ?
À vrai dire, il n’y a pas une foultitude de monuments ou musées à visiter à Pristina, mais tout de même largement de quoi s’occuper une journée.
Pour commencer, nous rendons visite à Sainte-Mère Teresa, pas le boulevard mais la cathédrale, sortie de terre il y a une dizaine d’années. Pour info, la « petite sœur des pauvres » est née albanaise, ce qui lui confère une place de choix dans le cœur albanais d’une grande partie des Kosovars.
Si nous vous conseillons la cathédrale de leur Nënë chérie, c’est surtout pour son clocher de gauche qui dissimule un ascenseur. La montée au paradis des points de vue vaut largement ses 1,50€.
Depuis le sommet, un bâtiment fait ciller plusieurs fois nos yeux : la bibliothèque nationale de Pristina. Cet ovni a souvent été classé parmi les architectures les plus laides du monde. Pour notre part, nous le trouvons… décoiffant. Et vous ?
Juste à côté, dans le parc arboré de l’université, trône une autre curiosité sous la forme d’une église orthodoxe inachevée. Les Kosovars, brouillés avec les Serbes, n’ont aucune envie de poursuivre les travaux, sauf à lui trouver une autre utilité.
Avant de quitter le coin, jetez un œil aux expositions temporaires de la Galerie Nationale. Elle n’est ni très grande, ni très fournie, mais cela ne coûte rien (l’entrée est gratuite) de passer encourager les artistes et conservateurs.
Enfin, ce n’est pas vraiment un monument, mais les sept lettres géantes « NEWBORN » érigées le jour de la déclaration d’indépendance en 2008 possèdent une forte valeur symbolique pour les Kosovars.
Chaque année, les lettres sont repeintes et contiennent un nouveau message. En 2023, nous tombons sur une version carrément réordonnée qui envoie un message aux politiciens : « Pas une nouvelle république fêlée ».
Un petit tour en Amérique ?
Nous découvrons les Kosovars archi fans des États-Unis, qu’ils considèrent comme leurs sauveurs durant la guerre. Et en premier lieu Bill Clinton, qui a l’honneur d’un boulevard et d’une statue à son nom. Statue hilare, près de laquelle nous remarquons une boutique… Hillary !
Il existe aussi une rue « Xhorxh Bush », que nous vous laissons le soin de traduire. Cela ne s’arrête pas là, des drapeaux américains flottent à peu près partout au Kosovo, y compris sur des vêtements très fièrement portés.
Le quartier ancien de Pristina
Pour en savoir un peu plus sur Pristina, nous suivons un free walking tour qui nous mène notamment dans le plus anciens des quartiers non aplatis par les communistes. Trois vieilles mosquées, des bains turcs et une Tour de l’horloge comptent parmi les rescapés. Des projets existent pour redonner un peu de lustre aux lieux, mais pour le moment les moyens manquent.
Nous passons une tête dans le musée ethnographique, une grande et vieille propriété figée dans le passé. On peut admirer par exemple une salle de séjour où les hommes se réunissaient pour prendre le thé et fumer sur des coussins, tandis que les femmes se retrouvaient dans une pièce réduite pour s’occuper des enfants. Entrée gratuite, donation appréciée.
Au retour, nous découvrons le monument de la fraternité yougoslave en forme de trident. Un petit vieux se faufile près de notre groupe avec le pouce en bas, grommelant « communisme ».
Balade au parc Germia
Après avoir bien quadrillé le centre de Pristina et bien siroté ses macchiatos, nous nous lançons à la recherche d’un brin de nature. Un bus de ville nous dépose à l’entrée du parc Germia, qui n’est ni plus ni moins qu’une portion de l’immense forêt à l’est de la capitale, mais moins touffue, aménagée pour la promenade, les pique-niques et les roulades. Chaque week-end, les Pristiniens s’y pristipitent (et l’été, une piscine géante est remplie pour qu’ils y kosovoguent).
À droite, à gauche, les sentiers qui s’enfoncent dans les bois sont tout autant d’idées de randonnées. De notre côté, nous flânons au fond de la vallée jusqu’à atteindre, au bout de quarante-cinq minutes, un café-restaurant pour prendre un verre.
Et… c’est à peu près tout ce que nous avions à vous raconter !
Notre avis sur Pristina
Ne vous attendez pas à une ville coquette comme Prizren. Ici, les rues sont plus larges et le béton plus gris. Nous gardons un très bon souvenir de nos quatre jours passés ici, donc nous vous conseillons de venir. Mais, toute capitale qu’elle soit, elle est de taille réduite. Un jour ou deux suffisent à prendre le pouls de l’ambiance locale et faire le tour des points d’intérêt. S’il vous faut un dernier argument en faveur de Pristina : elle possède de bons restaurants !
Conseils pratiques pour visiter Pristina
Trajet entre Prizren et Pristina
En bus, comptez 5€ et presque 2h car il évite l’autoroute. Une fois à Pristina, la gare routière n’est pas dans le centre, il faut donc reprendre un bus.
Se déplacer dans Pristina
La plupart des attractions sont accessibles à pied, d’autant que le centre est bien aménagé pour les piétons. Pour aller plus loin, le réseau de bus est très bien organisé, moderne et présent sur Google Maps. Un trajet coûte 0,50€, à régler directement à bord auprès du contrôleur.
Se loger à Pristina
Nous étions très satisfaits de ce bel appartement en plein centrei. Il faut juste ne pas prendre peur en arrivant en bas de l’immeuble, qui a vécu son temps comme beaucoup d’autres dans le quartier.
Manger à Pristina
Comme souvent dans les capitales, nous nous sommes régalés. Voici notre sélection de bons restaurants :
- Baba Ganoush Meze, notre chouchou, sert une excellente cuisine moyen-orientale et végétarienne. Il est juste un peu difficile à trouver, au fond d’une arrière-cour sans nom sur la devanture.
- Sonder est un restaurant plutôt haut de gamme, non fumeur et plein d’options végétariennes, dont quatre shakshukas différentes. L’atmosphère est chicos, mais les prix restent très abordables (6€ le plat).
- Soma Book Station est le resto le plus prisé des expatriés. C’est vrai que la décoration est superbe (ainsi que la terrasse) et que les cocktails sont réussis, mais la nourriture un peu moins.
Et du côté des cafés :
- Lily’s Pejton, un joli café avec un jardin-terrasse agréable, un bon choix de petits-déjeuners ou snacks et de bonnes boissons. Mais pour ces dernières, la question ne se pose même pas au Kosovo. N’oubliez pas que le macchiato est ici le meilleur du monde !
- Le Matcha, un poil à l’écart du centre, offre une ambiance douce et cosy. La gérante aux petits soins prépare d’excellents pancakes ou jus d’orange pressés.
Free Walking Tour
Ce n’est pas le « free tour » le plus passionnant que nous ayons suivi, mais il reste intéressant pour mieux comprendre l’histoire de Pristina et du Kosovo. En anglais uniquement, réservation par ici, guide payé au pourboire.
J’ai de très bons souvenirs de cette ville, qui correspondent aux descriptions que vous en faites !
Ça ne nous surprend pas 🙂