Aujourd’hui, nous avons un petit bijou à vous présenter. Une découverte qui a immédiatement pris sa place dans notre liste des sept merveilles du monde :
Mais avant de vous présenter Batad et ses rizières, laissez-nous vous raconter notre arrivée aux Philippines !
Manille, la chaotique capitale
Tout juste débarqués aux Philippines, nous sommes excités comme des puces sur un nouveau chien. Sauf que Manille et son manque de charme nous refroidissent rapidement. La capitale semble subir un développement anarchique. De grands immeubles poussent au milieu d’une jungle urbaine mal débroussaillée, et une méchante circulation paralyse les rues du matin au soir. En errant dans le quartier de Makati, notre point de chute, nous finissons par trouver quelques ruelles calmes et colorées qui nous réconcilient avec la ville.
Quant aux Manillais que nous croisons, nous leur trouvons un style moderne et décontracté. Ils parlent un anglais impeccable, mangent au fast-food, travaillent dans les cafés et vivent leur vie sans la moindre curiosité à notre égard. Quel chamboulement en comparaison des Indonésiens que nous venons de quitter !
Notre découverte préférée, après un jour dans le pays, ce sont les extravagantes jeepneys qui égayent les rues :
Il y en a des milliers, toutes plus clinquantes les unes que les autres ! L’Armée américaine a laissé derrière elle quelques vieilles jeeps à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, puis les Philippins les ont converties en transports collectifs. Depuis, la tradition perdure et les nouvelles jeepneys sont fabriquées sur le même modèle, avec ce capot digne d’une Rolls-Royce.
En route pour Batad !
Nous ne nous éternisons pas à Manille et grimpons dans un bus de nuit en direction du nord, de Banaue plus précisément. Fini le capharnaüm des rues embouteillées, nous débarquons au petit matin, les yeux embrumés, dans un village de montagne tout aussi brumeux.
Sur les conseils de plusieurs voyageurs, nous prenons un tricycle, le tuk-tuk local, pour rejoindre le village reculé de Batad. Les rizières y sont, paraît-il, les plus impressionnantes de la région, du pays, voire du monde. Oui Madame, oui Monsieur, du monde !
La route goudronnée qui mène de Banaue jusqu’à Batad est censée s’arrêter en haut d’un col appelé The Saddle (la selle). De là il faut, selon ce que nous avons lu, marcher pour rejoindre le village. C’est donc ici que nous demandons au chauffeur de tricycle de nous déposer. Nous lui donnons même rendez-vous le lendemain, ce qu’il accepte en nous faisant promettre trois fois de ne pas le laisser tomber.
Une fois notre tricycle reparti, nous découvrons que la route se poursuit désormais. Pas encore jusque Batad, mais ça devrait être bon d’ici un an. Nous sommes les seules andouilles à descendre encore du Saddle à pied ! Nos gros sacs sur le dos et la gadoue par endroits ne nous facilitent pas la tâche. Il nous faudra une heure pour atteindre le village.
Les rizières de Batad : terrasses avec vue
L’arrivée à Batad est une telle claque visuelle que nous en oublions complètement nos épaules endolories.
Un flanc de montagne entier, incurvé comme un amphithéâtre, a été transformé en rizière géante. Un travail de titan, commencé il y a plusieurs millénaires par les Ifugao, l’ethnie de la région.
Nous posons nos affaires dans l’une des guesthouses du village et repartons immédiatement à la découverte des rizières. Il n’est pas question d’en perdre une miette, ou plutôt un grain de riz. De toutes façons, il n’y a rien d’autre à faire à Batad. Le village n’a quasiment pas d’électricité, aucun signal téléphonique et Internet est un lointain concept.
Marcher dans les rizières est amusant mais requiert des talents de funambule. Le principal risque est de glisser dans la gadoue… c’est du vécu. S’aider des mains est nécessaire pour passer d’un étage à l’autre et les murets qui constituent les seuls chemins sont très étroits.
Nous crapahutons ainsi dans tous les sens, montant, descendant, remontant, trouvant à chaque instant le paysage plus beau que la minute précédente.
Une mamie ramasse des plantes, le linge sèche aux fenêtres, les canards pataugeurs s’enfuient à notre approche, les femmes désherbent les épais murs de pierre, les hommes roupillent… Devant un mode de vie si simple, nous nous sentons propulsés un siècle plus tôt. Les habitants ne surjouent pas leurs traditions pour plaire aux touristes. Il y a fort à parier que la route qui gagnera le village un de ces jours changera l’ambiance.
La cascade de Tappiyah
Le lendemain, nous nous levons tôt pour découvrir la cascade au fond de la vallée. Le dénivelé est costaud, mais c’est une belle balade, surtout pour la vue vertigineuse sur la rivière.
Un éboulement a récemment rendu une portion du chemin dangereuse. La marche à suivre pour ne pas provoquer un nouvel éboulement en passant est expliquée sur un panneau dont voici une retranscription approximative :
Entre nous, la cascade n’est pas aussi spectaculaire que la route qui y mène. En revanche, les lève-tôt sont récompensés par un arc-en-ciel qui s’efface l’après-midi.
Au retour, nous laissons quelques écoliers nous doubler, cartables sur le dos. Il y a pire chemin pour se rendre à l’école, en équilibre sur des pierres, dans l’une des merveilles du monde !
La remontée de la mort
C’est l’heure de regagner Banaue, mais avant cela, le col nous attend ! Au tiers du chemin, en arrivant sur la route goudronnée, des jeepneys proposent de nous ramener directement à Banaue. La tentation est grande mais nous refusons. Nous avons rendez-vous avec notre chauffeur de tricycle au Saddle et nous sommes des gens de parole.
La montée est encore plus dure que nous l’imaginions. Après 1h30 d’efforts, nous parvenons au sommet sous un tonnerre d’applaudissements imaginaires. Nous sommes pile à l’heure pour le rendez-vous.
Vous l’avez vu venir, n’est-ce pas ? Nous non. Notre chauffeur de tricycle n’est pas là. Il nous a tranquillement posé un lapin, alors que nous venons d’accomplir un exploit sportif (si si) juste pour qu’il ne perde pas sa course !
Désespoir devant une jeepney abandonnée…
À 15h, plus personne ne passe par le Saddle et nous nous demandons bien comment rejoindre Banaue. Il faudra attendre une demi-heure pour qu’une jeepney approche, musique country à fond dans les enceintes. À l’intérieur, des voyageurs bloqués à Batad nous expliquent qu’ils ont bataillé ferme pour convaincre le chauffeur de faire un dernier trajet. Nous avons eu chaud !
Avec tout cela, une petite douche ne nous ferait pas de mal mais… nous enchaînons avec une nuit de bus pour rentrer à Manille, puis une nuit sur un ferry pour rejoindre l’île de Coron. Pauvres voisins de couchette.
Notre avis sur Batad
Waaooouuuuhhhhh ! Batad est vraiment l’un des plus beaux endroits sur Terre. Dire que nous hésitions à venir car les rizières sont marron et non pas vertes en décembre. Il aurait été dommage de rater cela, d’autant que l’essentiel des autres paysages traversés aux Philippines seront des plages.
Conseils pratiques pour visiter les rizières de Batad
Dormir et manger à Batad
Les hôteliers de Batad sont habitués à recevoir les visiteurs sans réservation dans des établissements tous très sommaires. Nous avons choisi un peu vite le Ramon’s Homestay qui n’a rien pour lui : zéro confort, gérant désagréable et mauvaise cuisine. Nous sommes allés dîner au resto/hôtel voisin, le Lhorene’s Inn et c’est celui-ci que nous préférons recommander. La nourriture était simple mais soignée, la patronne très gentille et, sans toutefois avoir vu les chambres, l’établissement nous a semblé beaucoup mieux tenu que Ramon.
Mise à jour juin 2018 : L’hôtel Lhorene’s Inn est maintenant réservable sur Bookingi (et il est bien noté !).
Bus de Manille à Banaue
La compagnie Ohayami propose un bus au départ de Manille, de 22h à 7h, pour 490 Pesos par personne. Le retour est de 19h à 3h30 du matin. Il est préférable de réserver si vous ne voulez pas vous retrouver sur les strapontins de l’allée centrale. Cela peut se faire en ligne ici, moyennant 13% de frais supplémentaires. Prévoir pantalon et pull pour affronter la clim.
Trajet de Banaue à Batad
Nous avons négocié le tricycle à 400 Pesos pour deux. Les deux places dans une jeepney peuvent se négocier à 300 Pesos, mais il n’y en a pas régulièrement.
Se déplacer dans Batad
La plupart des touristes visitent Batad à la journée depuis Banaue, avec un guide privé. Si vous souhaitez dormir sur place et vous débrouiller seuls, sachez qu’il est très facile de visiter le village sans guide. En cas de doute, les habitants indiquent volontiers le chemin à suivre.
Merci à vous pour ce tres beau reportage.
Merci ! On ne se lasse pas de re-re-regarder les photos !
Nous aussi nous avons fait « waaaaoooouuuuh ! » devant vos photos et éclaté de rire devant le dessin des rizières ! Pas de « passing places » comme en Ecosse… Bravo pour la remontée sportive qui méritait bien un « happy end » !
Éclaté de rire ? Le dessinateur est triste que son travail ne soit pas pris plus au sérieux…
Non, il n’y a pas trop d’endroits pour se croiser. Peut-être qu’en s’accrochant l’un à l’autre ça passe, mais il vaut mieux s’entendre avec la personne !
Super récit, merci pour le partage d’expérience ! Nous sommes en train de planifier notre tour du monde et Batad est une des étapes. Votre article donne envie !
Merci !
Bon courage pour votre planification, les choix ne doivent être toujours simples !
C’est supeeeer beau ! Puis, j’aime toujours autant vos petits dessins 🙂
Bonne découverte des philippines !
C’est gentil !
Leurs greniers à riz rappellent étrangement les horreos des Asturies !
A quelle étape en sommes-nous de la saison du riz ? Sur certaines photos on aperçoit de jolis champs verts.
Ils sont impressionnants ces murets.
Où est ma musique des Philippines ?
Il nous semble que ce sont des maisons traditionnelles et non des greniers à grain. C’était la saison des rizières vides. Les petits champs bien verts sont les jeunes pousses qui seront bientôt repiquées partout.
Quant à la musique philippine, désolés mais ici c’est le royaume des chansons américaines !
Bon et le riz, il est bon ? Ils ont tout mangé, ou tout vendu ? Bon c’est clair, que ça à l’air trop beau, et la « p’tite » marche un bon moyen de sortir des sentiers battus. Dans un endroit comme ça, vous croisez beaucoup de touristes ? Bon, moi j’ai rattrapé mon retard, à quand le prochain article 😉 Biz
Le riz est bon oui, enfin… on n’est pas experts en dégustation de riz !
Non, il n’y avait pas beaucoup de touristes. On en croise juste de temps à autre, ils sont bien disséminés.
Ça y est, un nouvel article est en ligne !
Merci beaucoup pour vos publications Hyper Agréables à lire et à contempler !!! Je voyage avec vous et j’adoooore… A bientôt …
Merci pour ce super compliment ! À bientôt !
Bonjour, peut être que j’ai mal lu, combien de temps êtes vous restés là bas ?
Merci par avance
Bonjour Marco,
Nous ne l’avons pas précisé : nous sommes restés une nuit seulement à Batad, entre deux bus de nuit. Pour visiter Batad, c’est suffisant. Si tu souhaites découvrir Banaue ou les alentours, tu peux prévoir un peu plus. Nous on se dépêchait de rejoindre Manille afin de prendre le ferry pour Coron qui ne passe que deux fois par semaine.
Ok merci ! Je pars aux Philippines 15 jours à la toussaint avec ma femme et ma fille , le but du voyage c’est palawan et coron mais je ne sais pas si ça va pas faire trop et peut être qu’on aurait le temps ou pas d’ailleurs d’aller voir autre chose , mais j’avoue les 2 nuits presque d’affilée me font penser que c’est peut être beaucoup courir pour pas grand chose ! C’est vrai que vos photos font envie .
Bref on verra bien !
Merci de votre réponse
C’est vrai que c’était la course ! On ne regrette pas car c’était vraiment sublime mais si vous le faites aussi vite que nous, gardez en tête que ce ne sera pas reposant. Ahlala ce n’est pas facile de faire des choix en voyage !
Bonjour,
Je prépare un voyage en famille qui aura lieu en février. Le bus de Manille à Banaue est il un bus couchette ? J’ai seulement trouvé des bus assis avec Ohayami et j’ai peur que le dos de mes parents ne suporte pas la nuit…
Je vais continuer à vous lire 🙂
Chloé
Bonjour Chloé,
Désolés, ce n’est pas un bus couchette, et c’est vrai que ce n’est pas l’idéal pour le dos ! Si jamais vous choisissez quand même Ohayami, surtout réservez votre place car on a vu les derniers passagers s’asseoir sur des strapontins dans l’allée, et là c’est carrément l’horreur pour dormir.
Merci pour cette réponse. On regarde pour faire le trajet en Van du coup.
Bonjour Chloé 🙂 pour le retour il est nécessaire de réserver ??
Oui, il vaut mieux réserver le retour aussi. Sauf si tu ne crains pas de passer la nuit sur les strapontins de l’allée centrale !
Bonjour
On projette un voyage à Noel avec nos 4 enfants: entre 6 et 14 ans. Est ce que c’est envisageable d’aller jusqu’a Batan. On ne fera pas de grand trek de 3 jours, mais on a entendu dire que c’est dangereux de marcher dans ces rizières, qu’il y a un risque de chute pour les enfants…est ce vrai?
C’est vrai qu’il est possible de tomber si on a un moment d’inattention mais rien de très dangereux, au pire on se retrouve avec un peu de boue sur les fesses. À notre avis, vous pouvez y aller !
Bonjour et merci pour votre récit magnifique (on voyage avec vous) et plein d’humour.
Je pars avec ma petite famille (ma femme et mes 3 fils de 13, 11 et 5 ans) dans un mois aux philippines.
Nous comptons commencer par Batad. Combien de jours estimez vous qu’il est nécessaire de rester sur place (2, 3 ou plus de jours?) pour bien profiter ?
Nous partons deux semaines pleines et comptons aussi faire Coron et Palawan.
Merci à vous
Bonjour Stéphane,
Nous avons passé une nuit sur place, entre deux bus de nuit Manille-Banaue et Banaue-Manille et ça nous a semblé bien. Si jamais vous voulez prolonger le séjour dans la région, vous pouvez sûrement trouver d’autres balades vers Banaue ou Sagada une fois que vous aurez visité Batad (hyper beau mais tout petit !).
Bonjour
bravo pour votre blog.
Vos contenus sont de grande qualité et votre écriture est tellement agréable et fluide!
juste une question pratique: combien de temps vous faut il pour rédiger un article?(je m’intéresse à l’écriture pour un (futur) blog pro)
cordialement
Frédéric
Hello Fred et merci pour les compliments !
Ça dépend évidemment de la longueur de l’article, mais on est lents (voire très lents) : 2 jours par article, photos et dessins compris. Heureusement que c’est une activité gratifiante !
Bon lancement de blog alors 🙂
Bonjour mi-fugue et mi-raison,
Merci pour ce superbe article encore une fois. Je termine bientôt 3 mois de voyage partagés entre l’Indonésie et les Philippines et votre blog a été pour moi un sacré compagnon de voyage ! Vos dessins sont trop chouettes !!
Ma dernière étape sera les rizières de Batad, j’ai tellement hâte 😀
Salut Chloé,
Trop bien de savoir que nos conseils t’ont été utiles ! Merci pour les dessins 🙂
Ahhh les rizières de Batad… tu vas en prendre plein les yeux. Profite bien de cette dernière étape grandiose !
Bonjour
Merci pour vos récits et images, super…
Je prépare un voyage aux Philippines en décembre et j’aimerai rester un moment dans les montagnes. Savez-vous s’il est possible de louer un scooter dans le coin pour aller voir les villages isolés. Je suis aussi photographe et ça a l’air magnifique!
Merci et bonne continuation
Bonjour Bruno,
Hélas nous ne savons pas te répondre. Ni pour la location de scooter, ni pour les villages isolés. À l’époque où nous y étions, Batad venait d’avoir une route, mais il est fort probable que les villages plus isolés n’en aient toujours pas et ne s’atteignent qu’à pied.
Amuse-toi bien, ces rizières sont magnifiques !