Rosario ou Cordoba ? Cordoba ou Rosario ? Nous cherchons une ville où faire étape quelques jours entre San Rafael et Buenos Aires, mais le dilemme fait rage. Sur le papier, ces deux options se ressemblent. Elles sont réputées jeunes, vivantes et plaisent pareillement aux visiteurs. Niveau taille, elles sont même au coude-à-coude pour la place de deuxième ville d’Argentine.
Les chiffres de fréquentation touristique finissent par nous décider : ils sont deux à trois fois plus importants à Cordoba. Hop, ce sera l’autre, Rosario. Que voulez-vous, nous avons un faible pour les villes délaissées !
Nous débarquons donc à Rosario en plein mois d’enero, sous une canicule sans scrupule. La ville tourne au ralenti, nous aussi. Habituellement, nous avons tendance à virevolter dans toutes les rues. Ici, nous sommes comme aimantés par la fraîcheur, que ce soit dans les parcs, les musées, les cafés ou sur la rive de l’immense fleuve Paraná.
Nous sommes restés cinq jours à Rosario, mais tout ce que nous allons évoquer peut se boucler en moins de deux jours !
Commençons par une rapide note de sécurité. Rosario est souvent décrite comme la ville la moins sûre d’Argentine. Cela ne se remarque pas sur place, mais c’est probablement parce que nous avons suivi une recommandation unanime : cantonner nos déplacements au vaste centre-ville, c’est-à-dire à l’intérieur du triangle formé par le bulevar Oroño, l’avenida Pellegrini et le fleuve. Une règle qui se suit sans réfléchir, puisque les principaux lieux d’intérêts sont là.
Notre appartement de location se situe ainsi dans la pointe nord du triangle, au milieu de petits commerces, de beaux arbres et de façades colorées.
Nous ne sommes qu’à quelques blocs de l’archi-centre animé et de ses immeubles archi-élégants. Mais aussi très proches du fleuve et du parc qui s’alanguit sur sa rive, où le tout Rosario se retrouve. Nous y reviendrons !
Visite culturo-touristique du centre de Rosario
Au risque de vexer ses habitants (désolés amigos !), Rosario n’est pas vraiment une belle ville. Son architecture a des allures de patchwork anachronique, mêlant sans scrupule toutes sortes d’immeubles de toutes les époques.
En plongeant au cœur de ce bric-à-brac, nous découvrons toutefois quelques-unes des façades qui font la fierté de la ville. Elles datent de l’âge d’or de l’Argentine, c’est-à-dire le début du siècle dernier. En ces temps illustres et jusqu’à la crise de 1929, le pays prospérait en exportant céréales et beefsteaks vers les États-Unis.
Dans le même style, les Rosarinos et Rosarinas apprécient et entretiennent leurs bistrots d’époque, qu’ils appellent « cafés notables ». Dans un élan de nostalgie, de ce temps que les moins de cent vingt ans ne peuvent pas connaître, nous nous attablons à l’un d’eux, le Bar el Cairo.
Une décoration boisée, une atmosphère satinée et un service… lent comme un embouteillage d’escargots. Mais comme nous ne sommes pas pressés, nous nous plions aux usages locaux. À la huitième tentative d’appel d’un serveur, nous obtenons la carte. Six de plus et nous passons commande.
Comme pour le chocolat chaud submarino, nous notons que les cafetiers argentins glissent un carré fondant dans leurs cappuccinos. Une délicieuse idée, mais qui ferait bondir plus d’un Italien. Pour savoir si vous obtiendrez la version argentine ou italienne, vérifiez l’orthographe sur le menu. S’il est indiqué « capuchino », c’est très certainement argentin.
Ne sachant trop que visiter, nous optons pour un « free walking tour ». Nous retrouvons Victoria, la guide, sur les marches d’un palais à la française. Piercing au nez, tatouages apparents et cheveux rasés sur l’un des flancs, elle incarne la jeunesse argentine et sa soif de liberté. Sans surprise, nous repérons un foulard vert noué à son sac, symbole de la lutte pour la légalisation de l’avortement.
Et c’est parti pour de passionnantes explications sur la ville, son histoire profonde et ses anecdotes légères, sous un ciel aux couleurs du drapeau argentin.
Rosario doit une partie de sa superbe au fleuve Paraná et à l’économie céréalière qu’il charrie. L’autre à… Lionel Messi, sextuple ballon d’or, né ici. Tout comme El Comandante Che Guevara (il est possible de visiter la maison de ses premiers areuh révolutionnaires).
Parmi les lieux marquants de notre tour figure le marché La Toma, tenu par une association engagée. On y trouve pêle-mêle un bar, une épicerie, un fruitier et des murs chargés de messages politico-féministo-LGBTo-anarchistes ou encore rendant hommage aux victimes de la dictature militaire (de 1976 à 1983).
Rosario peut aussi se vanter d’être la « ville du drapeau ». Le principal monument de la ville célèbre l’invention de ce soleil brodé sur fond bleu et blanc, symbole de l’indépendance du pays.
La tour principale du Monumento a la Bandera culmine à soixante-dix mètres et il est possible d’y monter (~ 0,30€). Rassurez-vous, un ascenseur est là pour aider ! Le sommet abrite la tanière du meilleur mirador sur Rosario. D’un côté, la ville et ses buildings verticaux, de l’autre, l’eau et la jungle à perte de vue.
Même si personne ne vit de l’autre côté de l’eau, des bateaux effectuent la liaison avec plusieurs îles appréciées des habitants de Rosario, notamment pour leurs plages. Le soleil liquéfie notre motivation et nous faisons l’impasse sur la traversée. En revanche, nous profitons chaque jour de notre rive sans plage.
Les parcs et jardins du bord du rio Paraná
Un gazon tondu au quart de poil, des arbres exotiques, des bancs avec vue sur les eaux rapides, voici ni plus ni moins ce qu’offrent les parcs successifs qui longent le fleuve côté ville. Notre préféré, et le plus animé de tous, est le Parque de las Colectividades.
Si vous avez suivi nos articles précédents, vous commencez à connaître l’amour des Argentins pour les pelouses et le partage du maté. En fin de journée, les cercles se forment et les calebasses passent de main en main, au son du pouet pouet des vendeurs de churros.
Nous attrapons la réserve de maté et le matériel adéquat dans un placard de notre appart’, ainsi qu’une… chaise longue équipée de bretelles de sac-à-dos. Nous pensons nous fondre dans la population avec notre parfait équipement de locaux. C’est râpé, tout le monde nous dévisage.
Une vendeuse de bracelets vient nous voir et nous la remercions expressément, à la française. Les autres groupes installés dans le parc ne la rembarrent pas du tout. Au contraire, ils prennent le temps d’observer les bijoux, discuter, remercier… Elle finit même par se faire inviter à boire le maté ! Les Argentins ont un niveau de sympathie qui nous laisse pantois et qui se confirmera des dizaines de fois durant notre séjour.
Dans l’un des parcs les plus au nord, nous remarquons d’anciens silos à grain colorés. Il s’agit du musée MACRO (à ne pas confondre avec Emmanuel), dont l’extérieur a la particularité d’être fréquemment repeinturluré par des artistes. La tour jaune propose des expositions, temporaires elles aussi, et offre quelques vues. Mais concrètement, nous ne vous conseillons la visite que si vous êtes dans le coin (entrée sur donation).
Musée des Beaux-Arts et parc de l’Indépendance
Dans un tout autre style, Rosario possède un Museo de Bellas Artes, que nous recommandons davantage que le MACRO. Les artistes représentés sont nombreux, dont une foule d’Argentins très doués. Nous sommes par exemple fascinés par les toiles d’Antonio Berni, qui s’avère l’un des peintres les plus connus du pays.
Juste en face du musée, nous sortons temporairement du « triangle de sûreté » pour découvrir le Parque de la Independencia. Il est doté d’un lac où flottent des cygnes et des barques à louer. Un lieu apaisant, troublé uniquement par le pouet pouet des vendeurs de glaces.
Notre avis sur Rosario
Piétonne et agréable par endroits, polluée et fatigante par d’autres, Rosario alterne entre ville relax et ville bruyante. Nous avons préféré la première et, par conséquent, bien profité de l’ambiance estivale de ses parcs. Le reste de l’année, Rosario semble réputée pour ses soirées et ses événements culturels chaque week-end. Bref, rien d’incontournable, mais nous recommandons tout de même l’arrêt aux voyageurs qui apprécient les grandes villes.
Conseils pratiques pour visiter Rosario
Venir à Rosario depuis Mendoza
Nous sommes grimpés dans un bus de nuit, départ 20h, arrivée 7h. Nous avons opté pour des sièges cama (très confortables) pour environ 45€ par personne, mais il est possible de payer un bon tiers de moins en semi-cama. Pour choisir nos horaires et notre compagnie, nous sommes passés par le comparateur Busbudi.
Transports entre Rosario et Buenos Aires
Il existe une liaison ferroviaire avec la capitale, mais particulièrement lente. Préférez le bus qui vous mènera à bon port en 4h15 pour environ 12€. Idem, nous avons réservé les billets via Busbudi. Bon à savoir : la gare routière de Buenos Aires s’appelle Retiro.
Où loger à Rosario
Du point de vue sécurité, rappelez-vous de privilégier l’intérieur du triangle bulevar Oroño – avenida Pellegrini – fleuve Paraná. Nous recommandons en particulier la pointe nord du triangle, plus reposante et aérée que le centre historique. Ce studio (~ 36€ par nuit), par exemple, est idéalement situéi.
Où manger à Rosario
Nous avons beaucoup apprécié le restaurant végétarien Vrinda, avec son accueil particulièrement sympathique et son menu plein de bonnes idées. Astuce : vous pouvez aussi passer vous constituer un pique-nique à déguster près du fleuve (empanadas, tartelettes, chips, etc.).
Autres suggestions
La chaleur a freiné notre motivation à visiter la ville, mais voici d’autres idées pour compléter :
- Pour une plage avec vue sur la skyline de Rosario, c’est sur les îles d’en face qu’il faut se rendre, et plus précisément sur le Banquito San Andrés. Les bateaux se prennent à la Estación Fluvial, nombreux en été, rares voire à l’arrêt en hiver.
- L’Île des Inventions n’est quant à elle pas une île, mais un musée pour enfants aux avis dithyrambiques. Mêmes les adultes semblent adorer ! Hélas pour nous, les horaires d’ouverture étaient très réduits durant l’été.
- Une visite guidée de Rosario à véloi (à partir de 10€) pour ceux qui préfèrent pédaler que marcher !
Bonjour, nous étions en Argentine il y a un an et nous avons fait une nuit à Rosario, manque de temps pour y rester davantage. Je voulais juste ajouter qu’en terme de transport le stop est très facile en Argentine nous avons traverser le pays de Mendoza à Buenos Aires par ce moyen et c’est à Rosario que nous avons fait la meilleure rencontre, après 5min de trajet nous avons été invité à un asado (barbecue dominical) chez un couple, une expérience dont on se souviendra !
Bonsoir Paule,
Tu n’es pas la première à nous dire que le stop est redoutablement efficace en Argentine. Si on y retourne, on tentera de lever les pouces !
Toujours un plaisir de retrouver un peu d’exotisme à travers vos articles en ces temps de mobilité compromise 🙂
Hé oui, c’est aussi un peu pour ça qu’on fait durer nos récits, on revoyage en les écrivant !
ouhlala, je suis super à la bourre dans ma lecture 😱. Ça a quand l’air assez cool l’Argentine. Merci pour la balade dans la douce (mais pas que)Rosario. Juste ce qu’il me fallait de motivation pour commencer à bosser.
Virginie
Tu n’es pas si en retard que cela, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour écrire pendant l’été !
Mais on compte reprendre le rythme, un article pyrénéen est en approche 🙂
🤗