Vadrouilles athéniennes

En 2016, nous quittions Paris et choisissions Athènes, un peu au hasard, pour débuter notre nouvelle vie nomade. Ce mois passé dans la capitale grecque nous a plu au-delà de nos espérances et, depuis, nous rêvions de passer à nouveau du temps dans ses rues, de retrouver son atmosphère particulière. C’est chose faite, huit ans plus tard, et cette fois-ci sans avion.

Dans cet article, vous trouverez nos conseils de 2016, complétés et mis à jour en 2024. Quelques photos et surtout dessins d’époque traînent encore dans les coins, les premiers d’une longue série !

Même si Athènes est une mégalopole, « grande ville » en grec, et si ses transports en commun sont efficaces, nous avons privilégié la marche à pied pour la découvrir, quitte à marcher énormément. À force, nous avons appris à connaître les rues, les raccourcis, les commerçants et à nous imprégner de l’ambiance de la ville.

L’Antiquité aura occupé une grande partie de nos vadrouilles à Athènes, étant donné le nombre ahurissant de vestiges, mais pas seulement, la ville a d’autres surprises en stock. Vous êtes prêts pour une visite guidée ?

L’Acropole et ses environs

Les Caryatides de l’Érechthéion, en haut de l’Acropole

Incontournable, l’Acropole est cet énorme rocher plat qui surplombe le centre-ville. À son sommet, les Athéniens ont édifié tout ce qu’il fallait pour faire plaisir aux dieux, dont le fameux Parthénon dédié à la déesse protectrice Athéna. Bien qu’entouré d’échafaudages depuis des décennies, tant sa rénovation présente de défis, il en met plein les yeux de près comme de loin.

L’autre très bonne raison de monter sur l’Acropole est la vue à 360° sur Athènes, assez saisissante. Les Grecs avaient le chic pour choisir les plus beaux emplacements de temples. Notre conseil : venez dès l’ouverture à 8h. La lumière est belle et les cars de touristes ne sont pas encore arrivés.

Les environs de l’Acropole sont également très agréables à parcourir. Nous aimons en particulier la colline de Philopappos pour la vue sur l’Acropole d’un côté et sur le port du Pirée de l’autre.

C’est ici que prenait place la démocratie participative. Les citoyens venaient s’asseoir à même la roche pour écouter les débats et voter les lois. Aujourd’hui, les Athéniens y grimpent encore, mais la toge s’est transformée en nappe de pique-nique. Il faut reconnaître que l’endroit est idyllique au coucher du soleil.

Non loin, nous tombons sur la soi-disant prison de Socrate, un trou dans la roche dans lequel il n’a en fait jamais mis les pieds. C’est l’occasion d’apprendre que le père de la philosophie a été condamné à mort pour avoir corrompu la jeunesse avec ses idées. Le pire, c’est qu’il aurait pu s’en sortir avec une grosse amende s’il s’était défendu de manière classique. Au lieu de cela, il s’est amusé à jouer la provocation.

Un autre soir, nous visons la colline de l’Aéropage, plus proche de l’Acropole et qui offre une contreplongée de choix sur la terrasse des dieux. Surtout lorsque les derniers rayons du soleil couchant viennent la chatouiller. En revanche, l’Aéropage est connu et vite bondé (en plus d’être fait de roches glissantes).

Pour compléter la visite du sommet de l’Acropole, nous recommandons vigoureusement celle du Musée de l’Acropole (15€ d’avril à octobre, sinon 10€). Car si l’ossature des bâtiments est restée là-haut, toutes les beautés trouvées sur place ont été descendues à l’abri. Cela comprend une forêt de statues, dont cinq des véritables Caryatides d’origine, la sixième se trouvant à Londres.

En guise de point d’orgue, au dernier étage, les frises du Parthénon sont présentées à hauteur de nez. Une bonne moitié se trouve elle aussi au British Museum. Le gouvernement grec ne ménage pas ses efforts pour les récupérer, mais le gouvernement grand-breton ne fait pas trop d’efforts pour accepter.

Que celles ou ceux qui veulent rentrer en Grèce lèvent la main. Personne ? Parfait !

Enfin, nous rendons visite à l’Agora (10€), que nous ne recommandons pas vraiment. Non pas que nous soyons agoraphobes, mais nous peinons à nous figurer l’ancien ventre de la cité à partir de quelques cailloux disséminés sous les arbres et les herbes roussies.

Les trois seuls bâtiments debout sont un vaste bâtiment reconstitué à l’identique avec l’argent de la famille Rockefeller, une église anachronique et ce temple d’époque, appelé Théséion, qui dépasse élégamment des arbres :

Plaka, le quartier le plus mignon d’Athènes

Les ruelles en contrebas de l’Acropole contrastent avec le reste de la capitale. C’est Plaka, le quartier préféré des touristes qu’il est parfois un peu difficile d’apprécier en raison… de la quantité de touristes justement. Mais son charme continue d’agir avec les bougainvilliers fous, les terrasses de restaurants qui dévalent les pentes et les vues sur le reste d’Athènes.

La plus haute partie de Plaka, au pied des rochers de l’Acropole, est aussi la plus pittoresque. C’est Anafiótika (petit Anafi), appelé ainsi car des architectes et maçons venus de l’île d’Anafi ont négocié un quartier juste pour eux. Une loi précise que les maisons ne peuvent pas être vendues, mais uniquement transmises de génération en génération. Le résultat est un simili-village des Cyclades en pleine capitale, à la fois très mignon et particulièrement… cabossé.

Les ruelles les plus craquantes peuvent être difficiles à trouver, voici un point sur la carte.

Le jardin national et la relève de la garde

En France, nous avons le « French cancan ». Ici, ils ont la relève de la garde.

Chaque heure, il est possible d’assister à une mini relève devant le Parlement. Et le dimanche à 11h, c’est la revue complète, avec orchestre. Ne nous moquons pas, l’Evzone a un métier très difficile, posté toute l’année en plein air dans le même costume de douze kilos.

(Oups, nous nous sommes moqués…)

À côté du Parlement, se trouvent les jardins nationaux qui sont probablement le parc le mieux entretenu d’Athènes. Profitez-en pour une promenade à l’ombre…

… et pour jeter un œil à travers la grille du Stade Panathénaïque, véritable stade antique rénové à grands renforts de marbres neufs pour accueillir les premiers J.O. modernes. Il est possible d’y entrer (5€), mais ce n’est pas si palpitant.

Le mont Lycabette : Athènes-tion, ça grimpe encore !

Intrigués par la colline voisine de celle où nous habitons, nous entreprenons de l’escalader. Au sommet du mont Lycabette, nous trouvons une église, une placette et surtout une vue à couper le maigre filet de souffle qu’il nous reste. Les moins sportifs pourront tricher avec un coup de téléphérique.

L’idéal est bien sûr de s’y rendre pour le coucher du soleil… à un détail près : le lieu croule sous la foule, y compris en basse saison. N’hésitez pas à vous asseoir sur le bord du chemin, dans la descente, pour être plus tranquilles.

Quelques quartiers sympas : Exárcheia, Koukaki, Pangráti…

Maintenant que nous avons fait le tour des monuments et lieux touristiques principaux, mettons-les de côté et promenons-nous dans les rues. Athènes est une ville qui s’arpente avec plaisir, mais pas pour les raisons les plus évidentes. Si vous aimez les terrasses animées, les plantes anarchiques, les vieilles enseignes qui alternent avec les modernes, les culs-de-sacs qui se terminent en escaliers, puis en points de vue, les bougainvilliers et graffitis entremêlés et les effluves de cafés, alors bienvenue au club des athénophiles.

Tout cela, vous aurez du mal à le capter si vous logez à deux pas de l’Acropole et tournez dans les quartiers architouristiques qui l’entourent, il faut s’éloigner un peu. Voici les quartiers que nous avons préférés, qui ne méritent pas vraiment une visite, mais sont intéressants pour dormir, ralentir, attraper un koulouri en bas de l’immeuble et le tremper dans le café d’en face.

Exárcheia est un quartier alternatif, c’est-à-dire vivant et à rebours des conventions, posé sur les pentes de la colline de Strefi. Nous y avons logé à deux reprises et lui avons même dédié cet article (le tout premier du blog !). Ses rues débordent de restaurants, de cafés et de vie tout simplement, sous un décor de graffitis antifascistes, anticapitalistes et anti… murs blancs ?

Le problème, lorsqu’un quartier est trop sympa, c’est qu’il a tendance à attirer les touristes et chasser les locaux, nous avons vu une nette différence en huit ans. Plutôt que d’y loger, nous recommandons plutôt de venir prendre un verre en soirée, ou bien de faire quelques provisions au grand marché du samedi matin (ses vendeurs sont très sympas et les olives marinées au citron sont une tuerie !).

Nous avons aussi passé une semaine dans le quartier de Koukaki, du côté sud de l’Acropole, près de la colline de Philopappos. C’est un quartier résidentiel plus sage qu’Exárcheia, mais bien sympathique tout de même, avec des ruelles plantées d’orangers et des terrasses de restaurants qui débordent sur les trottoirs.

Enfin, nous pouvons citer le quartier de Pangráti autour de la place Varnava, simple et vivant, avec des bougainvilliers partout et le célèbre musée d’art Goulandris.

Que faire d’autre à Athènes ?

Cet article est loin d’être un guide complet, il y a beaucoup plus à voir à Athènes. Citons entre autres : le temple de Zeus, le musée national archéologique, les puces de Monastiraki, l’ancienne usine à gaz transformée en lieu culturel et festif Technopolis…

Ou encore la plage ! Eh oui, il est possible de se baigner sans prendre un ferry pour les îles. Prenez le métro ligne 2 jusqu’au terminus Elliniko, enchaînez avec le bus 122 qui longe la côte vers le sud et descendez… dès qu’une plage vous tente. Nous avons ainsi débusqué une jolie petite crique à l’eau transparente. En revanche, l’eau était un peu fraîche en avril !

Notre avis sur Athènes

Voilà une capitale qui a une âme ! Si vous aimez les villes rangées, ordonnées et balayées, passez votre chemin. Pour les autres, bienvenue dans un joyeux chaos urbain où il fait bon vivre. D’ailleurs, « vivre » est le mot le plus important de cette conclusion. Nous vous conseillons de « vivre » Athènes et non de voir trois antiquités et puis bye bye.

Prenez le temps de flâner, de vous mêler aux habitants et aux chats errants, de siroter un freddo cappuccino à la paille ou de dîner à la terrasse la moins touristique que vous trouverez. D’autant plus qu’entre 2016 et 2024, le tourisme déjà bien épais semble s’être encore épaissi dans les quartiers centraux.