Photo de Assouan si belle, Abou Simbel

Assouan si belle, Abou Simbel

Publié dans la catégorie Égypte, le 30 août 2024

Cher journal,

Hier soir, nous avons pris le train au Caire pour traverser l’Égypte jusqu’au terminus : Assouan, tout le monde dessouan. Nous avons plutôt bien dormi dans notre couchette privée, entre deux coups de klaxons de la locomotive, c’est-à-dire toutes les dix secondes puisque le chauffeur est égyptien. Au réveil, le petit déjeuner est servi avec vue sur le Nil et ses berges, où poussent riz, cannes à sucre, palmiers, manguiers et même ânes.

 

Train entre Le Caire et Assouan, Egypte
Vue sur les paysages du Nil dans le train du Caire à Assouan

 

Au moment où nous noircissons tes pages, un convoi de trente gros bateaux passe à la queue leu-leu dans un nuage de diesel brûlé. Drôle de caravane à laquelle nous ne participerons pas. Nous avons plutôt pour idée de flâner à notre rythme dans la ville d’Assouan, quitte à faire un petit tour sur le Nil à bord d’une felouque, et de nous échapper dans la direction opposée pour un aller-retour à Abou Simbel.

 

Carte de notre trajet vers Assouan et Abou Simbel

 

 

Assouan, côté île Éléphantine

À la descente du train (il fait chaud par ici !), nous esquivons les taxis qui hèlent les touristes pour partir à pied rejoindre le Nil. Là, nous esquivons aussi les calèches qui hèlent les touristes et les bateliers privés qui… devine. Nos premières impressions étourdissantes s’évaporent dès le petit ferry public qui mène sur l’île Éléphantine.

Ferry public entre Assouan et l'île Elephantine, Egypte

Fillette prête à attacher le ferry

Ferry public pour l'île éléphantine à Assouan

Les femmes s’installent à l’avant, les hommes à l’arrière, mais personne ne s’offusque si un touriste se trompe, ils ont l’habitude. Cette île Éléphantine est un monde à part dans Assouan. D’abord parce qu’elle est piétonne, donc au revoir les « Hello » des taxis, bonjour aux « Hello » des enfants. Ensuite, parce qu’elle a des airs de village, avec ses petites maisons, sa végétation débordante et ses chemins de sable (qui s’invite entre les orteils).

Vue sur l'île Éléphantine depuis le jardin Feryal à Assouan Vie sur l'île éléphantine avec âne et enfants
Oie sur l'île Éléphantine à Assouan, Egypte
Rue de l'île Elephantine à Assouan

Enfin, Elephantine Island est nubienne et l’ambiance s’en ressent. Ah oui, il faut que nous t’expliquions. Les Nubiens représentent une ethnie qui vit à cheval entre le sud de l’Égypte et le nord du Soudan. Ils ont leur propre langue, la peau plus foncée, des traditions bien ancrées et, ce que Wikipedia ne dit pas, un tempérament détendu, très relax.

C’est sur Éléphantine que nous posons nos gros sacs pour six nuits, et plus précisément dans cette guesthousei tenue par Ahmed, grand maître de la relaxitude et propriétaire du sourire le plus sympathique de l’île.

 

Dessin d'Ahmed dans notre carnet de voyage

 

Le point fort de sa guesthouse est la terrasse. Nous y prenons le petit déjeuner en même temps que le martin-pêcheur de l’arbre voisin, tandis que glissent sur le Nil de petits bateaux peu pressés.

Terrasse de l'hôtel à Assouan avec vue sur le Nil Vue sur le Nil depuis la terrasse de l'hôtel à Elephantine

Les oiseaux peuvent se baigner dans le Nil, mais c’est déconseillé pour nous, pauvres humains. La faute non pas aux crocodiles, qui restent parqués au sud du grand barrage d’Assouan, mais à une colonie de parasites invisibles. Dommage, l’eau fraîche ferait du bien !

 

Il nous reste donc à nous promener. Pour engager les conversations, nous avons retenu quelques mots de nubien : « Er minébou » permet de saluer et demander comment ça va en même temps.

Restaurant près de l'embarcadère, île Elephantine, Assouan

L’île n’est pas très grande (surtout avec cet énorme hôtel de luxe qui squatte la partie nord), raison de plus pour bien prendre le temps d’observer. Décorativement parlant, les Nubiens ont pour tradition les peintures colorées, souvent sous la forme de petits triangles chatoyants. Nous en repérons par-ci, par-là, mais discrètement. Éléphantine est restée plutôt authentique, à l’inverse d’autres villages dans le coin, surmaquillés pour faire beau sur les photos et pour vendre toutes sortes de choses aux touristes (refusez de voir les crocodiles captifs, c’est strictement illégal en Égypte).

Vendeur d'épices sur l'île d'Elephantine à Assouan

Sur le chemin principal, nous croisons deux boutiques intéressantes. La première vend des foulards faits main de bonne qualité, à prix fixes et corrects, la seconde des épices et des infusions à prix exagérés, mais la pause discussion est sympathique.

Tisseur dans une boutique d'Elephantine Island à Assouan
Thé et épices sur l'île éléphantine à Assouan
Mosquée en Nubie, île éléphantine, Assouan
Chèvres au sud de l'île Elephantine à Assouan
Maison nubienne sur l'île d'Éléphantine, Assouan

Façade nubienne

Au sud de l’île, nous atteignons la zone archéologique d’Éléphantine (~5€). Archéologique, c’est le cas de le dire, puisque nous croisons des archéologues en train de déblayer minutieusement du sable à coups de pinceaux.

Zone archéologique d'Assouan depuis le parc Feryal

La zone archéologique d’Éléphantine vue depuis la rive opposée

Les temples ne nous impressionnent pas pour leur architecture actuelle, quelques pierres antiques relevées avec du béton, mais pour leur histoire. Les anciens pensaient que les crues du Nil surgissaient d’une grotte d’Éléphantine et vénéraient ici trois dieux chargés l’un d’ouvrir la grotte, les deux autres d’assurer un flux ni trop important ni trop faible. Les trois temples ont été retrouvés, ainsi qu’un nilomètre pour vérifier si les divinités avaient bien bossé.

Zone archéologique de l'île éléphantine à Assouan
Temple Satet Khnoum, zone archéologie d'Assouan en Egypte
Chèvres sur le site archéologique d'Elephantine à Assouan

Depuis le sommet de la collinette, le panorama est splendide sur l’une des plus belles sections du Nil, hérissée d’îlots verts et de roseaux.

Vue sur le Nil, Zone archéologique d'Assouan

Les ruines de l’ancienne ville ainsi qu’un mini musée achèvent la visite, sans casser trois pattes à un babouin.

Musée de la zone archéologique d'Elephantine island
Musée de la zone archéologique d'Elephantine island

Enfin, difficile de parler d’Éléphantine sans parler de l’ambiance jamaïcaine. Le restaurant « King Jamaica » attend les visiteurs à deux pas du débarcadère, suivi du « Bob Marley Moonlight », le reggae résonne sur toutes les sonos et beaucoup de Nubiens portent des dreadlocks. Pour en savoir plus sur cette histoire d’amour rastanubienne, jetez un œil à cet article.

Île Éléphantine sur le Nil à Assouan, Egypte

En résumé, il y a peu à voir ou à faire sur l’île Éléphantine. Si vous logez ailleurs à Assouan et passez en coup de vent, vous risquez d’en repartir un poil déçus. Mais en y dormant, c’est une charmante et apaisante alternative au tumulte de la rive est, à trois minutes de bateau seulement.

 

 

Le jardin botanique de l’île Kitchener

Parallèle à Éléphantine, l’île Kitchener est entièrement recouverte par un jardin botanique. Puisqu’aucune navette publique ne s’y rend, il faut trouver et négocier un trajet privé, soit depuis Assouan, soit depuis Éléphantine (comptez environ 4€).

Jardin botanique, île Kitchener à Assouan, Egypte Felouque accostée au jardin botanique d'Assouan

Nous prenons un peu peur en accostant. Juste après le guichet d’entrée (~2€), il y a plus de vendeurs de souvenirs que de plantes, et tous tiennent à nous mettre leurs marchandises sous le nez. Ce n’est qu’une courte formalité à remplir. Une fois enfoncés dans le parc, le tumulte laisse place à une belle collection d’arbres tropicaux et des bancs ombragés.

Visite du jardin botanique d'Assouan, île Kitchener

Merci en particulier aux bancs qui ont la bonne idée d’être tournés vers l’ouest. Nous avons vue sur des cormorans qui sèchent leurs ailes, des poules d’eau qui caquettent, des grues qui travaillent et puis, derrière un bras du Nil, sur une plage très penchée.

Tombes des Nobles à Assouan, bateau sur le Nil

Si vous regardez attentivement cette colline, vous repérerez les portes des Tombes des Nobles, aussi vieilles que les pyramides. Nous pensions nous lancer dans une grande marche pour admirer leurs hiéroglyphes, ainsi que la vue depuis le mausolée qui les surplombe, mais la chaleur d’Assouan nous a ramollis avant le premier pas.

 

 

Assouan côté ville, la rive est

C’est de ce côté que s’est installée l’essentiel de la ville, avec ce que cela implique : des immeubles, des klaxons et nettement moins de verdure. Mais il y a quand même de belles visites à faire et quelques lieux où respirer face au Nil.

Du côté de la gare, nous trouvons le souk d’Assouan pas mal du tout. Sous de belles arches en bois, tous types de marchandises s’entremêlent : souvenirs, chemises, fruits, claquettes, bijoux, épices… Les vendeurs sont doués pour détecter en un instant que nous sommes français et pour attirer notre attention par une petite blague. La qualité de l’artisanat n’est pas le point fort, mais nous repartons avec le sourire aux lèvres et de grosses dattes bien charnues.

Vendeur de souvenirs au souk d'Assouan, Egypte Dessin vendeur du souk d'Assouan Vendeur de fruits et légumes au souk d'Assouan

Il n’est pas non plus désagréable de se balader dans le reste du centre. Certes les mobylettes et la poussière sont de retour, mais Assouan est une ville relativement calme pour l’Égypte.

Rive est de la ville d'Assouan en Egypte Street art sur la rive Est d'Assouan Petit restaurant à Assouan de nuit

Comme à Louxor, la large promenade au bord de l’eau s’appelle la Corniche et s’arpente en slalom pour esquiver les bateliers survoltés d’un côté, les taxis déchaînés de l’autre. Hélas, un nombre incalculable de bateaux de croisière occupent les berges et bouchent les vues.

Bateaux de croisière sur le Nil à Assouan

Notre endroit préféré est le jardin Feryal (~0,20€), meilleur balcon d’Assouan pour s’accouder face au coucher de soleil, grandiose.

Vue sur le Nil et les felouques à Assouan, Egypte
Promeneurs dans le jardin Feryal à Assouan
Visite des Jardins de Feryal à Assouan au coucher du soleil Coucher de soleil sur le Nil à Assouan, Egypte Aquarelle de felouques sur le Nil à Assouan

Tandis que Mi-raison agite ses pinceaux sur une feuille, un professeur de sciences à la retraite s’approche pour perfectionner son français : « le coucher de soleil est très beau », répète-t-il jusqu’à assimilation complète. Quant à Mi-fugue, elle se fait amie avec une bande de fillettes ravies de pratiquer leur anglais, à base de « You’re cute » et « I love you ».

Non loin, se trouve le musée de la Nubie (~6€) pour changer des musées égyptiens. En vérité, les histoires des deux peuples sont intimement liées, en témoignent les statues de Nubiens qui ont pharaonié sur l’Égypte, les hiéroglyphes et les divinités partagées. Tout est présenté de façon agréable et instructive, de la préhistoire à hier. Apportez un éventail, car la climatisation se fait discrète.

Musée de la Nubie à Assouan
Statuette dans le musée de la Nubie à Assouan, Egypte
Assiette dans le musée de la Nubie à Assouan, Egypte
Visite du musée de la Nubie à Assouan, Egypte

Enfin, dans le jardin du musée se trouve l’alignement de pierres du plus vieux site d’observation astronomique au monde, plus de 10 000 ans, déménagé depuis Nabta Playa pour le protéger des cérémonies « New Age » qui le dégradaient.

 

 

Tour en felouque sur le Nil

Cher journal, même si tu n’as pas trop d’yeux, nous aurions aimé que tu assistes à l’un de nos plus beaux souvenirs égyptiens. Durant nos trois premiers jours à Assouan, aucun vent ne gonflait les voiles des felouques qui restaient à quai, ou pire, se faisaient remorquer par des bateaux à moteur. Gloire à Shou, le dieu du vent, qui se remet à shouffler le quatrième jour.

En fin d’après-midi, sur la Corniche, nous remarquons un rabatteur moins insistant que les autres, ce sera lui ! Excellent choix, Zico est d’une extrême gentillesse et se décarcasse avec son vice-amiral de fils, Abdullah, pour nous offrir le meilleur tour possible.

Croisière en felouque sur le Nil à Assouan

Nous embarquons une heure avant le coucher de soleil pour viser les plus belles lumières. Zico hisse la grand-voile et… mince, nous partons à contrevent ! Mais pas de soucis, il gère. Il se lance dans une série de zigzags destinés à remonter le vent.

Tour en felouque sur le Nil, île Elephantine
Rochers de l'île Elephantine, tour sur le Nil à Assouan
Héron dans les roseaux sur le Nil à Assouan

L’expérience est magique, nous n’entendons rien d’autre que les clapotis de l’eau, les cliquetis des cordages et le froissement d’ailes des oiseaux sauvages.

Croisière sur le Nil en felouque à Assouan

Encore une fois, la partie la plus dépaysante se situe au sud de l’île Éléphantine, entre rochers et roseaux. Nous passons aussi sous les fenêtres du très chic hôtel Old Cataract, où Agatha Christie séjournait pour écrire Mort sur le Nil (cataract dans le sens d’une chute d’eau, pas d’une chute de la vision).

Hôtel Old Cataract sur le Nil à Assouan

Et puis, de temps en temps, nous sommes assaillis par des petits moussaillons qui s’accrochent aux bateaux pour vvvvvvvvvviooooouter.

Enfant d'Assouan accroché au bateau sur le Nil
Enfant sur une planche sur le Nil à Assouan

Petit conseil : Vous n’aurez aucun mal à trouver des bateaux le jour-même, mais avant d’accepter, vérifiez bien qu’il s’agit d’une felouque et non d’un bateau à moteur (à moins que le dieu Shou n’ait posé des jours de congés). Si vous cherchez Zico, repérez sa felouque nommée « Relax » appelez-le au +201009277018 (il n’a pas WhatsApp). Nous avons payé environ 15€ pour 1h30, mais ne soyez pas trop durs en négo, il ne roule pas sur l’or, et ajoutez un pourboire si vous êtes satisfaits.

 

 

Petite expédition sur l’île de Philæ

À sept kilomètres au sud d’Assouan, nous nous lançons à l’assaut de l’île de Philæ. L’idéal serait de l’atteindre en bateau, sauf qu’un barrage fait obstacle. N’ayant pas trouvé d’informations précises pour nous y rendre en indépendant… nous nous lançons et advienne que pourra. Finalement, c’est assez simple : un coup de taxi, un coup de bateau, et nous voilà sur l’île !

Enfin… presque. La véritable île de Philæ fut coulée à pic par le barrage susmentionné. Les vieux temples égyptiens qui s’y trouvaient ont trouvé refuge sur une île voisine, avec l’aide des déménageurs de l’extrême de l’Unesco, qui en ont profité pour remettre un peu d’ordre dans le puzzle de pierres.

Temple Horus, Philae, au bord du Nil à Assouan

Ils ont également retiré la plupart des croix incrustées par les Coptes çà et là, lorsqu’ils ont églisifié le temple d’Isis, la plus importante des déesses égyptiennes. Et si vous vous demandez qui a martelé les têtes divines, c’est encore eux. Pardonnez-leur, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

Temple d'Isis, Philae, Assouan, Egypte Dessin : architecture d'un temple égyptien

Rassurez-vous, il reste une foule de gravures d’origine sublimement conservées, sur des tas de murs, du sol au plafond.

Visite du temple d'Isis, Philae, en Egypte
Touristes devant les hiéroglypes du temple de Philae en Egypte
Bas-reliefs dans le temple de Philae à Assouan
Gardien de temple à Philae, Assouan, Egypte

Informations pratiques pour Philæ : Nous avons commencé par chercher un taxi qui n’exagérait pas ses tarifs et négocié l’aller-retour à ~13€ depuis Assouan, attente comprise, +1€ pour le parking. Il vaut mieux réserver le retour, car peu de taxis traînent sur place. Après le guichet de l’île (~9€ par personne), les bateliers attendent à l’extrémité d’un quai qui ressemble à cela :

Quai pour la traversée vers le temple de Philae en Egypte

Une affichette sur le guichet indique le tarif recommandé pour l’aller-retour (~10€ par bateau), qu’il faut renégocier auprès d’une bande de commerciaux/rabatteurs particulièrement âpres en affaires. Les bateaux ont largement vingt places, mais les rabatteurs veillent à ce que des touristes ne s’associent pas pour partager les frais. Faites-le hors de leur vue, avant le guichet. Pour notre part, nous nous sommes greffés à un groupe brésilien pour 1,50€ chacun, dans la poche du guide. Prévoyez environ 1h15 sur l’île pour bien en profiter.

Si vous n’êtes pas à l’aise avec le fait de négocier, il peut presque revenir moins cher de réserver une excursion en ligne, par exemple celle-cii, avec un guide privé en prime.

 

Avant de descendre à Abou Simbel, laissez-nous vous donner…

Notre avis sur Assouan

Le premier soir, surpris par le grand calme des lieux, nous nous sommes demandé pourquoi nous avions prévu six nuits à Assouan. Et finalement, c’est l’étape pour laquelle nous gardons le plus de nostalgie de tout notre voyage en Égypte ! Nous nous sommes calés sur le rythme relax d’Éléphantine, des couchers de soleil sur le Nil, des tours en felouque et PAF, la poésie et le charme nous ont contaminés. L’explication tient sûrement aux faits que le Nil est nettement moins bétonné qu’au Caire ou à Louxor, que les habitants sont sympas et curieux, et que la culture nubienne apporte son lot de découvertes.

Croisière en felouque sur le Nil à Assouan, Egypte
 

Conseils pratiques pour visiter Assouan

Train de nuit du Caire à Assouan

En 2023, une loi a fixé les tarifs ferroviaires pour les étrangers à dix fois ceux des locaux, ce qui représente un budget comparable au chemin de fer français. Pour ce trajet, nous avons choisi la compagnie Abela, la seule réservable en ligne pour les étrangers. Comptez 90 US$ par personne, avec différents choix de cabines. Attention, pour obtenir une cabine privée, cochez bien la petite case « Family », sinon femmes et hommes seront séparés avec des inconnus femmes et hommes.

Les cabines sont vieillottes, mais avec un petit lavabo et un plateau repas le soir. Le chef de wagon est vraiment aux petits soins et attend un pourboire en conséquent. Prévoyez des bouchons d’oreilles, car le chauffeur joue du klaxon toute la nuit. Heureusement que nous étions dans le 3ème wagon. Une heure avant l’arrivée, le chef réveille tout le monde et sert le petit déjeuner face au superbe décor nilotique.

Deux à trois départs chaque soir. Durée 13-14 heures, auxquelles s’ajoute un retard quasi systématique, d’au moins une heure.

Ferry public pour Elephantine Island

C’est un petit bateau qui se prend ici ou et qui part toutes les 20 minutes environ, ou moins s’il est plein, de tôt le matin jusque tard dans la nuit. Comptez ~0,30€ la traversée.

Se déplacer dans Assouan

Beaucoup de taxis font les cent roues sur la Corniche et ils vous trouveront avant que vous ne les remarquiez. En revanche, bonne chance pour la négociation ! Nous avons aussi testé le système de minivans pour nous rendre au terminal de bus (direction Abou Simbel), infiniment moins cher à ~0,08€. Ils se hèlent au bord de la route et nécessitent d’être prêt à changer de place huit fois pendant le trajet dans un genre de Tetris humain. Ne grimpez pas avec de gros bagages pour ne pas complexifier le puzzle.

Dormir à Assouan

Deux options principales s’offrent à vous : la rive droite ou l’île Éléphantine. Sur la rive droite, vous trouverez surtout d’énormes hôtels assez impersonnels, conçus pour héberger les gros groupes de touristes. En tant que voyageurs indépendants, nous vous conseillons vivement de dormir sur l’île Éléphantine pour profiter au mieux du Nil, quitte à emprunter de nombreuses fois le ferry.

Nous avons bien aimé la petite guesthouse d’Ahmed, très simple mais idéalement située sur la berge la plus calme de l’île (~37€ pour la chambre avec vue)i.

Vue île Elephantine depuis le jardin botanique

Notre guesthouse au premier plan, en bleu et blanc.

À quelques pas de là, la Mango Guesthousei, légèrement plus chère, semble aussi plaire aux voyageurs. Vous gagnez en confort mais perdez le voisinage immédiat du Nil (avec tout de même une belle vue depuis le toit-terrasse).

Et si vous avez un laaaaarge budget et souhaitez réaliser un rêve, suivez les traces d’Agatha Christie au mythique Old Cataract Hoteli, sur la rive est, mais avec vue sur la plus belle partie du Nil.

Manger à Assouan

Sur l’île Éléphantine, deux restaurants bien visibles accueillent les voyageurs à la sortie du ferry :

  • King Jamaica a la plus belle terrasse, mais…
  • … nous avons une préférence pour le Nubian Dreams, avec un accueil plus chaleureux, des frites maison, un bon gratin d’aubergines et des bières pour les amateurs (c’est rare en Égypte).
Restaurant avec vue sur le Nil à l'île Elephantine, Assouan

Sur la rive est, nous avons aimé :

  • Le Makani pour son menu plus varié qu’ailleurs incluant quatre plats végétariens et pour la qualité dans l’assiette. Tentez de réserver l’unique table avec vue pour le coucher de soleil, car elle part rapidement.
  • Leur café à l’étage sert de bonnes boissons à emporter (miam les smoothies à la datte ou à la mangue !), à siroter sur un banc du jardin Feryal tout proche.
  • L’Osiris, qui est le restaurant italien de l’hôtel Obelisk, pour changer de la nourriture égyptienne. La terrasse est aux premières loges pour admirer le ballet des felouques au coucher du soleil. Les prix sont corrects mais la nourriture moyenne, il est possible de ne prendre qu’un verre.
  • Pour une pause fraîcheur, le Rich Coffee a une riche climatisation. Comme la plupart des cafés, il est fumeur, mais rassurez-vous, le personnel asperge régulièrement le fautif avec du pshit-qui-sent-bon !

 

Abou Simbel, avec une nuit sur place

Le temple d’Abou Simbel, ou plutôt les deux temples d’Abou Simbel, sont les merveilles les plus au sud de l’Égypte. Peu visités avant 1968, ils gagnent en célébrité lorsque le gouvernement égyptien débute le remplissage d’un immense barrage censé les offrir aux poissons. Branle-bas de combat du côté de l’Unesco, qui découpe la colline qui les abrite en dés et remonte l’ensemble d’un étage.

Dessin : poissons qui manifestent à Abou Simbel

Sur les six nuits réservées à Assouan, nous choisissons d’en sauter une pour la passer à Abou Simbel. Et comme ce village est situé dans une zone reculée sans chemin de fer, c’est en bus que nous traversons les paysages secs archisecs. À part quelques fermes nouvelle génération qui défient le désert et l’entendement.

Une fois arrivés à Abou Simbel, soyons clairs, à part les temples, il n’y a rien de rien à faire.

Village d'Abou Simbel en Egypte
Village d'Abou Simbel, voyage en Egypte
Abou Simbel, village nubien en Egypte

Et surtout, il fait chaud ! Nous découvrons par hasard qu’il est possible de squatter la piscine du grand hôtel du coin, et ne nous faisons pas prier.

 

Il existe deux avantages à dormir à Abou Simbel. Le premier est de pouvoir assister au spectacle son et lumière projeté chaque soir sur les temples (~18€, votre hôtel peut se charger de réserver pour vous). Ce n’est pas le spectacle le plus passionnant au monde, en revanche l’illumination nocturne est totalement magique !

Nous avions bon souvenir du petit Ramsès II dans les livres de Christian Jacq, mais les historiens le décrivent surtout comme un immense mégalomane. Soi-disant très amoureux de sa femme Néfertari, il lui dédia le petit temple d’Abou Simbel, sans oublier bien sûr d’y coller sa propre trogne.

Abou Simbel de nuit : temple de Nefertari

Et encore plus amoureux de Ramsès II, Ramsès II fit bâtir un temple trois fois plus grand, dans lequel Ramsès II n’hésite pas à diviniser Ramsès II. Nous parlons du très célèbre temple aux trois colosses et demi : 

Temple d'Abou Simbel : Ramses de nuit

L’une des statues a perdu le haut, c’est hélas le risque lorsqu’on a la grosse tête. En plus d’autres monuments construits à tour de bras à travers l’Égypte, le gros malin a fait graver son cartouche sur bon nombre de bâtiments antérieurs, histoire de se les attribuer, ni vu ni connu, et de semer la pagaille chez les égyptologues.

Le deuxième avantage à dormir sur place, c’est de retourner voir les géants dès l’ouverture à 6h (tarif ~12€). Rê, le dieu solaire, est encore un peu dans les vapes, c’est parfait pour les photos et contre l’insolation. Nous sommes bien deux cents visiteurs à avoir eu la même idée, mais c’est nettement pire en milieu de matinée, lorsque les cars d’Assouan déboulent en file indienne.

Temple d'Abou Simbel au lever du soleil : Nefertari

Comme tout le monde se rue sur le temple de Ramsès II, nous nous faufilons d’abord dans celui de Néfertari, quasi vide. Les bas-reliefs sont superbes, les pigments des peintures ont traversé les millénaires, nous sommes sous le charme. Il n’est pas évident de s’y retrouver dans le bestiaire des divinités, mais cela vient doucement.

Visite du temple de Nefertari à Abou Simbel, Egypte
Visite du temple de Nefertari à Abou Simbel, Egypte

Ramsès II et Néfertari mettant des lotus dans le nez de la déesse Isis

Approcher du temple de Ramsès II est autrement plus époustouflant. Rien que l’oreille tombée au sol fait la taille d’un vélo, pour donner un ordre de grandeur.

Temple de Ramses II à Abou Simbel, lever de soleil Entrée du temple de Ramses II à Abou Simbel

À l’intérieur, Ramsès II a remis des Ramsès II partout, notamment une nouvelle série de colosses. De nombreux graffitis des années 1800 les décorent, bravo tout particulièrement à Pascal qui a gravé son prénom bien visible sur une barbiche. Ah… les jeunes d’autrefois… aucun respect !

Visite du temple de Ramses II à Abou Simbel, Egypte Visite du temple de Ramses II à Abou Simbel, Egypte

Chose rare en Égypte, les murs présentent de nombreuses scènes de guerre, par exemple notre bon pharaon tirant des flèches depuis son char, tout en manœuvrant les rênes de ses chevaux d’une habile danse du ventre.

Ramses II qui tire les cheveux à Abou Simbel

Ramsès II tenant ses ennemis par les cheveux en les menaçant de coups de spatule

Un petit bonus impressionnant se cache au fond. Deux fois par an, aux solstices, les rayons du soleil traversent les 60m de profondeur du temple pour caresser la statuette de Ramsès II ainsi qu’Amon en février et Rê-Horakthy en octobre. La quatrième, représentant le dieu des ténèbres, réclame sa dose de vitamine D depuis trois millénaires, mais rien n’y fait.

Voilà, cher journal, tu sais tout !

 

 

Notre avis sur les temples d’Abou Simbel

L’emplacement très reculé a de quoi faire hésiter, surtout qu’il existe un paquet de temples plus accessibles à visiter en Égypte. Cependant, ceux-ci ont un truc en plus, une échelle supérieure, nous faisant sentir tout petits et humbles entre les orteils des colosses. Nous recommandons vivement la visite si vous avez le courage de faire l’aller-retour depuis Assouan, avec bonus nuit sur place si vous avez le temps !

Conseils pratiques pour visiter Abou Simbel

Trajet entre Assouan et Abou Simbel

Au terminal de bus d’Assouan, envahi de mini vans, dirigez-vous vers le seul grand bus qui dépasse, repérez le petit guichet et hissez-vous sur le parpaing pour acheter votre billet. Durée 4h, tarif ~4€, avec climatisation et un peu de poussière, mais ça passe. Le départ est à 8h, mais il est conseillé d’arriver 30 minutes avant pour s’assurer une place, voire une heure avant en très haute saison. Pause pipi à mi-route, mais toilettes irrespirables, il vaut mieux se retenir. Retour d’Abou Simbel à 13h chaque jour.

Si vous ratez le bus public, pas de panique, des minivans font le trajet pour un tarif équivalent. Pas d’horaires préétablis, ils partent lorsqu’ils sont pleins.

Excursion à la journée depuis Assouan

Si vous êtes pressés, de nombreuses agences proposent l’aller-retour à Abou Simbel à la journée depuis Assouan. L’offre est globalement toujours la même, avec un départ très matinal (5h), une visite, un déjeuner et un retour, dans un van climatisé d’une douzaine de places. Vous trouverez facilement une agence en ville, ou pouvez réserver en ligne, par exemple par icii. Les guides n’ont pas le droit d’entrer dans les temples, ils donnent donc les explications avant l’entrée.

Dormir à Abou Simbel

Les logements ne sont pas donnés à Abou Simbel. Nous avons trouvé une chambre confortable, propre et climatisée (appréciable même mi-novembre) chez Abu Simbel Nubian guesthousei. L’établissement est bien situé entre la gare routière et les temples, tout se fait facilement à pied. Hélas, le prix des chambres (~50€) semble avoir explosé depuis notre passage (150€). D’autres options existent (voir sur Bookingi), essayez de trouver un logement récent qui fait une offre de lancement.

Se rafraîchir à la piscine de l’hôtel Seti

Apportez vos maillots, mais évitez le lac, réservé aux crocodiles. L’idée de la piscine, nous l’avons dégotée en parcourant les avis sur notre guesthouse. Nous ne sommes pas fans des immenses hôtels type resort, mais la grande piscine du Seti Lake Resorti avec vue sur le lac est un très bon moyen de passer le temps et la canicule. Tarif extérieur : 10 US$ par personne avec serviette prêtée. Nous étions seuls une bonne partie de l’après-midi, les clients de l’hôtel arrivant vers 16h30.

Piscine d'hôtel à Abou Simbel, Egypte

Dîner à Abou Simbel

Les choix sont réduits. Nous avons dîné au New Abu Simbel Tourist Restaurant, simple mais bon et propre, avec salle non fumeur. Il n’y a pas de formule végétarienne à la carte, mais ils la préparent sans problème et avec une petite réduction : soupe, tahini, frites, légumes et pain.

 
 
À propos de nous Nous sommes deux fugueurs lancés à travers le monde à vitesse d'escargot. En savoir plus
Vous souhaitez nous remercier pour les conseils du blog et nous encourager à continuer ? Voici diverses manières de le faire

Une question ? Une envie de discuter ? C'est ici !

  1. JEAN MARC dit :

    Bonjour vous 2, sympa ce petit voyage en égypte, de plus nous étions connecté : je finissais un roman sur la mort de cléopatre et de son romain de mari,
    C’était super de voir les photos qui correspondaient (enfin presque) au roman.
    Bon « courage » pour la suite.
    jean marc

  2. Maïthé dit :

    Bonjour,

    Super ce blog ! Bravo !
    Avec un petit groupe d’amis nous devons, en novembre, rester une journée de plus à Abou Simbel dans le but de contacter des acteurs sociaux afin de prendre connaissance des réalités humaines et des soucis de la population. On aimerait rencontrer le directeur de l’école pour lui apporter du matériel scolaire.
    Avez-vous des conseils et contacts à nous donner ? Merci.Maïthé

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