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Bari sera toujours Bari

Publié dans la catégorie Italie, le 16 octobre 2024

La troisième est la bonne ! Lors de nos deux précédentes visites des Pouilles, nous avions soit zappé la capitale régionale, soit effleuré ses ruelles du regard avant de grimper dans un ferry pour l’Albanie. Alors cette fois, sur le chemin de la Grèce, nous lui donnons sa chance. Façon de parler, car dans cette histoire, nous sommes les chanceux !

Carte de l'itinéraire de notre voyage vers la Grèce sans avion

 

Quatorze ans plus tôt, des amis italiens nous avaient déconseillé Bari, un peu malfamée. Elle avait même été surnommée un temps la città delle rapine, la ville des vols. Mais tout s’est arrangé, les rues se sont apaisées et les carabinieri peuvent enfin boire leur espresso chaud.

L’effet inattendu, c’est que Bari n’a pas suivi l’évolution des villages alentour, bien blancs, bien fleuris et un poil aseptisés par le tourisme. Laissez-nous donc vous présenter une autre version des Pouilles, joyeusement bordélique, qui nous a parfois donné le sentiment de traverser la pellicule d’un vieux film italien.

 

 

Bari Nuova, le nouveau centre de Bari

Mais avant de franchir la porte de la vieille ville si typique, commençons par ce que les baresi appellent Bari Nuova. Elle se reconnaît à son damier de rues larges et perpendiculaires, à ses boutiques, cafés, théâtres et à quelques bâtiments élégants du siècle dernier. Nous retenons par exemple la façade d’imitation vénitienne du Palazzo Fizzarotti ou l’ancien grand magasin Mincuzzi qui abrite un plus modeste Benetton aujourd’hui.

Kiosque café dans un parc de Bari, Pouilles
Palazzo de Mincuzzi à Bari
Théâtre Petruzzelli à Bari, Italie
Teatro Margherita à Bari dans les Pouilles

Bref, c’est dans Bari Nuova que les habitants évoluent à grands pas la semaine et à petits pas le week-end, avec l’aide de deux longues rues piétonnes. Deux havres de paix, dans cette ville championne du monde du non-respect des passages piétons (et pourtant nous arrivons de Rome, élevée dans le classement).

Dessin d'une voiture qui ne respecte pas un passage piéton à Bari Italie
 

 

Bari Vecchia, bien guillerette pour son âge

Entrer dans le vieux Bari, c’est pousser la porte du Moyen Âge. Un peu comme des racines dans un pot trop petit, les ruelles se tordent et s’entremêlent dans le périmètre de murailles trop vieilles. 

Belle rue de Bari : arche et vélo
Cour d'immeuble dans le vieux Bari, Pouilles
Belle maison du vieux Bari, ville des Pouilles
Ruelle de Bari, Pouilles

Linge qui sèche dans la rue à Bari

Dans ce décor, nous nous attendrions à trouver des dizaines de B&B, des terrasses pour dîners aux chandelles, des boutiques chargées de bibelots…

À la place, nous nous attendrissons face à des petites scènes de rues : ici un vieillard dévore Sophia Loren des yeux en noir et blanc sur la Rai 3, là une tête de dalmatien rappelle son maître sorti faire une course, plus loin une mamie sur son balcon nous demande de lui renvoyer un tissu brodé…

Courses dans la vieille ville de Bari, Pouilles
Plantes dans une ruelle de Bari

Les ruelles ne sont pas uniquement dédiées à la circulation, les habitants sortent des chaises, discutent, lisent le journal, crient et même cuisinent dehors. Malin pour ne pas enfumer sa maison.

Scène de rue à Bari, Pouilles Cuisine dans la rue à Bari, Pouilles

Et pour éviter que la criminalité ne revienne, la dio-surveillance a été installée à tous les coins de rue.

Déco des murs de Bari : plantes et religion Autel vierge à Bari

Votre seul danger, amis piétons, concerne les scooters. Il faut se tenir prêt à bondir à tout moment pour laisser passer un pétaradeur pressé.

Scooter et linge dans une ruelle de Bari
Scooter à Bari, Pouilles
Lecture de journal sur un scooter
Scooter dans une rue du vieux Bari
Scooter dans une rue de Bari, Pouilles
Dessin les ruelles de Bari pleines de scooters qui foncent

Une variété bien connue de pâtes, originaire de Bari, porte le nom d’orecchiette, petites oreilles. Une dizaine de femmes perpétue une production manuelle dans les ruelles, en particulier dans la Strada Arco Basso. Un coup de couteau pour détailler un boudin de pâte, un coup de pouce pour lui donner sa forme et hop, suivante. (Il semblerait qu’en haute saison la production ne suive pas la demande et que des pâtes industrielles aient tendance à s’inviter dans les sachets.)

Rue albicocca à Bari : vendeuse de pâtes
Vendeuse d'orecchiette à Bari, Pouilles
Fabrication d'orecchiette, pâtes des Pouilles

Et quelle tradition perpétuent les hommes pendant que les femmes travaillent ? Hmm… celle de brasser des cartes. Nous avons aperçu au moins deux salles ouvertes sur la rue où ces infatigables bosseurs invitent les touristes à trinquer à la bière en échange d’une pièce.

Papis qui jouent aux cartes et boivent des bières à Bari

La vieille ville de Bari abritant de vieilles personnes, la sieste y est plus sacrée qu’ailleurs. Nous vous conseillons de laisser les ruelles tranquilles l’après-midi et de revenir lorsque les ronflements s’estompent et que la vie reprend. Nous recommandons également d’éviter les jours où de gros bateaux de croisière accostent (voir le planning), les ruelles ne ressemblent plus à rien.

Dessin d'un groupe de croisiéristes qui visitent Bari

Quant à admirer le coucher de soleil, rien de tel qu’un coin de rempart dans les environs du bar Ciclatera.

Visite des remparts de Bari au coucher du soleil Bar sur les remparts, soirée à Bari, Pouilles
Remparts de Bari et barques sur la mer
Ville de Bari de nuit : scooter et lampadaires
 

 

Quelques monuments du vieux Bari

Difficile de traverser une ville italienne sans tomber sur une, quelques, des tas d’églises. S’il ne fallait en visiter que deux à Bari, nous recommanderions d’abord la cathédrale San Sabino, sobre à l’extérieur, sobre à l’intérieur, mais surprenante tout de même avec ses deux étages d’arches, autrefois réservés aux femmes, et ses murs bruts.

Cathédrale San Sabino à Bari

Bruts comme les fascistes mussoliniens, qui ont tout rénové en gommant les vieilles fresques à jamais. Mais en cherchant un peu, il est possible de repérer des fragments sauvés de la truelle.

Pour les passionnés d’archéologie, un escalier (3€) descend vers une ancienne église cachée dessous, d’anciennes maisons romaines et même des mosaïques, qui montrent comme Bari s’est construite en couches de lasagnes sur les siècles passés.

Zone archéologique sous la cathédrale de San Sabino à Bari
Mosaïques dans la cathédrale San Sabino à Bari, Pouilles
Gargouille éléphant sur la cathédrale San Sabino à Bari

La place de la cathédrale semble être au centre de l’ambiance du vieux Bari. Le va-et-vient des habitants saccade, car Lucia ou Lucio prend cinq minutes pour saluer Maria ou Mario, puis Paola ou Paolo. À ce rythme, une matinée suffit à peine à sortir acheter la pasta et le pesto.

Italiens qui papotent à Bari dans les Pouilles
Habitants qui bavardent dans le vieux Bari

Mais revenons à nos moutons. L’autre église d’importance est la basilique San Nicola, d’apparence simple jusqu’à ce que nous levions les yeux aux cieux. Le magnifique plafond tout en peintures et dorures est un ajout du XVIIe siècle qui ne passe pas inaperçu.

Basilique San Nicola dans la ville de Bari Visite de la basilique San Nicola à Bari

Comme sa grande sœur cathédrale, la basilique possède un escalier vers le sous-sol, où nous découvrons étrangement beaucoup plus de monde qu’en haut. L’explication tient à la présence des restes de Saint-Nicolas, aussi connu sous le nom de Santa Claus ou… Père Noël.

Sous-sol de la basilique San Nicola à Bari

La légende dit qu’un navire de Bari a pris de vitesse un navire de Venise pour récupérer les vieux os en Turquie, laissant les Vénitiens bredouilles.

 

 

Le Bari des gourmands

Il est temps de parler de choses sérieuses, et rien n’est plus sérieux que la nourriture en Italie.

Bari ne dort pas sur ses orecchiette. La ville propose ni plus ni moins que la meilleure version d’Italie de notre mets italien préféré : la focaccia barese ! L’adresse la plus réputée est une vieille boutique du vieux centre, qui n’a pas investi dans sa décoration depuis les années 70 et sur laquelle nous n’aurions pas parié. C’est la file d’attente devant le Panificio Santa Rita qui nous a convaincus et…

File d'attente devant la focacceria à Bari

Mamma mia qu’est-che que ch’est bon !!! Surtout lorsqu’elle sort encore chaude du four. Cette boulangerie et toutes les autres en ville ont la délicieuse idée de recouvrir leurs focacce de tomates cerises. D’ailleurs, si le sol de Bari est souvent sale, ce n’est rien d’autre que de la tomate rôtie, tombée au détour d’une bouchée trop ambitieuse.

Focaccia barese

Focaccia au petit déjeuner ? Oh oui, et toute le reste de la journée !

Pour équilibrer les nutriments, entre deux focacce, nous avons aussi goûté les sgagliozze, c’est-à-dire des rectangles de polenta passés à la friteuse, et attrapé des glaces chez Gentile, la gelateria la plus réputée de Bari, située en face de l’épais château normand (à 10€ l’entrée, nous sommes restés avec nos glaces sur le palier).

Château normand de Bari en Italie

Et parce que les spécialités italiennes sont infinies, nous vous conseillons une dernière recette locale, appelée spaghetti all’assassina, qui consiste à brûler des spaghetti et à ajouter une sauce tomate bien pimentée. Une tuerie !

Spaghetti all'assassina : pâtes brulées à Bari
 

 

Notre avis sur Bari

Bari n’est clairement pas la plus belle ville des Pouilles. Elle n’atteint pas le nombril de l’élégante Lecce, par exemple, et ne reçoit pas du tout autant de touristes (sauf si vous tombez sur un débarquement de croisiéristes). En revanche, côté ambiance et authenticité, Bari est imbattable. Nous avons adoré la visiter, y manger, et elle mérite bien une visite d’un jour, voire deux pour les flâneurs, avant un train ou un ferry.

Bari : scooter et orecchiette

 

Conseils pratiques pour visiter Bari

Arriver et partir de Bari

Cette fois, nous sommes arrivés en train depuis la France, en marquant des arrêts prolongés à Gênes et Rome. Pour ceux qui préfèrent, il existe aussi un train de nuit depuis le nord de l’Italie, qui fait passer le trajet en un clignement d’œil. La fois précédente, c’était en bus de nuit depuis la Sicile que nous débarquions. Après Bari, vous pouvez aussi poursuivre comme nous vers l’Albanie ou la Grèce (Igoumenítsa toute l’année, Corfou seulement l’été). Bref, Bari est un carrefour pour les voyageurs lents qui privilégient les trajets sans avion !

Se déplacer autour de Bari

Les trains italiens sont efficaces, peu onéreux et la gare de Bari propose des départs fréquents vers Lecce, Monopoli, Ostuni, etc. La capitale des Pouilles peut faire office de QG pour visiter le nord de la région à la journée, avant de partir explorer le sud, toujours en train.

Chien et tournesol sur un mur de Bari, Pouilles

Se déplacer dans Bari

Comme les logements sont rares dans la vieille ville, il est courant pour les touristes de dormir plus loin. C’était notre cas, nous étions à 20-25 minutes à pied. Nous avons parfois raccourci la distance en bus. Le réseau urbain est efficace, les habitants nous renseignaient volontiers sur les lignes à prendre et les billets s’achètent en bureau de tabac.

Dormir à Bari

Notre petit studio chez Astare (~70€)i nous a beaucoup plu, mignon, propre et géré par des propriétaires plein de petites attentions (parts de foccacia barese apportées encore chaudes et bouteille de vin pour l’anniversaire de Mi-Fugue !). Seul inconvénient, l’emplacement un poil éloigné. Il faut être prêt à marcher ou prendre le bus juste en bas de l’immeuble. La gare, elle, n’est qu’à 10 minutes. Pratique pour arriver, repartir ou rendre visite aux villages voisins.

Manger à Bari

  • Dama Italian Bakery : notre adresse préférée pour un petit déjeuner en terrasse, dans la nouvelle ville près de la gare. Leurs viennoiseries sont très réussies, mais n’atteignent pas le niveau de leur excellentissime focaccia, surtout à la sortie du four vers 9h.
  • Panificio Santa Rita : nous en avons parlé plus haut, cette boulangerie sert la meilleure focaccia de la vieille ville. Comptez 4€ pour une entière, trop grosse pour une personne. Il est possible de demander 1/2 pour une grosse faim ou 1/4 pour une fringale. La file d’attente mérite d’être attendue !
  • Si vous êtes à la recherche d’un restaurant de spécialités très traditionnelles (comme la fave et cicoria en photo ci-dessous), La Uascezze pourrait vous plaire. Les familles italiennes aiment et réservent en nombre, nous ne sommes pas aussi fans.
Fava et cicoria, plat des Pouilles
  • L’Assassineria Urbana : pour tester les fameux spaghetti all’assassina, il faut viser des restaurants plus modernes, dans la nouvelle ville. Nous vous recommandons ce restaurant qui en a fait sa spécialité, avec des variantes. À réserver, car vite complet.
  • Caffè Nero : pour un simple verre, ce bar de la vieille ville s’adresse davantage aux locaux qu’aux touristes. En comparaison des bars perchés sur les remparts, vous perdez la vue mais faites dégringoler de 40% le prix du Spritz.

Visite guidée de Bari

Nous avons suivi le free walking tour proposé par SlowTravels.it (agence face à la cathédrale San Sabino), hélas les interminables explications religieuses du guide, expert en théologie, nous ont barbés. Une autre agence semble proposer des tours plus dynamiques par ici.

 
 
À propos de nous Nous sommes deux fugueurs lancés à travers le monde à vitesse d'escargot. En savoir plus
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