Louxor est le bouquet final de notre voyage en Égypte. Une explosion de monuments plurimillénaires superbement conservés qui nous laisse les yeux pleins de hiéroglyphes et la bouche en montgolfière !
Cela commence pourtant très paisiblement. Depuis Assouan, notre train suit les ondoiements du Nil. Les palmiers défilent, les brins de riz s’effilent et les collines… les collines… Ça alors !
De petites portes percent les collines ! Seraient-ce des terriers de renards des sables un peu trop carrés ? Non… probablement plutôt les tombeaux de quelques scribes, chambellans ou dignitaires. En trois millénaires de pharaonie, l’Égypte a eu le temps d’être mitraillée de sépultures. Et ce n’est pas la rive ouest de Louxor qui nous contredira, immense gruyère aromatisé à la momie.
Mais avant de partir explorer l’ancienne rive des morts, laissez-nous vous présenter celle des vivants côté est de Louxor, qui héberge aujourd’hui encore l’essentiel des habitants, ainsi que le plus grand complexe religieux d’Égypte.
Le centre de Louxor : temple, souk et corniche
Vous connaissez l’obélisque de la Concorde, qui trône au cœur de Paris ? Eh bien il avait autrefois un frère jumeau et ils ornaient à eux deux l’entrée d’un temple dédié à Amon : le Temple de Louxor (entrée ~8€). Celui-ci est souvent conseillé en guise de première visite à Louxor, car petit et moins impressionnant que les autres temples, mais il nous épate déjà pas mal !
Au soleil baissant, nous nous sentons riquiquis entre les colonnes joliment éclairées, les colosses sévères et les murs de rébus.
Nous tombons une deuxième fois à la renverse face à l’allée des sphinx, en face de l’entrée du temple. Tous les sept pas, et à perte de vue, deux de ces félins se font face. L’urbanisation les avait écrasés, mais de grands travaux viennent de s’achever pour faire revivre l’alignement complet des 1250 crinières.
La nuit enfonce le clou du spectacle, avec un éclairage qui décuple la beauté des vieilles pierres. L’astuce est bien connue des groupes de touristes qui se déversent par cars entiers, c’est la contrepartie.
L’ambiance prend parfois des airs de film d’horreur, mais rassurez-vous, nous sommes ici sur la rive des vivants !
Pour remettre un brin de jovialité dans l’air, rien de tel qu’un déhanché sur le zouk de Louxor. Euh… pardon, le souk de Louxor, rien à voir. À part le collé-serré des échoppes, le choix de produits qui tourne en rond et les paroles entraînantes des marchands. La négociation est fort recommandée et les prix tombent facilement de moitié.
Si vous avez trouvé les vendeurs du souk insistants (globalement peu, ils se redressent juste sur leur chaise pour décocher une phrase d’accroche), alors ne mettez pas un pied sur la Corniche de Louxor. Les pilotes de taxis et calèches trouvent inacceptable qu’un touriste se rabaisse à marcher sur ses deux pieds et insistent dur pour le soulager. Sans parler des bateliers, pour qui nous ne sommes jamais sur la bonne rive.
Rassurez-vous, les sollicitations décroissent en s’éloignant du temple de Louxor, notamment vers le nord de la Corniche où les flâneurs remplacent progressivement nos braves harceleurs.
Musée de Louxor : chefs-d’œuvre stockés au frais
Vers le nord de la Corniche se trouve justement le musée de Louxor, qui nous plaît bien (~6€). Vous vous souvenez de notre musée poussiéreux du Caire, qui entassait le plus d’objets possible par salle ? Eh bien c’est tout l’inverse ici, le musée est aéré, les pièces sont superbes, soigneusement présentées et les explications rassasiantes !
Petit conseil : le musée ferme à 20h, vous avez donc en hiver le temps d’admirer le coucher de soleil avant de pousser sa porte. La climatisation peut s’avérer salvatrice en cas de journée chaude.
Complexe de Karnak : le Vatican des pharaons
L’allée des sphinx, qui démarre au temple de Louxor, s’achève trois kilomètres plus au nord au temple de Karnak (~9€). C’est le plus vaste site religieux d’Égypte, mais rassurez-vous, la partie la plus intéressante se concentre près de l’entrée. Vous ne serez pas obligés d’errer sans fin dans une savane de pierres sacrées.
Le guichet d’entrée de Karnak n’étant pas situé sur l’alignement des sphinx, c’est une allée de lions ascendants béliers qui nous accueille, en référence au dieu Amon.
S’ensuivent plusieurs portes monumentales (pylônes) qui s’ouvrent chaque fois sur un nouveau décor digne d’un film à très gros budget. La Fourtieth Century Fox n’a pas lésiné sur les moyens.
Notre décor préféré est la GIGANTESQUE salle hypostyle. Waouh ! Hypostyle, en grec, ne veut pas dire qu’elle est hyper stylée, mais qu’elle est soutenue par des poteaux. Une forêt de cent trente-huit colonnes exactement, toutes en très bon état, gravées et teintés de pigments tenaces.
À l’origine, même l’extérieur des temples était bariolé. Cela n’a pas dû plaire au dieu-soleil, qui a tout calciné.
Nous bifurquons vers le lac sacré, artificiel, qui rappelle les bassins rituels creusés près des temples hindous.
Nous croisons ici des touristes qui tournent en recueillement autour d’un scarabée sculpté. Le dieu-soleil, encore lui, les aurait-il frappés sur le coin du crâne ? Par précaution, nous retournons sur nos talons chercher de l’ombre.
De retour chez le dieu Amon, nous explorons sa belle « salle des fêtes » colorée, puis un tas de plus petites pièces dispersées, de moins en moins intéressantes, au cas où nous tomberions sur une magnifique salle que les archéologues n’auraient pas encore trouvée.
Pour conclure, Karnak est presque aussi impressionnant qu’Abou Simbel, avec beaucoup plus de choses à admirer. Nous regrettons un peu de n’avoir pas adopté ici un guide (ils démarchent après le guichet, environ 10€) pour nous aiguiller vers les éléments clés.
Pour rentrer vers le centre de Louxor, nous décidons de marcher et découvrons notre portion de Corniche préférée, avec un peu d’ombre, des locaux qui déambulent tranquillement et des bancs. Pas de chance pour la vue, les bateaux de croisières l’ont privatisée.
Voilà. C’est à peu près tout ce que nous avions à dire sur la rive est de Louxor. Rendez-vous maintenant de l’autre côté !
Louxor rive ouest, petit quartier proche des champs
Sur la rive gauche du plus long fleuve du monde (ou deuxième, les géographes hésitent encore), le bitume n’a pas encore recouvert les rues, le trafic s’attendrit et des hôtels de petite taille s’éparpillent entre les arbres. C’est ici que nous avons passé notre semaine à Louxor et, malgré les croyances anciennes, nous le recommandons pour passer de douces nuits.
Coup de cœur pour la Villa Kaslani et son toit-terrasse, où chaque lever ou coucher de soleil se transforme en œuvre d’art sur la pellicule.
Quant aux petits restaurants simples posés au bord du Nil, ils deviennent notre endroit préféré pour regarder passer les felouques en fin de journée, un jus de mangue à la main.
Nous ne retentons pas la balade à voile sur le Nil, préférant nous en tenir à nos doux souvenirs d’Assouan. En revanche, nous retournons souvent négocier avec les bateliers-rabatteurs. Leur cohorte de petits pout-pout-pout colorés rend bien service pour viser des lieux de Louxor non desservis par l’inflexible ferry public.
Rive ouest : Momieland à vélo
Il est temps d’aller voir ce qui se trame un peu plus profondément sur la rive ouest de Louxor. Les pharaons préféraient, pour un bon dodo éternel au sec dans leurs bandelettes, s’éloigner des crues du Nil, mais aussi des pillards. C’est ainsi qu’ils trouèrent la vallée des rois, dans un lieu tenu secret génération après génération. S’ajoutèrent des vallées alternatives : reines, nobles, artisans… ainsi qu’une ribambelle de temples.
Bref, une infinité de choses à voir et un budget qui enfle vite. Il a fallu faire des choix, et voici en rouge les nôtres :
L’option classique, pour visiter la vallée des rois et ses voisines, est de grimper dans un taxi pour la journée, mais nous découvrons l’existence de loueurs de vélos. La distance est correcte, environ huit kilomètres depuis la berge du Nil, avec juste une légère montée sur la fin. Et bingo, la météo annonce deux journées un peu plus fraîches. Tout s’aligne, c’est parti !
Départ à l’aube sous une brume dorée, direction les collines encore roussies, sous une flopée de montgolfières. Extralouxordinaire !
Au rythme des pédales, nous attirons les salutations, comme chaque fois que nous nous écartons un poil du chemin touristique classique en Égypte.
Sur le bas-côté, deux statues cabossées nous somment de nous arrêter. Ce sont les colosses de Memnon.
Les Grecs ont cru reconnaître Memnon, le roi d’Éthiopie décrit par Homère, mais il faut rendre à Amenhotep III ce qui est à Amenhotep III. Les gaillards à son effigie gardaient l’entrée du « Temple des millions d’années » à sa gloire. Le pauvre n’avait pas trop pris en compte les séismes et vols de pierres, il n’en reste que des gravillons.
À l’approche des fameuses collines, il est l’heure de jouer à la tombe-ola.
À proximité du rond-point, se trouve le guichet qui recèle les billets d’entrée des différents sites, identifiés par des chiffres et souvent vendus par lots. Pour ce premier jour de visite, nous choisissons en fonction de nos lectures, des ouvertures et fermetures du moment et de la trajectoire de l’ibis sacré :
- n°6 : vallée des nobles, tombe de Ramose
- n°4 : vallée des nobles, tombes de Menna, Nakht et Amenemopet
- n°10 : vallée des nobles, Userhat et Khonsu
- n°8 : vallée des artisans, deux tombes et un bébé temple
- n°14 : grand temple de Medinet Habou
soit un total d’environ 16€ par personne (notez que les tarifs ont augmenté peu après notre passage).
Vallée des nobles : l’entre-soi souterrain
Par respect pour les macchabées, nous laissons nos vélos au parking. Un guide cherche à nous faire croire que nous ne trouverons jamais nos neuf nobliaux sans son aide. C’est faux, il y a des panneaux, les gardiens de chaque tombeau donnent la direction du suivant et l’application Maps.me les référence aussi.
Premiers visiteurs de la journée, nous galérons juste à trouver les divers gardiens, sûrement en train d’avaler leur foul du matin. Pour éviter de vous endormir avec une revue complète des tombes, en voici les grandes lignes.
Chez le vizir Ramose, nous découvrons des gravures d’une finesse incroyable, notamment les chevelures que l’on croirait tricotées. Dans les petites tombes associées au billet, pas de lumière, le gardien utilise un système de miroir pour éclairer de belles peintures.
Le scribe Nakht n’eut droit qu’à une petite tombe, mais couverte de sublimes peintures avec moult détails, des couleurs, un style très parlant et… un gros plexiglas pour les protéger.
Menna, responsable agricole, a creusé une vaste sépulture, au détriment peut-être de la précision des peintures. La salle du fond a néanmoins des couleurs magnifiques, c’est la tombe noble préférée de Mi-fugue.
Du côté du vizir Amenemopet, tout est très abîmé et les statues ont une bosse sur la tête, la faute aux plafonds trop bas certainement.
Dans notre troisième groupe de nobles, Userhat a des peintures particulièrement réussies, dommage que les visages aient été grattés, et Khonsu pas mal de murs abîmés mais une très belle salle du fond. Visez la tunique léopard du prêtre !
Les gardiens sont ici incontournables, car ils ouvrent et referment derrière nous, mais sympas et veillant à bien nous montrer ce qu’il y a à voir. Aucune arnaque, nous sommes heureux en échange de leur laisser un pourboire (prévoyez des coupures d’1€ environ).
Le temple de Medinet Habou
Ramsès III aussi s’est fait le plaisir d’un temple des millions d’années, plus connu sous le nom de Medinet Habou. L’entrée nous fait l’effet d’un puzzle reconstitué, mais à mesure que nous avançons, les détails sont intacts. Et puis, le lieu est nettement plus tranquille que les temples de Louxor ou Karnak.
Mais ça, c’est avant l’arrivée… d’énormes groupes scolaires ! Des gosses déchaînés nous foncent dessus par groupes de quarante. Nous nous prêtons un moment aux demandes de selfies, avant que l’attroupement ne soit dispersé à coups de sifflets par les gardiens.
Nous pouvons nous reconcentrer sur les immenses fresques gravées sur les murs, les colonnades, un… cortège de… babouins.
Une armée de pigeons bien vivants squatte les corniches, mais dans la salle hypostyle, ce sont les touristes les pigeons. Fuyez bien les gardiens, qui imposent leur présence lourde comme des montagnes, leurs conseils inutiles et leurs propositions de photos, sans oublier de faire passer le touriste à la caisse.
Mais cette salle est MAGNIFIQUE !
Vallée des artisans : l’éternité à petit budget
La dernière étape de notre première journée est surnommée vallée des artisans, mais ce sont les ruines d’un village entier qui pointent au bout de nos guidons, Deir el-Médineh. L’emplacement de la vallée des rois étant classé ultra confidentiel, ceux qui y travaillaient vivaient isolés du reste de l’Égypte.
Avec leur bac +5 de design d’intérieur en poche, option art funéraire, certains lançaient leur projet de tombe personnelle directement sous leur maison.
Nous remercions les propositions des guides, préférant visiter à notre rythme les deux tombes de notre billet, Inerkha et Sennedjem. Alors certes les murs sont moins droits que chez la noblesse, certes il faut se plier en cinq pour descendre, certes les représentations se prennent moins au sérieux, mais nous trouvons le résultat bluffant.
À l’autre bout du village, les artisans se sont concocté un temple à dimension non-pharaonique. Sauf qu’en experts de la truelle et pros du pinceau, ils en ont fait un petit bijou.
Vallée des rois : tombes à la renverse
Le lendemain, toujours bien agrippés à nos guidons, nous repartons pour une deuxième tournée de terriers. Nous avons gardé la célèbre vallée des rois pour la fin, ou plutôt la vallée des pharaons. Mille ans après l’ère des pyramides, les mégalomanes ont découvert le proverbe « pour mourir heureux, mourons cachés ». Ils commandaient de leur vivant des chambres funéraires cinq étoiles, sans lésiner sur les moyens, puis faisaient maquiller l’entrée derrière des roches, ni vu ni connu.
Le secret s’est légèrement ébruité puisqu’en arrivant à 7h du matin, quinze cars occupent déjà le parking et d’autres arrivent.
Pour cette vallée des rois, le loto se fait sur place (et non au rond-point). Nous demandons le ticket classique (~12€, CB uniquement) qui donne accès à trois tombeaux parmi une sélection tournante, auxquels nous ajoutons Ramsès V et VI (~4€). Enfin, nous craquons pour Séthi Ier, la tombe la plus chère de la vallée des rois, mais qui au hasard des dévaluations de la Livre n’a jamais été aussi bon marché (~42€). Bonne nouvelle, les appareils photos sont désormais autorisés sans supplément.
Pour les trois tombes à choisir, nous recommandons de ne pas se précipiter vers les premières qui passent, car le niveau n’est pas égal. Nous avons croisé plusieurs sources (guide du routard, forums de voyageurs) et fait en fonction de l’offre du moment.
Notre premier choix est Ramsès IV, sans aucun regret. La tombe est bondée, mais le circuit imposé et le couloir ultralarge permettent de profiter correctement de… pfiou… des milliards de détails ! Nous répétons en boucle des « waouh » et des « dis donc ! ». En atteignant le sarcophage, nous comprenons mieux la largeur du corridor. Il y a la place pour deux cents chats momifiés de compagnie là-dedans !
Nous toquons ensuite chez Ramsès IX. La tombe ressemble à la précédente, avec un peu moins d’élégance, moins de couleurs et de nombreux murs vides. En revanche, sans la foule, nous prenons le temps de détailler les grandes scènes dessinées et c’est un énorme DÉLIRE : bal masqué sur le thème animalier, oiseaux la tête en bas, basket-ball avec le globe solaire, aliens qui dansent la macarena… (descriptions en attente d’approbation scientifique).
Si cela ne suffisait pas, les pharaons étaient aussi enterrés avec de nombreuses antisèches, sur le sarcophage ou directement sur les murs, astuces ou formules magiques pour déjouer une interminable liste de pièges sur le chemin vers la vie éternelle.
Pour compléter notre tiercé sans supplément, nous aurions aimé rendre visite à Ramsès III, réputé fin décorateur, mais il faisait une petite sieste d’un an.
Nous nous rabattons sur Taousert et Sethnakht. Ce ne sont pas deux tombes séparées, mais une seule. Taousert était une pharaonne et Sethnakht le général qui l’a renversée. Et gentleman qu’il était, il l’a aussi congédiée de sa tombe pour s’allonger à sa place. Le couloir particulièrement long mène à plusieurs chambres qui n’en finissent pas de fresques, notamment un bel inventaire de dieux sous leur meilleur profil.
Nous attaquons ensuite notre premier supplément : Ramsès V et VI. Là encore, il s’agit d’une seule tombe. Dans une Égypte en crise, Ramsès VI s’est invité chez le tonton en décalant juste un peu son sarcophage. Nous conseillons les quelques euros d’investissement, car c’est notre tombe préférée jusqu’ici.
Le plafond est incroyable, mais également les murs qui fourmillent de détails et serpentent de serpents, animal qui devient allié des humains dans le royaume des morts. Quant aux sarcophages, ils sont gigantesques. Les couvercles devaient être les plus lourds possibles, en dernier rempart contre les pillards. Spoiler : ils ont réussi quand même.
Pour la petite histoire, la seule tombe restée inexplorée jusqu’à l’arrivée des archéologues, avec son trésor entier, est celle de Toutânkhamon. L’entrée se situait sous celle de Ramsès V et VI dont nous venons de parler, et les pillards de la première ont un peu plus dissimulé la deuxième. Elle n’est pas réputée très intéressante à visiter, à moins que vous ne souhaitiez vous confronter à la « malédiction de Toutânkhamon » qui décima une partie de ses découvreurs et fit les titres des journaux à l’époque.
Nous concluons notre visite de la vallée des rois par la tombe de Séthi Ier, la plus grande et la mieux décorée de la vallée. La plus chère aussi, mais nous avons quelque chose à fêter !
Il est vrai qu’elle est immense, avec une bonne dizaine de salles, des fresques partout et un éclairage qui les met bien en valeur. Ce pharaon semble très apprécié des dieux, qui sont nombreux à le tenir par l’épaule ou par la main comme un vieux pote.
La pièce du fond clôture la visite avec éclat, entièrement peinte sur fond doré. Au final, nous sommes ravis de cette tombe, mais vous pouvez économiser et demander seulement le supplément pour la tombe Ramsès V et VI, presque aussi belle et dix fois moins chère.
Au fait, quid de la vallée des reines ? Eh bien nous avons fait l’impasse, non par misogynie, mais parce que les tombes sont réputées moins spectaculaires. Pareil, nous zappons les centaines de boutiques d’albâtre qui abondent dans le coin, avec une certaine tendance à revendre du made in China.
En revanche, nous sommes séduits par notre mini détour au magasin de la Pottery School. Le style est simple, presque naïf, mais nous plaît beaucoup, les tarifs sont corrects et affichés. Toute la difficulté est de ne rien casser dans le sac du retour (merci aux trois couches de papier bulle).
Le flambant neuf temple d’Hatchepsout
Pour achever notre tournée, nous passons une tête par le temple d’Hatchepsout (~7€), taillé au pied de la montagne. Les rénovateurs y sont allés un peu fort sur la rénovation, le bâtiment semble neuf. Seules les vieilles fresques abîmées rappellent l’âge véritable de l’un des rares temples réalisés sur plusieurs étages.
L’autre particularité tient au fait qu’Hatchepsout était une pharaonne, la plus grande d’entre elles, régnant plus de vingt ans sur l’Égypte. Les statues la représentent avec une barbiche, mais cela ne signifie pas forcément qu’elle tentait de passer pour un homme. Celles portées par les pharaons étaient tout aussi postiches.
Entre nous, vous pouvez zapper cette étape et simplement admirer le temple de loin, vous ne raterez pas grand-chose. D’ailleurs, vous pouvez facilement condenser le reste de nos deux jours de vélo en un seul. Cela tient sans se presser.
Et nous voilà de retour à Louxor, escortés sur la fin de notre trajet par des minots qui pédalent sans les mains pour nous impressionner.
Vol en montgolfière au-dessus de la vallée des rois
Et quitte à être dans un endroit incroyable, nous testons ce que nous n’avions jamais testé jusqu’ici : un vol en montgolfière au lever du soleil, au-dessus des paysages que nous venons de traverser à vélo. Le van vient nous chercher à 4h45 pour nous déposer, les yeux encore collés, sur l’aire de décollage. Nous sommes loin d’être seuls, environ vingt-cinq ballons immenses attendent d’être gonflés, chacun ayant une capacité de vingt-huit places.
La nacelle est compartimentée et nous grimpons dans notre petit carré. Au « yallah » de notre commandant, les assistants au sol lâchent l’embarcation et plop, nous prenons de l’altitude avec les premières lueurs du jour. Nous avons de la chance, le ciel est totalement dégagé !
Nous flottons dans un presque silence, seulement perturbé par les frouchhhhhh du brûleur, et c’est parti pour quarante-cinq minutes d’une grande beauté. Le soleil finit par poindre, les collines s’illuminent, nous sommes scotchés par le ballet des autres montgolfières dans ce décor.
Après être monté à 350m, le pilote descend doucement raser les palmiers, à quelques mètres des agriculteurs et des enfants qui font coucou.
L’atterrissage est censé être la partie la plus secouante. Tout le monde s’accroupit et… poc. Juste un petit poc. Quinze employés attrapent la nacelle, dégonflent la baudruche et nous recevons un diplôme récompensant… euh… quoi au juste ? Nous n’avons rien fait !
Côté pratique, ne prévoyez pas cette sortie pour votre dernier jour à Louxor, il est fréquent qu’elle soit annulée s’il n’y a pas, ou trop, de vent. Nous avons payé 75€ par personne, réservé auprès de notre hôtel, mais il semble possible de trouver moins cher. N’hésitez pas à comparer aux agences en ligne, par exemple celle-cii. Dans tous les cas, la prestation est similaire, toutes les montgolfières ont la même contenance et le gouvernement impose des règles de sécurité strictes.
Notre avis sur Louxor
Nous sommes ravis d’avoir terminé notre voyage en Égypte avec Louxor, l’étape la plus spectaculaire ! Même si nos attentes étaient grandes, ses monuments nous ont complètement scotchés. Le succès de la ville auprès des touristes se comprend aisément. La foule ne nous a pas dérangés tant que cela hors à de rares moments (merci le vélo dans la vallée des rois qui ajoute au sentiment d’une expérience unique !) et les bords du Nil ont leur petit charme pour les visiteurs qui aiment prendre leur temps.
Conseils pratiques pour visiter Louxor
Arriver à Louxor depuis Assouan
Nous sommes venus en 3h de train depuis Assouan, en choisissant un wagon AC3 (3ème classe avec air conditionné). C’est correct, même si un peu sale, et non fumeur. Nous avons réservé nos billets à la gare en arrivant à Assouan, au guichet spécial étrangers. Le tarif est de 15 US$ par personne. Essayez de réserver quelques jours à l’avance pour avoir des places.
Il est aussi possible de réserver en ligne sur 12Go.comi, mais nous ne recommandons pas vraiment. Les tarifs sont élevés (~40€ la 2ème classe) et les billets électroniques n’existent pas sur cette ligne, il faut donner rendez-vous physiquement à un employé pour obtenir la version papier.
Il existe aussi des bus, qui reviennent moins chers pour les étrangers, ou des croisières de trois jours pour les amateurs.
Arriver à Louxor depuis Le Caire
Si vous arrivez du nord de l’Égypte, nous conseillons le train de nuit de la compagnie Abela, le même que nous avons emprunté jusqu’à Assouan. Comptez 90$ par personne depuis Le Caire, réservable en ligne sur abelatrains.com.
Dormir à Louxor
Nous avons d’abord pensé couper notre séjour en deux : rive ouest, puis rive est. Finalement, nous nous sommes sentis trop bien sur la rive ouest pour déménager. Elle est calme et agréable, avec un choix de guesthouses et d’hôtels confidentiels et plusieurs petits restaurants. Il n’y a pas le charme de la petite île Éléphantine d’Assouan, mais tout ce qu’il faut pour se sentir bien. En comparaison, la rive est de Louxor est bruyante, embouteillée et jonchée d’énormes hôtels, plus adaptés aux grands groupes de touristes.
Nous avons d’abord posé nos sacs chez Moon House (~25€)i, une adresse confortable (neuve, propre, bons matelas, eau chaude, wifi), au bon petit déjeuner copieux dans le jardin (miam le jus de goyave !) et située proche du Nil. Juste un bémol pour l’accueil un peu étrange, trop présent et sans sourire. Cela dit, le rapport qualité/prix est excellent.
Nous avons passé les nuits suivantes chez Villa Kaslan (~45€)i, une adresse idyllique. Quel accueil, quel jardin, quelle chambre, quelle vue, quel confort ! C’est plus loin de la rive, presque dans la campagne, mais les gérants appellent un tuktuk qui déboule rapidement et mène à la berge du Nil pour environ 1€50. Bref, un coup de cœur. Et il y a même une petite piscine !
Se déplacer à Louxor
Pour les courts trajets, nous avons principalement marché et pris des bateaux. L’embarcadère/débarcadère du ferry public sur la rive est a hélas déménagé, il se trouve maintenant devant le musée de Louxor plutôt que le temple de Louxor qui était central. Mais les petits bateaux colorés ne sont pas très chers (à négocier) et se feront un plaisir de vous transborder là où vous le souhaitez : temple d’Assouan, complexe de Karnak, tout est possible.
Des tuktuks complètent facilement les déplacements, ainsi que le système de mini-vans collectifs le long de la route principale de la rive est. Leur destination est indiquée par la couleur de la bande latérale, bleue pour le temple de Karnak par exemple.
Enfin, pour explorer la vallée des rois, nous avons loué des vélos (voir plus bas). Pour ceux qui préfèrent un taxi, comptez 20-25€ la demi-journée et vérifiez qu’il est climatisé les jours de grand chaud.
Explorer la vallée des rois à vélo
Nous avons pris tout notre temps en deux jours, mais vous pouvez concentrer les visites sur une journée en zappant le temple d’Hatchepsout et en vérifiant le niveau de canicule, car il n’y a pas d’ombre. En novembre, nous avons eu beaucoup de chance avec une vague de fraîcheur à 24°C, alors qu’il faisait encore 35° les jours précédents ! Partir le plus tôt possible est une excellente idée.
Le premier jour, nous avons loué les vélos la veille au soir chez Mohammed Setouhy, sur la rive ouest. Comptez environ 10 US$ pour deux vélos en excellent état, paiement en devises étrangères apprécié. La route est bitumée quasi 90% du temps, des vélos tout chemin suffisent.
Tôt le matin, aucun problème de sécurité car la route est large, le trafic est faible et les véhicules ne frôlent pas. Sur le chemin du retour l’après-midi, c’est un peu plus anarchique et il faut se plier au code de la route local. Tout peut se faire à l’oreille, les gens klaxonnent avant de doubler. Le principal problème, ce sont les mini-vans publics qui enchaînent les arrêts et repartent sans regarder. Bonne nouvelle en revanche pour les chiens errants, qui ne réagissent pas du tout sur le passage des cyclistes.
Le deuxième jour, nous avions changé d’hôtel entre-temps. Ils nous ont fait livrer des bécanes sur place la veille au soir pour un peu plus cher, 15 US$ les deux vélos.
Manger à Louxor
Voici quelques adresses qui nous ont plu :
- Wannas est notre préférée, sur la rive ouest, un bon resto végétarien à l’ambiance relax, assorti d’une petite galerie d’art. Nous recommandons par-dessus tout la moussaka (à l’égyptienne, pas à la grecque).
- Thebes installe sa petite terrasse au bord du Nil, toujours sur la rive ouest. La nourriture est très bonne, les choix sont variés et bons, le serveur très sympa. Nous aimons notamment leur koshari et ils proposent de la bière, si vous êtes en manque. De notre côté, nous préférons leurs jus de mangue !
- Entre le restaurant précédent (Thebes) et l’embarcadère, visez le petit café Arabesque qui installe juste quatre chaises dehors, avec vue sur le Nil. Il propose un excellent café turc, doux et savoureux, tout en papotant gentiment.
- Sur la rive est, le café Aboudi Coffee Break n’a pas de charme particulier, mais peut offrir une pause goûter climatisée par temps de canicule, avec vue sur le temple de Louxor.
Toujours ravie de lire vos récits ponctués d’une pointe d’humour et d’admirer les sublimes photos et dessins. Merci de partager vos voyages, de nous faire rêver et découvrir ces lieux pas toujours facile d’accès pour la plupart d’entre nous.Merci encore pour vos conseils avisés pour un éventuel séjour. Cela donne envie.
Merci Eliane, nous recevons avec grand plaisir cette pluie de compliments et te souhaitons à toi aussi de beaux voyages, où qu’ils soient !
beau séjour, c’est vrai que lon en prend pleins les yeux.
Au plaisir de vous suivre. En ce qui nous concerne nous sommes embourbés administrativement parlant. Il nous tarde de reprendre la route
Hello Jean-Marc, merci pour le petit mot.
Mince pour vous, on espère que le camion reprendra vite du service !
Et voilà le voyage égyptien terminé ! Quel plaisir de vous avoir lu, et d’avoir voyagé dans mes propres souvenirs à travers vos photos et vos écrits. Cela donne envie, encore et encore !
Merci ! C’est gentil ! Nous-mêmes, on a refait le voyage une deuxième fois en écrivant les articles 🙂