Le Cotentin, pour caricaturer, est cette espèce de protubérance normande qui rend la France beaucoup moins hexagonale qu’on ne le prétend. Mais nous avons appris en la visitant quelque chose qui rebat les cartes géographiques : le Cotentin était autrefois une île, séparée du continent par des marécages. Les Normands les asséchèrent vers le XVIIᵉ siècle, façonnèrent des digues et, en conséquence, transformèrent l’hexagone en… heptagone ?
De notre côté, nous connaissions bien la Haute-Normandie, mais beaucoup moins la Basse. Par un beau week-end d’octobre, nous avons donc décidé de rattraper cette anomalie avec trois jours d’escapade dans le département de la Manche, sur cette fameuse pointe du Cotentin.
Nous allons vous présenter nos découvertes de Portbail à Saint-Vaast-la-Hougue, en passant par le Nez de Jobourg, Barfleur et bien d’autres :
- Saint-Sauveur-le-Vicomte et son château
- Portbail et son pont à treize arches
- Le Nez de Jobourg sur le Cap de la Hague
- Le phare de Goury ou phare de la Hague
- Port Racine
- De Quervière à Omonville-la-Rogue
- La digue de Querqueville près de Cherbourg
- L’anse du Brick
- Le Cap Lévi
- Le phare de Gatteville
- Le joli village gris de Barfleur
- Montfarville et La Pernelle
- Saint-Vaast-la-Hougue et l’île de Tatihou
- Conseils pratiques pour visiter la presqu’île du Cotentin et le cap de la Hague
Saint-Sauveur-le-Vicomte et son château
Après avoir dépassé Isigny (réputé pour produire la crème de la crème fraîche), nous démarrons notre tour de la péninsule du Cotentin par une rapide pause à Saint-Sauveur-le-Vicomte. Et plus particulièrement à son château, posé au centre du village tel un souvenir des relations électriques entre Normands et Britanniques.
Son look est clairement moyenâgeux, avec de respectables donjons toujours debout (et l’entrée est gratuite).
Une pomme par jour éloigne le médecin… pourvu que l’on vise bien. (Winston Churchill)
Portbail et son pont à treize arches
Nos pérégrinations côtières commencent par l’ouest et le petit village de Portbail. Comme son nom le laisse penser, il s’agit bien d’un port. Sauf que (surprise !) il est situé à l’intérieur des terres, à deux kilomètres de la mer. Les Portbaillais sont obligés d’attendre les marées s’ils veulent que l’eau chatouille leurs maisons.
Un long pont à treize arches traverse la lagune vaseuse et offre du recul. Parfait pour admirer l’église trapue, probablement conçue par un fan de château fort.
En suivant des yeux les bateaux échoués par manque d’eau, nous échouons nous-mêmes sur une plage « à la normande ». C’est-à-dire le genre de plage où il faut marcher cinq minutes entre sa serviette et la première vague. Mais en octobre, c’est la cadette de nos tracasseries.
Vers la droite, nous apercevons Barneville, dont la plage est réputée. Nous pensions avoir le temps d’y faire quelques pâtés de sable, mais nos montres en ont voulu autrement. Vous nous raconterez !
Le beau Nez de Jobourg sur le Cap de la Hague
Nous mettons ensuite le cap sur le Cap de la Hague, c’est-à-dire la pointe nord-ouest du Cotentin, restée très sauvage.
La Hague, ce nom vous dit quelque chose ? Eh oui, la fameuse usine de retraitement des résidus radioactifs. Est-ce qu’elle s’est installée dans le coin parce qu’il était vide de monde ? Ou est-ce qu’à l’inverse le coin est désert car plus personne ne veut s’y installer ?
Toujours est-il que le complexe ne se remarque pas du tout en promenade, caché derrière les collines. Seule la centrale de Flamanville, dix kilomètres plus au sud, montre ses atomes depuis certains points de vue.
Nous nous élançons dans une randonnée de dix kilomètres en suivant ce circuit. Il permet de profiter au maximum du Nez de Jobourg, mais aussi du front, du menton, des oreilles… et tout le reste du visage.
Dès la ligne de départ, nous sommes ravis. Nous surplombons les flots entre les fougères, les ajoncs et les multiples autres promeneurs, puisque cette section est populaire.
La suite du sentier est beaucoup plus calme. Elle remonte dans les terres et traverse un charmant bout de campagne, avant de retrouver la côte pour quelques waouh de plus.
Cette dernière partie est aussi spectaculaire que la première, avec vue sur la baie d’Elcagrain et l’anse du Cul Rond (ne nous demandez pas pourquoi ce nom).
Pour le coucher de soleil, nous tirons un pique-nique de nos poches et le dégustons au Nez (et à la barbe) de Jobourg.
Le phare de Goury ou phare de la Hague
En poursuivant dans le sens des aiguilles d’une horloge normande, nous atteignons le paisible village de Goury. Une poignée de maisons s’accrochent ici face au vent, ainsi qu’un mini port. Enfin, à quelques tires-d’aile de goéland, trône un élégant phare sur son îlot.
Port Racine
Sur notre chemin surgit ensuite Port Racine, l’un des plus petits ports de France, voire le plus petit. Un corsaire nommé Racine le fît maçonner, afin de pouvoir garer son grand navire à deux pas de sa maison.
De minis bateaux l’ont remplacé, noués à des cordes suspendues qui confèrent au lieu des allures de boulier géant.
En nous pointant à marée basse, nous ne l’admirons hélas pas sous son plus beau jour.
Juste à côté, une plage attend désespérément les baigneurs. À l’automne, ce n’est pas gagn… oh attendez ! Deux petits Anglais foncent à l’eau.
De Quervière à Omonville-la-Rogue
Un peu plus loin, c’est une mini randonnée qui nous fait de l’œil : le sentier des « Falaises du mur blanc ».
Il s’agit d’un morceau du sentier des douaniers, qui part du parking de la baie de Quervière et gagne Omonville-la-Rogue. Comptez une heure l’aller-retour.
Le sentier est tout calme et le village d’Omonville nous plaît bien avec ses quelques maisons, ses bateaux qui vont et viennent, ses hortensias et son petit bar. Nous avons même droit à deux-trois notes de cornemuse, apportées par les alizés.
La digue de Querqueville près de Cherbourg
Durant des siècles, la pire crainte des Cherbourgeois était les Anglois, venus d’en face. Alors pour s’en défendre, ils fortifièrent… la mer.
En fin de journée, nous flânons sur la digue de Querqueville, en accès libre malgré son statut militaire. Un lieu qui plaît aux pêcheurs.
Nous sommes fascinés par le soleil qui se couche et embrase le ciel.
L’anse du Brick
Nous passons maintenant de l’autre côté du Cotentin, appelé Val de Saire, à l’est de Cherbourg.
La journée démarre par un rapide coup d’œil au belvédère de l’anse du Brick. Cinq minutes de grimpette depuis le parking permettent d’admirer la côte d’un poil plus haut. Nous y croisons pour la énième fois le sentier GR 223, qui nous fait décidément très envie. Une prochaine fois !
Le Cap Lévi
Il est temps de franchir un nouveau cap, le Cap Lévi, qui commence par un joli petit port, puis un moyen fort et enfin un grand phare. Nous vous recommandons fort de faire la jolie balade en bord de mer du fort au phare, puis du phare au fort. Ou en sens inverse, du phare au fort puis du fort au phare.
Le phare de Gatteville
À Gatteville, les Normands ont à nouveau bâti un phare (décidément, c’est leur fort), l’occasion d’une nouvelle balade.
Le joli village gris de Barfleur
Barfleur n’a pas volé son label « plus beau village de France ». Il étale autour d’un port ses maisonnettes de granit, garnies de fleurs et de mignonnitude.
Lors de notre passage, la marée est si basse que les bateaux reposent simplement au fond du port. Prendre la mer à toute heure est compliqué dans ce coin de France !
Parmi les bateaux posés là, une dizaine de chalutiers chahutent. Si vous vous approchez, vous remarquerez des sapins asséchés accrochés sur leurs ponts. C’est la tradition, au prochain Noël une nouvelle fournée les remplacera.
Montfarville et La Pernelle
À Montfarville, c’est l’église qui nous attire. Son plafond est surprenamment bien décoré, pour une église de cette taille, grâce à la motivation du peintre Guillaume Fouace.
À quelques encablures, pour les amateurs, le belvédère de La Pernelle offre un panorama sur ce coin du Cotentin… somme toute assez raplapla, ne nous mentons pas.
Saint-Vaast-la-Hougue et l’île de Tatihou
Les vents nous mènent ensuite à Saint-Vaast-la-Hougue, un village plus épais que les autres. En tout cas son port est très vaaste.
Notre objectif principal se trouve en face : l’île de Tatihou. Il est possible de s’y rendre à pied (à marée basse, avec trempage d’orteils par endroit), mais c’est à bord d’un… euh… bateau saugrenu que nous nous y rendons.
Doté de roues, il vogue à marée haute et roule à marée basse.
Une fois sur l’île, nous partons pédestrement à l’aventure. Rassurez-vous, Tatihou n’est pas bien grande, tout peut se parcourir à pied en une heure trente, ou maximum le double en prenant son temps.
L’élément le plus visible est un fort, qui a survécu à plusieurs guerres et connu diverses extensions. Les Allemands sont par exemple venus l’agrémenter de quelques bunkers.
Du haut de la tour, un couple d’ornithologues amateurs nous montrent dans leur lunette une famille de petits pingouins qui s’ébattent dans l’océan. Sapristi, il y a donc des pingouins en Normandie (même s’ils sont vraiment petits) !
L’île possède aussi un grand jardin d’acclimatation, abrité du vent derrière un mur, où nos ancêtres explorateurs-botanistes stockaient toutes sortes d’essences lointaines pour tenter de leur donner goût au climat européen. Et par on ne sait quelle sorcellerie, elles sont nombreuses à apprécier les températures de Tahiti… euh… Tatihou.
Enfin, prévoyez du temps pour passer une tête dans le Musée Maritime de Tatihou. Nous nous attendions à y respirer de la poussière, que nenni, il s’avère intéressant et bien conçu.
Une fois de retour sur le continent, nous repartons à pied sur une étroite péninsule qui héberge à son extrémité la Tour Vauban de la Hougue.
Et nous souhaitons à tout le monde d’avoir d’aussi belles lumières que nous !
Un pique-nique doré plus tard, nous rentrons à la lueur de la lune, qui se reflète en mille fragments sur les flots.
Ravenoville, notre toute dernière étape
Sur le chemin du retour vers Caen, nous bifurquons rapidement vers la plage de Ravenoville. Sa particularité est un alignement de petites maisonnettes colorées face à la mer.
Le lieu est d’un grand calme en octobre. « On doit être hors saison », comme dirait Francis.
Conseils pratiques pour visiter la presqu’île du Cotentin et le cap de la Hague
Où dormir ?
Plutôt que d’enchaîner des logements, nous avons choisi une base centrale, tout près de Cherbourg. C’est ici que le choix est le plus vaste et que le rapport qualité/prix nous semble le meilleur. Voir les offres à Cherbourg et autour sur Bookingi. Mais si vous préférez, vous pouvez aussi choisir deux points de chute distincts : l’un à l’ouest du Cotentin (vers Portbail ou Barnevillei), puis un autre au nord-est (Barfleur ou Saint-Vaast-la-Houguei). Comptez environ une heure de route entre les deux. PS : ne cherchez pas à loger vers le Cap de la Hague, il n’y a presque rien.
Où manger ?
Pour profiter au maximum du soleil et des paysages, nous avons beaucoup pique-niqué. Surtout que la région propose des bancs à foison, avec vue sur la mer. Nous avons complété avec ces adresses que nous recommandons :
- La crêperie Le Ty-Billic à Cherbourg (réservation nécessaire).
- Le Comptoir Libanais à Cherbourg (avec par exemple une excellente assiette de mezzés végétariens).
- La crêperie La Bohème à Barfleur (parce qu’il n’y a jamais trop de crêperies)
Que voir d’autre dans le Cotentin ?
Nous n’avions que trois jours sur place, qui ont filé en un clin d’œil. Mais il y a largement de quoi passer une semaine dans la région. Méfiez-vous des trajets en voiture un peu longs, malgré des distances courtes à vol d’oiseau.
Avec plus de temps, nous aurions vagabondé autour de Barneville, flâné sur les dunes de Biville et pris davantage de temps pour visiter Cherbourg.
Sportivement parlant, les nombreux cyclistes que nous avons croisés sur de belles pistes nous ont aussi donné envie de pédaler dans le coin. Et les balises du GR 223 de sortir les chaussures de marche. Ce long sentier part de l’Anse du Brick et prend fin à Barneville (7 jours, 121km).
Qu’elles sont belles ces escapades normandes ! J’ai juste passé une journée à Cherbourg ce printemps,ça donne envie d’en voir plus dans les environs.
Ah oui, n’hésite pas à revenir, il y a de quoi faire de belles balades !
Où est-ce que tu te promènes toi cette année ?
Le nomadisme continue mais moins loin. J’ai passé le début d’année en Bavière et à Prague mais depuis mai je suis en France (Rouen, Bordeaux, gros coup de coeur pour Limoges et le Limousin !). À présent à Paris jusqu’à décembre (ça fait du bien aussi) avant de m’autoriser une escapade italienne à Gênes pour la fin d’année. D’ailleurs, je commencerai la prochaine avec Marseille !
Tiens sympa, ça donne envie de découvrir Limoges ! Super pour Gênes, c’est notre prochain article, on replonge dans la nostalgie en ce moment. Et Marseille excellente idée 😀 Fais-nous signe !
Joli reportage, comme d’habitude, qui me rappelle ma rando dans le Corentin, sauf la partie orientale que je découvre ici grâce à vous (Saint-Vaast-la-H, Tatihou). Dans la région, je vous conseille la traversée (accompagnée d’un guide) de la baie du Mont-Saint-Michel.
On a visité le Mont-Saint-Michel cet été, mais les traversées de la baie étaient déjà toutes complètes, dommage ! On espère faire ça un jour. Et merci 🙂
Oh ce coucher de soleil (Querqueville) ! Dites donc même quand on a visité les lieux avant de lire l’article, ben ca nous donne quand même envie d’y retourner. Parce que clairement notre journée de Cherbourg au Mont Saint Michel était trop courte pour bien profiter. Bisous !
C’était le premier soir en plus, ça nous en a mis plein la vue ! Et oui, vous pourrez faire plein de petits détours la prochaine fois !
Je découvre votre blog et j’adore ! Le ton, les photos, l’humour et la poésie… Je reviendrai vite
Merci et bienvenue par ici !
Super votre blog sur la presqu’île du Cotentin. Nous avons suivi toutes vos étapes et tous vos conseils. Merci infiniment de nous avons préparé ce petit séjour dans ce joli coin de France. On va sans doute suivre d’autres de vos conseils pour d’autres escapades.
Merci pour ce message, on est bien contents de savoir que l’article vous est utile !